>>Boeing disparu en Indonésie : la deuxième boîte noire retrouvée
>>Aux États-Unis, les compagnies aériennes en piste pour un redécollage
Dave Calhoun, le directeur général de Boeing. |
L'avionneur américain a annoncé mardi avoir relevé l'âge limite de la retraite de 65 ans à 70 ans pour permettre à M. Calhoun, âgé de 64 ans, de continuer à exercer ses fonctions.
S'il peut désormais théoriquement diriger l'entreprise jusqu'en avril 2028, cela ne signifie pas que son contrat s'étendra jusque-là, a précisé Boeing.
Le directeur financier de l'entreprise depuis 2011, Greg Smith, parfois considéré comme un successeur potentiel, prévoit pour sa part de quitter l'entreprise en juillet.
Membre du conseil d'administration de l'avionneur depuis 2009, M. Calhoun a pris ses fonctions de directeur général en janvier 2020, quelques semaines après le limogeage de son prédécesseur, Dennis Muilenburg. Il était reproché à ce dernier une gestion calamiteuse de la crise du 737 MAX après deux accidents rapprochés ayant fait 346 morts.
- "Période difficile et complexe" - M. Calhoun a alors hérité d'une situation compliquée, entre des relations tendues avec les compagnies aériennes et un lien rompu avec les autorités de l'aviation.
Peu après son arrivée, il a aussi dû gérer les effets dévastateurs de la pandémie de COVID-19 sur le secteur aérien.
Le groupe a supprimé des milliers d'emplois et nettement diminué les cadences de production. Entre les déboires du 737 MAX et la chute des commandes des compagnies, Boeing a perdu 11,9 milliards de dollars en 2020.
"Sous la direction solide de Dave, Boeing a traversé avec efficacité l'une des périodes les plus difficiles et les plus complexes de sa longue histoire", a commenté le président du conseil d'administration, Larry Kellner.
Le 737 MAX a été autorisé à voler à nouveau en novembre aux États-Unis, puis dans la plupart des régions du monde. Les commandes ont depuis repris.
"Compte tenu des progrès substantiels réalisés par Boeing sous la direction de Dave, ainsi que de la continuité nécessaire pour prospérer dans notre industrie à cycle long, le conseil a déterminé qu'il était dans l'intérêt de l'entreprise et de ses parties prenantes d'apporter au conseil et à Dave la flexibilité de continuer dans son rôle au-delà de l'âge normal de la retraite fixé par l'entreprise", a justifié M. Kellner.
M. Smith, qui avait temporairement tenu le rôle de directeur général entre les mandats de MM. Muilenburg et Calhoun, a de son côté estimé que le moment était venu pour lui "de commencer un nouveau chapitre en dehors de Boeing".
Pas de dividende
Ces annonces ont été faites juste avant l'assemblée générale annuelle des actionnaires de l'entreprise. Ces derniers ont approuvé les personnes proposées par la direction pour constituer le conseil d'administration.
Boeing a fait face à d'autres problèmes depuis l'arrivée de M. Calhoun, dont la découverte de défauts de fabrication sur les 787 Dreamliner ayant entraîné la suspension des livraisons pendant plusieurs mois et d'un "problème électrique potentiel" sur les 737 MAX ayant conduit le groupe à demander à une partie de ses clients de ne plus utiliser l'appareil.
M. Calhoun a indiqué mardi 20 avril qu'il ne pouvait pas donner de date spécifique sur le retour en service de ces appareils, mais qu'une fois que l'agence américaine de l'aviation aura validé le remède proposé, ce dernier pourra être mis en oeuvre "en quelques jours".
Il a aussi précisé que Boeing espérait dégager à nouveau des flux de trésorerie positifs "à court ou moyen terme".
Une fois que le groupe aura accès à des liquidités, il les utilisera pour effectuer des investissements et réduire sa lourde dette, a souligné M. Calhoun.
Ensuite seulement, Boeing, qui a perdu du terrain face à Airbus, recommencera à verser des dividendes.
"Je ne peux pas vous donner de date", a averti le directeur général, en soulignant qu'il faudra d'abord que le marché de l'aviation commerciale se remette d'aplomb.
L'action a perdu 4,1% à Wall Street mardi 20 avril.
Pour l'analyste de Morningstar, Burkett Huey, la direction de Boeing doit maintenant s'atteler à "alimenter le carnet de commandes" pour accélérer les cadences de production du 737 MAX, s'assurer que le transfert de toute la production du 787 en Caroline du Sud se passe bien, "trouver un produit qui puisse concurrencer l'A321neo XLR", le nouveau monocouloir d'Airbus pouvant effectuer des longues distances, et réduire sa dette.
AFP/VNA/CVN