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Jeff Bezos a tendu la main au gouvernement malgré des tensions et divergences de fond. |
"Nous avons besoin d'une meilleure vision pour la réussite de nos employés", a déclaré Jeff Bezos dans sa dernière lettre annuelle aux actionnaires, après l'échec d'une tentative de syndicalisation dans un entrepôt de son groupe, le tentaculaire Amazon.
L'homme le plus riche au monde selon Forbes, fondateur du deuxième plus important employeur privé aux États-Unis, a fait cette concession quelques jours après qu'une majorité d'employés d'un site logistique dans l'Alabama a voté contre la création d'un syndicat, qui aurait été une première pour Amazon aux États-Unis.
Le mouvement a été soutenu par des personnalités des plus hautes sphères, y compris Joe Biden, et a suscité des échanges tendus. Amazon n'a pas mâché ses mots sur Twitter contre les élus qui attaquaient le groupe sur les conditions de travail dans ses entrepôts.
Mais le patron s'est voulu beau joueur : "Est-ce que le président de votre conseil d'administration se sent réconforté par le récent résultat du vote sur un syndicat à Bessemer (dans l'Alabama) ? Non. Je pense que nous devons faire mieux pour nos employés", a-t-il écrit.
Il avait déjà montré patte blanche il y a une semaine, en annonçant soutenir la hausse de l'impôt sur les sociétés voulue par Joe Biden pour financer son plan d'investissements de quelque 2.000 milliards d'USD dans les infrastructures.
"Vivent les impôts"
Un soutien d'autant plus inattendu que le président venait de distinguer Amazon comme l'un des mauvais payeurs emblématiques, ces "plus grandes entreprises du monde", qui "utilisent diverses astuces juridiques et ne payent pas un seul centime d'impôt fédéral sur les bénéfices".
Jeff Bezos a été rejoint jeudi 15 avril par une nouvelle association professionnelle, baptisée Chamber of Progress et financée notamment par son groupe, Facebook et Google.
"Aucun dirigeant ne désire augmenter la facture fiscale de son entreprise mais l'industrie de la tech et les États-Unis en général réalisent qu'il y un besoin d'investissements conséquents" pour rester compétitifs, a déclaré Adam Kovacevich, le fondateur de cette organisation, dans un billet sur le site Medium.
L'organisation Business Roundtable, qui réunit les plus grandes entreprises du pays, a quant à elle indiqué s'opposer "avec force" au voeu du président. Mais Chamber of progress rappelle que les impôts sur les sociétés "sont tombés à leur plus bas depuis la Seconde Guerre mondiale" : "Même une hausse de 7% laisserait le taux américain en-dessous de ce qu'il a été pendant des décennies".
Ces marques de bonne volonté ne sont pas désintéressées : au-delà du besoin de routes en meilleur état et de réseaux de communication plus rapides, la tech s'inquiète des velléités de taxe sur les plateformes numériques.
"Les pays européens ciblent les boîtes technologiques américaines avec des +taxes numériques+ discriminatoires", s'indigne Adam Kovacevich, "alors que les Etats-Unis ne prélèvent aucun impôt discriminant sur les BMW allemandes vendues aux consommateurs américains, par exemple". Son organisation applaudit donc la proposition d'un taux d'imposition minimum sur les sociétés à l'échelle mondiale, mise sur la table par le Trésor américain.
AFP/VNA/CVN