La cinquième reine des Belges sera ensuite inhumée au côté du roi Baudouin, son époux, mort en 1993, auprès duquel elle avait régné pendant 33 ans et auquel elle reste étroitement associée. Un deuil national d'une semaine a été décrété du samedi 6 au vendredi 12 décembre. Les drapeaux ont été mis en berne sur les bâtiments publics.
La reine Fabiola de Belgique lors du mariage du prince Felipe de Bourbon, le 22 mai à Madrid. Photo : AFP/VNA/CVN
Des anonymes se succèdent devant les grilles du palais royal, dans le centre de Bruxelles, pour déposer des fleurs ou des bougies. "À Son Altesse Royale la Reine Fabiola, plus qu'une Reine, une grande Dame", a écrit un admirateur. "À la reine des Belges la plus drôle", dit un autre sur un ours en peluche habillé aux couleurs de la Belgique, noir, jaune et rouge.
Des scènes identiques ont lieu au château du Stuyvenberg, où Fabiola s'est éteinte. "C'était quelqu'un de marquant, elle avait des étoiles dans les yeux", confie un homme d'une quarantaine d'années, en référence à la spontanéité de Fabiola.
Sa dépouille mortelle sera conduite mardi 9 décembre au palais royal, où les Belges pourront venir se recueillir mercredi et jeudi les 10 et 11 décembre. De nombreuses têtes couronnées européennes devraient y assister. "Ce sera une cérémonie plutôt joyeuse", a déclaré le porte-parole des évêques de Belgique, Tommy Scholtès, en rappelant sa passion pour la musique.
"1928-2014", titrait sobrement samedi 6 décembre le quotidien La Libre Belgique sous une photo en noir et blanc de Fabiola jeune, lors du mariage de la jeune aristocrate espagnole avec le roi Baudouin en 1960. Elle n'avait pas encore adopté cette coiffure bouffante en forme de cloche défiant la gravité.
L'ère Baudouin s'éteint
"La Belgique perd une grande Reine, une Reine d'amour, une Reine blanche, une Reine de coeur", écrivait le quotidien francophone.
Fabiola a décidé de léguer tout son patrimoine privé à l'association "oeuvres de la reine", créée lors de son mariage et qui aide les plus défavorisés, selon le journal Le Soir.
Début 2013, l'image de l'ancienne reine et de la monarchie avait été écornée lorsque la presse avait révélé que Fabiola avait créé une fondation visant à aider ses neveux et nièces, ainsi que des oeuvres religieuses, mais destinée selon ses détracteurs à éviter les droits de succession. Elle avait dû se résoudre à la dissoudre.
Après les condoléance des familles royales espagnole et néerlandaise dès vendredi 5 décembre, le président français, François Hollande, a salué samedi 6 décembre "une grande dame de coeur qui, aux côtés de son époux le roi Baudouin, n'aura eu de cesse de se consacrer aux plus faibles et aux plus démunis".
Le pape François a adressé ses condoléances, selon le site web de l'Église catholique flamande, Kerknet. "Je prie avec ferveur le Seigneur pour qu'il accueille sa fidèle servante dans son royaume de lumière et de paix, et pour qu'il assure à tous ceux que touche sa mort le réconfort de l'espérance", écrit le pape. Très catholique, Fabiola avait choisi le blanc pour les obsèques de Baudouin, une image qui avait frappé le monde entier.
g"La reine passion", a titré Le Soir, avec une photo du couple souriant, resté très soudé tout au long de leur union. "Avec le décès de Fabiola, c'est l'ère Baudouin qui s'éteint", souligne le quotidien, un règne marqué par la transformation de la Belgique d'un État unitaire en un pays fédéral. Elle "avait contribué par son mariage à la consolidation inespérée de notre pays déchiré et à la maturité d'un monarque timide, triste et très seul", estime aussi Le Soir.