Au lendemain d'une historique et exaltante prestation de serment dans laquelle beaucoup ont vu la promesse d'une rupture avec les politiques de son prédécesseur George W. Bush, M. Obama, s'est colleté sans tarder avec les réalités.
M. Obama n'aura en fait même pas attendu sa première journée complète de président pour annoncer une première décision au retentissement international : il a demandé mardi la suspension des procédures devant les tribunaux d'exception de Guantanamo pendant 120 jours pour laisser le temps à son administration de trancher sur l'avenir de ces procédures, approuvées par M. Bush et qui suscitent une vaste réprobation.
Et dès le 22 janvier, il devait signer le décret présidentiel ordonnant la fermeture de la prison, symbole des excès de l'administration Bush dans la "lutte contre le terrorisme", selon une source de la Maison Blanche.
Autre dossier qu'Obama entend mené tambour battant : faire rentrer en 16 mois les troupes de combat déployées en Irak.
Obama a également appelé dans la matinée les dirigeants du Proche-Orient pour s'engager auprès d'eux "à oeuvrer activement à la paix israélo-arabe dès le début de son mandat", selon son porte-parole Robert Gibbs. Selon les Palestiniens, le président Mahmoud Abbas aurait été le premier dirigeant étranger qu'aurait appelé M. Obama.
Un de ses premiers actes a aussi été de proposer au sénateur à la retraite George Mitchell, artisan de la paix en Irlande du Nord, de devenir son émissaire pour le Proche-Orient.
Face à la crise économique
Cette journée a été pour M. Obama l'occasion de signer ses premiers décrets présidentiels, dont l'un gelant les salaires de ses plus hauts collaborateurs gagnant au moins 100.000 dollars par an. "En cette période de difficultés économiques, les familles américaines sont obligées de se serrer la ceinture, et c'est aussi ce que Washington devrait faire", a dit M. Obama.
Il a aussi énoncé des règles d'éthique auxquelles les membres de son administration devront se plier, comme celle de n'accepter aucun cadeau de la part des puissants lobbyistes agissant au nom de groupes d'intérêt. Mais, avec les annonces quotidiennes de fermeture d'entreprise et de licenciements, c'est la crise économique qui figure en tête des préoccupations des Américains et c'est aussi la toute première priorité déclarée par M. Obama.
Vingt-quatre heures après avoir appelé ses compatriotes à se "relever" et à "reprendre la tâche de la refondation de l'Amérique", M. Obama devait réunir ses conseillers économiques pour discuter du vaste plan de relance de l'économie américaine, qui pourrait se chiffrer à 825 milliards de dollars, en dépenses dans des travaux publics ou en déductions fiscales.
La journée aura également été marquée par une décision extraordinaire du nouveau président, qui a prêté serment une deuxième fois après un cafouillage la veille lors de la cérémonie d'investiture.
M. Obama avait été induit en erreur par le président de la Cour suprême John Roberts qui avait récité dans Selon la Maison Blanche, le rituel s'est cette fois déroulé sans accroc, et en comité plus restreint, dans la Salle des cartes de la résidence présidentielle.
La Maison Blanche pense néanmoins que la prestation de serment de mardi était valable, a indiqué son responsable pour les affaires juridiques, Greg Craig.
Malgré un programme chargé, M. Obama aura quand même pris environ 2 heures pour sacrifier à la tradition ancienne d'un service religieux dans le cadre majestueux de la cathédrale de Washington au lendemain de l'investiture, et 10 minutes pour rester seul dans le Bureau ovale mercredi matin.
C'est à cet instant-là, selon M. Bush, que M. Obama devait sentir s'abattre sur ses épaules l'immensité de sa charge. M. Obama a lu le petit mot que lui a laissé M. Bush dans le tiroir de son bureau. Il était libellé "à l'attention de : 44, de la part de : 43", a dit M. Gibbs sans révéler la teneur du message. M. Bush était le 43e président des États-Unis. M. Obama en est le 44e.
AFP/VNA/CVN