Barack Obama ordonne une nouvelle stratégie en Afghanistan

Barack Obama a ordonné l'application de sa nouvelle stratégie en Afghanistan sans attendre de dévoiler le 1er décembre la décision la plus risquée de sa présidence : l'envoi probable de dizaines de milliers de soldats américains dans une guerre meurtrière.

Dès le 29 novembre, M. Obama "a communiqué sa décision finale dans le Bureau ovale en ce qui concerne la stratégie et a donné ses ordres pour ce qui est de la mise en oeuvre de la stratégie", a dit son porte-parole, Robert Gibbs.

Les 30 novembre et 1er décembre, il passait une bonne part de son temps en vidéo-conférence ou au téléphone avec ses partenaires étrangers, jusqu'au grand discours d'hier soir (le matin du 2 décembre, heure Hanoi), à West Point.

Le Premier ministre britannique Gordon Brown et le président américain Barack Obama se sont félicités des progrès réalisés "dans le partage du fardeau" en Afghanistan, au cours d'une visioconférence le soir du 30 novembre, a annoncé Downing Street.

MM. Brown et Obama ont "souligné l'importance de combiner les stratégies militaire et politique en Afghanistan, et "de la poursuite des actions" du Pakistan dont l'armée est engagée dans une offensive contre les talibans.

M. Brown a confirmé l'envoi début décembre de 500 soldats supplémentaires en Afghanistan, ce qui portera le contingent britannique à plus de 10.000 hommes.

Devant les élèves de la plus prestigieuse école militaire américaine, le président Obama annonce publiquement à 20h00 (aujourd'hui 01h00 GMT) qu'il a fait le choix dangereux de l'escalade.

Il pourrait annoncer l'envoi d'environ 30.000 soldats supplémentaires, appeler les alliés des États-Unis à envoyer eux aussi des renforts. Et il devrait expliquer à des Américains de plus en plus hostiles à cette guerre comment il s'y prendra pour que le déploiement ne tourne pas à l'enlisement.

Il y avait environ 35.000 soldats américains en Afghanistan quand M. Obama a pris ses fonctions. Ils sont aujourd'hui environ 68.000 après une première augmentation des effectifs en février. Il s'agit peut-être de la décision la plus difficile de sa présidence. M. Obama a hérité du conflit, mais c'est pour lui une "guerre nécessaire". Il a beaucoup plus à y perdre qu'à y gagner, disent les experts.

Le scepticisme est désormais majoritaire chez les Américains quant à la nécessité de cette guerre qui, loin de paraître prendre fin après plus de 8 ans, connaît son année la plus meurtrière.

M. Obama devrait insister sur le fait que l'engagement américain n'est pas illimité ni inconditionnel. Il fera de l'entraînement et de la montée en puissance des forces afghanes un impératif. "Vous pouvez être sûrs que le président dira que notre engagement n'est pas illimité", a dit son porte-parole.

Entre le 30 novembre et le 1er décembre, M. Obama devait s'entretenir avec ses homologues français, russe, chinois, les chefs de gouvernement britannique, allemand, australien, danois, polonais, indien, même s'il ne les sollicite pas tous pour des renforts.

Les présidents afghan et pakistanais devaient eux aussi recevoir son appel.

Le quotidien français Le Monde rapportait que Washington avait demandé à Paris d'augmenter son contingent militaire de 1.500 soldats. Cependant, selon l'Élysée, le président Nicolas Sarkozy a dit à M. Obama que la formation des forces afghanes restait la priorité de la France.

Le ministre français de la Défense, Hervé Morin, a confirmé le 30 novembre que "les Américains réclamaient davantage de troupes aux Européens" pour l'Afghanistan. "S'il fallait qu'il y ait un effort supplémentaire, le seul effort qui aurait un sens serait celui porté sur la formation de l'armée et de la police afghanes", a simplement observé M. Morin qui s'est entretenu la semaine dernière avec son homologue américain, Robert Gates.

AFP/VNA/CVN

(02/12/2009)

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