>>Guerre des salaires aux États-Unis pour attirer les employés
>>Aux États-Unis, allocations chômage et reprise économique ne font pas
Des pancartes pour les droits des travailleurs lors d'une manifestation devant le Capitole à Washington le 8 mars. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Ce qui était censé être une aide financière à court terme pour les personnes (...) licenciées au plus fort de la pandémie est devenu un droit dangereux", a ainsi déploré le gouverneur républicain de Caroline du Sud, Henry McMaster.
Car face aux millions d'emplois détruits par la pandémie, le gouvernement fédéral américain a étendu les droits au chômage, aux indépendants notamment, et les a prolongés même pour ceux qui avaient atteint la durée maximale. Et tous les bénéficiaires touchent 300 USD par semaine en plus de l'allocation dont le montant maximum varie de 230 à 820 USD hebdomadaires selon les États.
Mais alors que la reprise est en route, de nombreuses entreprises peinent à recruter, et ces aides supplémentaires, prévues jusqu'au 6 septembre, font désormais grincer des dents.
Cela "rémunère et incite les travailleurs à rester chez eux plutôt que de les encourager à retourner sur le lieu de travail", clame l'élu républicain de Caroline du Sud, soutien de Donald Trump, dans sa lettre du 6 mai ordonnant de mettre fin à toutes ces aides dans son État.
"Pas la stabilité d'un revenu"
Missouri, Alaska, Virginie occidentale, Indiana, Géorgie, ...: 22 des 27 gouverneurs d'États républicains ont donc annoncé la suppression des 300 dollars supplémentaires, voire même pour certains de l'ensemble des mesures qui permettaient aux indépendants et chômeurs depuis plus de six mois de continuer à toucher leurs aides, selon une note des analystes d'Oxford Economics publiée mercredi 19 mai.
En conséquence, 2,5 millions de bénéficiaire d'allocations chômage sur près de 16 millions au total, ne toucheront plus rien dès juin ou juillet, ont calculé ces économistes. Un million de chômeurs supplémentaires perdront uniquement les 300 USD hebdomadaires par semaine.
"Ça va être dévastateur", s'alarme Sue Berkowitz, directrice de la South Carolina Appleseed Legal Justice Center, une organisation qui soutient les communautés à bas revenus, au niveau législatif entre autres.
"Ça va avoir un effet énorme si les familles n'ont pas la stabilité d'un revenu", ajoute-t-elle, évoquant tous ceux qui ne pourront plus payer leur loyer ni les factures : "c'est vraiment préjudiciable pour les enfants".
Et les conséquences seront particulièrement dures pour les familles afro-américaines ou hispaniques, souligne-t-elle.
Les postes qui ne trouvent pas preneur sont en particulier les moins qualifiés, et donc les moins bien payés.
Si les responsables politiques "s'inquiètent tant que quelqu'un qui touche le chômage puisse gagner deux fois plus qu'avec le salaire minimum, pourquoi notre Etat refuse-t-il toujours d'avoir un salaire minimum plus élevé que le salaire minimum fédéral ?", relève Mme Berkowitz.
Demandes hebdomadaires d'allocation chômage aux États-Unis depuis mars 2020. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Le salaire minimum en Caroline du Sud est celui fixé par le gouvernement américain, 7,25 USD de l'heure. Certains États imposent cependant un niveau plus élevé.
"Payez les gens avec un salaire décent et offrez plus d'avantages, ils travailleront", avait aussi tweeté le sénateur démocrate Bernie Sanders.
Montana
Ces allocations chômage plus généreuses "peuvent être l'un des facteurs limitant l'offre de main-d'œuvre", soulignent les analystes d'Oxford Economics.
Mais "les inquiétudes liées à la santé restent la principale contrainte", puisque près de deux tiers de la population américaines ne sont pas vaccinés, indiquent-ils. Ils mettent également en lumière les problèmes de garde des enfants, tant que toutes les écoles n'ont pas rouvert à temps plein.
"Les emplois qui sont disponibles ne correspondent pas toujours" aux compétences des demandeurs d'emplois, note aussi Sue Berkowitz.
Les inscriptions hebdomadaires au chômage ont continué à reculer début mai, atteignant leur plus bas niveau depuis le début de la pandémie. Mais l'étincelle qui a provoqué le courroux de ces gouverneurs républicains a été la déception des créations d'emplois en avril : seulement 266.000, bien loin du million attendu.
C'est le Montana, Etat du nord-ouest surtout connu pour ses forêts verdoyantes, montagnes et rivières, qui a ouvert le bal, suivi ensuite par les autres États. Pour motiver les habitants, le gouverneur Greg Gianforte a supprimé les aides supplémentaires, et offre une prime de 1.200 USD aux chômeurs qui acceptent un emploi.
Le président Joe Biden a récemment assuré que les aides seraient maintenues dans les États le souhaitant, mais s'est toutefois fendu de rappeler qu'elles seraient retirées aux chômeurs ayant refusé un emploi. Et il espère faire adopter deux plans d'investissements pour créer des millions d'emplois supplémentaire.