Autonomisation des femmes et développement durable

Le développement durable doit bénéficier à tous les groupes de population, notamment les femmes en situation de vulnérabilité, a souligné Elisa Fernandez Saenz, représentante d’ONU Femmes au Vietnam, lors d’une interview accordée au Courrier du Vietnam.

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Que pensez-vous des progrès réalisés par le Vietnam ces dernières années en matière d’égalité des genres ?

Elisa Fernandez Saenz, représentante d’ONU Femmes au Vietnam.

Le Vietnam est un pays qui s’engage pour l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes. Il avait signé des accords internationaux qui ont ensuite été traduits dans la législation nationale. Le pays a modifié sa Constitution, promulgué des lois en faveur de l’égalité des genres, etc. Il y a eu par exemple une législation sur la violence domestique qui se traduit concrètement ensuite par des politiques publiques permettant de promouvoir l’égalité des sexes, de réexaminer la question de violence à l’égard des femmes et la situation des minorités ethniques…

Le plus grand défi d’aujourd’hui reste la mise en pratique de cette réglementation. Et c’est là que l’on doit beaucoup travailler pour transformer en réalité ce qui est dans la loi. C’est seulement à ce moment-là que l’on pourra parler d’égalité réelle (substantive equality en anglais). Ce que l’on veut, c’est que dans la vie de tous les jours, les femmes se trouvent effectivement dans une situation d’égalité avec les hommes.

Quels sont les défis que doit relever le Vietnam pour arriver à cette égalité réelle entre les femmes et les hommes ?

La plus grande difficulté est justement de traduire ces engagements en réalité. On voit par exemple des limites de la participation féminine à la vie politique. À l’Assemblée nationale, si les femmes représentent 30% des députés, soit un taux plus élevé que la moyenne mondiale, on parle aujourd’hui de parité, c’est-à-dire atteindre la tranche des 50% de femmes élues.

Au sein du gouvernement, il n’y a actuellement qu’une femme ministre. Alors, on veut voir davantage de femmes dirigeantes dans l’appareil d’État. L’enjeu est ainsi de réduire les obstacles pour que les femmes arrivent à des postes de leadership.

De nombreuses avancées ont été constatées ces dernières années et il faut aujourd’hui insister sur les personnes les plus vulnérables, surtout les femmes handicapées, afin que le slogan "Ne laisser personne derrière" devienne une réalité.

Que savons-nous des impacts relatifs au genre causés par la crise sanitaire ?

La pandémie de COVID-19 a eu bien sûr des impacts sanitaires mais aussi socio-économiques. Cela a affecté la vie des familles et notamment des femmes. Ces deux dernières années, l’augmentation des violences domestiques s’est observée partout dans le monde, dont le Vietnam. On a travaillé avec les agences gouvernementales pour obtenir plus de services, plus de communication sur la prévention de ce phénomène social. On a beaucoup travaillé avec l’Union des femmes du Vietnam pour produire davantage de messages en la matière.

L’épidémie a eu un fort impact économique, et les femmes du secteur informel - les plus vulnérables - ont été les premières touchées. Il s’agissait notamment de leur travail non rémunéré. En effet, les mesures de distanciation sociale et la fermeture des écoles ont accru la pression sur les femmes en matière de prise en charge des enfants et de tâches domestiques non rémunérées. Il est donc important que la société réfléchisse à cette question. Les responsabilités du travail domestique doivent être assumées à la fois par les femmes et les hommes. L’égalité commence au sein du foyer familial.

Face à cette situation, ONU Femmes met-elle en œuvre des politiques concrètes pour aider les femmes ?

L’égalité des sexes doit être considérée comme une question vitale pour le développement durable du Vietnam.

ONU Femmes travaille avec plusieurs acteurs du pays et à différents niveaux pour tout d’abord analyser la situation et mieux la comprendre, afin de prendre ensuite les mesures les plus appropriées. Elle travaille au niveau central avec le gouvernement pour modifier la législation dans un sens plus progressiste et plus protecteur vis-à-vis des femmes, mais aussi au niveau provincial et municipal. Elle travaille en permanence avec l’Union des femmes du Vietnam, avec les organisations de la société civile très impliquées au niveau communautaire, etc. Nous nous attachons surtout à prévenir la violence basée sur le genre par des campagnes d’information et de sensibilisation.

En tant que représentante d’ONU Femmes au Vietnam, quelles consultations donnez-vous au gouvernement vietnamien pour renforcer les résultats obtenus et régler les problèmes persistants en termes d’égalité entre les sexes ?

Je pense qu’il faut tout d’abord donner à cette question une dimension centrale pour le développement durable au Vietnam, où les femmes représentent la moitié de la population ! On doit regarder de près aux besoins particuliers des femmes et se demander comment faire pour envisager une participation féminine plus active, pour que leur voix soit entendue au même niveau que celle des hommes dans la prise de décision, et ce à tous les niveaux.

Quelle place pour les femmes dans le sport ces derniers temps ?

On voit de plus en plus de femmes participer à des sports de haut niveau. Et cela peut être considéré comme un symbole de la reconnaissance par la société à l’égard des femmes. Tout le pays a célébré la qualification de l’équipe féminine de football du Vietnam pour le Mondial 2023. C’est extraordinaire, je félicite ces jeunes femmes !

Mais il y a du pain sur la planche pour vraiment promouvoir la participation des femmes au sport. L’objectif final serait de supprimer les pratiques préjudiciables en la matière, car il existe encore beaucoup de préjugés sexistes ou genrés qui limitent leur pleine participation et leur succès dans ce secteur. Le changement nécessite une implication de nombreux facteurs, les sportifs eux-mêmes mais aussi les pouvoirs publics, les médias, etc.

Propos recueillis par Vân Anh/CVN

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