Au Soudan, un répit dans les combats au commencement de l'Aïd

Les violents combats, qui ont opposé vendredi 21 avril l'armée soudanaise aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) à Khartoum, se sont atténués en soirée par endroits alors que les appels au cessez-le-feu pour laisser partir civils et étrangers se multiplient.

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Des habitants de Kharthoum, à l'arrière d'un camion, fuient les combats entre l'armée et les paramilitaires, le 21 avril 2023 au Soudan. 
Photo : AFP/VNA/CVN

 À l'issue du septième jour d'affrontements qui ont fait 413 morts et 3.551 blessés, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le monde avait plaidé pour une trêve à l'occasion de l'Aïd el-Fitr, la fête de trois jours qui marque la fin du ramadan et qui a débuté vendredi 21 avril.

Les FSR le matin puis l'armée en soirée ont annoncé accepter cette pause dans les combats. Mais, comme à chaque fois depuis plusieurs jours, les deux camps se sont accusés d'avoir brisé la trêve. Dans la nuit toutefois, des témoins dans plusieurs quartiers de la capitale ont indiqué ne plus entendre d'explosions.

Il n'était pas clair si c'était le cas dans tout Khartoum et le secrétaire d'État américain Antony Blinken lui-même a estimé qu'il était "malgré tout clair que l'affrontement se poursuit et qu'il n'y a aucune confiance entre les deux forces".

Le département d'État américain s'est dit vendredi 21 avril en soirée "actuellement pas sûr d'entreprendre l'évacuation d'employés américains" notamment du fait de "la fermeture de l'aéroport" international de Khartoum - où ont débuté les combats.

Aussitôt, les FSR - très actives sur les réseaux sociaux - ont répondu qu'elles étaient "prêtes à ouvrir tous les aéroports du Soudan" pour que "les pays amis voulant évacuer leurs ressortissants" puissent le faire.

Depuis sept jours, les deux camps assurent tenir de nombreux bâtiments stratégiques, dont l'aéroport. Mais les raids aériens, les tirs croisés et les combats sont si intenses qu'il est impossible d'aller vérifier sur place.

Washington a annoncé envoyer des militaires dans la région pour faciliter une éventuelle évacuation ; la Corée du Sud et le Japon vont eux envoyer des avions. L'Union européenne envisage pour sa part une évacuation dès que possible par voie terrestre.

Ces violences entre l'armée du général Abdel Fattah al-Burhane, chef de facto du Soudan depuis le putsch de 2021, et les FSR du général Mohamed Hamdane Daglo ont "mis hors service 70% des hôpitaux en zone de combat", rapporte le syndicat des médecins.

Au Darfour, l'une des régions les plus pauvres du Soudan - lui-même l'un des pays les plus pauvres du monde -, "la situation est catastrophique", raconte un docteur de Médecins sans frontières (MSF).

"Patients à même le sol

Les vitres brisées d'un bâtiment commercial à Khartoum, pendant des combats entre l'armée et les paramilitaires, le 21 avril 2023 au Soudan. 
Photo : AFP/VNA/CVN 

"Il y a tellement de patients qu'ils sont soignés à même le sol dans les couloirs parce qu'il n'y a tout simplement pas assez de lits", dit-il depuis cette région où les miliciens Janjawids, le gros des FSR, ont commis d'atroces exactions lors de la guerre civile au Darfour déclenchée en 2003.

Le Comité international de la Croix-Rouge, lui, continue de réclamer un "accès humanitaire immédiat et sans entraves (...) une obligation au regard du droit international humanitaire".

L'OMS a elle fait savoir tôt samedi 22 avril qu'elle avait "vérifié 11 attaques contre les services de santé depuis le début du conflit", les installations dans les zones touchées étant "presque non fonctionnelles en raison de la fatigue du personnel et du manque de fournitures".

Longtemps latent et cantonné aux négociations sur les conditions d'intégration des FSR aux troupes régulières, pour finaliser un accord politique sur le retour des civils au pouvoir, le conflit entre les deux généraux s'est transformé en lutte armée.

Les consultations diplomatiques, elles, s'intensifient : le ministre britannique des Affaires étrangères, James Cleverly, a écourté une tournée en Asie-Pacifique "à cause de la situation au Soudan".

Jeudi 20 avril, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, et le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken avaient appelé à un cessez-le-feu durant "au moins" les trois jours de l'Aïd.

Le général Daglo a affirmé samedi 22 avril dans un commmuniqué en ligne qu'il avait "discuté de la crise actuelle" avec M. Guterres et qu'il s'était "concentré sur la trêve humanitaire, les passages sûrs et la protection des travailleurs humanitaires".

Le chef des FSR était depuis le putsch d'octobre 2021 le numéro deux du général Burhane. Ce dernier est apparu jeudi 20 avril pour la première fois depuis le début des hostilités à la télévision d'État.

"Pour l'Aïd, notre pays saigne : la destruction, la désolation et le bruit des balles ont pris le pas sur la joie", a-t-il déclaré. Jusqu'ici, comme son rival, le général Daglo, il n'avait parlé qu'à des médias et ne s'était pas adressé directement aux 45 millions de Soudanais.

Cadavres sur les routes 

Femmes et enfants essentiellement se pressent sur les routes pour fuir, entre points de contrôle et cadavres.

Depuis le début des hostilités, 10.000 à 20.000 personnes, surtout des femmes et des enfants, sont passés au Tchad voisin, selon l'ONU.

Les humanitaires ont pour la plupart été forcés de suspendre leur aide après que trois employés du Programme alimentaire mondial (PAM) ont été tués.

Vendredi 21 avril, l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) a annoncé la mort d'un humanitaire de cette agence de l'ONU, victime d'un échange de tirs au sud d'al Obeid.

"Ni Burhane ni Daglo n'ont l'air de vouloir céder, la situation pourrait encore empirer", estime le centre de recherche International Crisis Group (ICG).

"Un conflit de longue durée serait la ruine du Soudan", troisième producteur d'or d'Afrique où pourtant plus du tiers de la population souffre de la faim, ajoute l'ICG.

AFP/VNA/CVN 

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