Au Soudan, l'ONU veut une trêve pour la fête de la fin du ramadan

L'ONU appelle jeudi 20 avril à accorder "trois jours" de répit aux Soudanais toujours pris sous les feux croisés de l'armée et des paramilitaires des deux généraux en guerre pour le pouvoir à l'occasion de la fête de fin du ramadan vendredi 21 avril.

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Fumées échappées lors des combats à Khartoum, au Soudan.
Photo : AFP/VNA/CVN

Mais les appels au dialogue ou à une trêve même courte n'ont trouvé aucun écho depuis six jours, étouffés sous le fracas des raids aériens, des explosions et des combats de rue.

Jeudi, réagissant pour la première fois depuis le début des hostilités, le général Abdel Fattah al-Burhane, chef de l'armée, a tranché : il n'y aura pas "de discussions politiques" avec son rival Mohamed Hamdane Daglo, dit "Hemedti", à la tête des Forces de soutien rapide (FSR): soit il cesse de "vouloir contrôler le pays", soit il se fera "écraser militairement".

Après une réunion avec l'Union africaine, la Ligue arabe et d'autres organisations régionales, le patron de l'ONU Antonio Guterres a appelé à un cessez-le-feu d'"au moins trois jours" pour l'Aïd el-Fitr, la fête qui marque vendredi 21 avril la fin du jeûne musulman du ramadan.

Il a aussi eu au téléphone le général Burhane, également contacté par les présidents du Soudan du Sud et de Turquie, le Premier ministre de l'Éthiopie voisine, ainsi que les chefs de diplomatie américain, saoudien et qatari, a rapporté l'armée soudanaise.

Depuis le 15 avril, les affrontements, principalement dans la capitale et la région du Darfour (ouest), ont fait "plus de 330 morts et 3.200 blessés", selon l'Organisation mondiale de la Santé (OMS). Des explosions ont aussi retenti jeudi 20 avril à El-Obeid, à 350 kilomètres au sud de la capitale.

Mais Tagrid Abdine, une architecte de 49 ans à Khartoum, n'est "pas optimiste". "Ca fait trois ou quatre fois qu'on annonce un cessez-le-feu mais les deux camps ne l'ont jamais respecté", dit-elle à l'AFP.

"On aimerait que les combats s'arrêtent pour l'Aïd, mais on sait que ça n'arrivera pas", se lamente de son côté Abdallah, un autre habitant de la capitale.

Dans "certains quartiers du centre, l'odeur de la mort et des cadavres règne", témoigne un homme en route vers un quartier plus calme.

Dans la métropole de plus de cinq millions d'habitants, de nombreuses familles ont épuisé leurs dernières victuailles et n'ont plus d'électricité ni eau courante. Certaines se pressent sur les routes pour fuir raids aériens et combats de rue.

Balles perdues

"À 4h30 du matin, on a été réveillés par les raids aériens. On a fermé toutes les portes et les fenêtres parce qu'on a peur d''une balle perdue", raconte à l'AFP un autre habitant de Khartoum, Nazek Abdallah, 38 ans.

À quelques dizaines de kilomètres de là, la vie suit son cours et des maisons s'ouvrent pour accueillir les déplacés. Traumatisés, ils ont roulé ou marché des heures durant.

Pour se mettre à l'abri, ils ont dû subir les questions ou les fouilles des hommes postés aux check-points des FSR du général Daglo et de l'armée du général Burhane, chef de facto du Soudan depuis le putsch qu'ils ont mené ensemble en 2021.

Surtout, ils ont dû progresser au milieu des cadavres qui jonchent les bords de route et éviter les zones les plus dangereuses, repérables aux colonnes de fumée noire qui s'en échappent.

Depuis que la lutte de pouvoir, latente depuis des semaines entre les deux généraux, s'est transformée en bataille rangée, les civils ont aussi fui en nombre à l'étranger.

Entre 10.000 à 20.000 personnes, en majorité des femmes et des enfants, sont passés au Tchad voisin, selon le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR).

Des deux côtés, pleuvent les annonces de victoire et les accusations mutuelles, impossibles à vérifier sur le terrain tant le danger est permanent.

L'armée de l'air, qui vise les bases et les positions des FSR disséminées dans les zones résidentielles, n'hésite pas à larguer des bombes, parfois au-dessus d'hôpitaux, ont témoigné des médecins.

Militaires américains déployés 

Des habitants s'évacuent de Khartoum, le 19 avril.
Photo : AFP/VNA/CVN

En cinq jours, "70% des 74 hôpitaux de Khartoum et des zones touchées par les combats ont été mis hors d'usage", selon leur syndicat. Bombardés, ils n'ont plus aucun stock pour opérer ou bien des combattants en ont pris le contrôle, chassant médecins et blessés.

Dans la capitale, "des enfants sont cachés dans des écoles et des garderies au milieu des combats et des hôpitaux pour enfant ont été forcés d'évacuer face aux frappes aériennes", ajoute l'Unicef.

Les humanitaires ont pour la plupart été forcés de suspendre leur aide, cruciale dans un pays où plus d'un habitant sur trois souffre de la faim en temps normal.

Trois employés du Programme alimentaire mondial (PAM) ont notamment été tués au Darfour au début des combats.

Au milieu du chaos général, l'Égypte est parvenue, via une médiation des Emirats arabes unis, à évacuer "177 de ses soldats" stationnés sur une base aérienne du Nord, selon les deux pays.

Et 27 autres, capturés par les paramilitaires puis remis à la Croix-Rouge, sont à l'ambassade à Khartoum, selon l'armée égyptienne.

Jeudi, les États-Unis ont annoncé dépêcher des militaires dans la région du Soudan pour faciliter une éventuelle évacuation de leur ambassade.

AFP/VNA/CVN

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