Au Soudan, le luxuriant parc de Dinder menacé par le grignotage de ses terres

Bordé par la frontière avec l'Éthiopie, le parc national de Dinder se targue d'abriter une faune et une flore sans équivalent au Soudan, mais ses gardes-chasse doivent se battre pour les protéger face au grignotage des terres.

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Un lac du Parc national de Dinder au Soudan, le 6 avril.
Photo : AFP/VNA/CVN

Plus grand parc national du Soudan avec ses 10.000 km carrés, Dinder est situé à 400 km de la capitale Khartoum, entre les prairies du Sahel et les forêts du parc national Alatash, en Éthiopie voisine.
Savane et régions boisées y sont parsemées de lacs, ce qui en fait une route majeure pour les oiseaux migrateurs.
"Le parc abrite la faune la plus riche du Soudan", affirme le directeur du développement de Dinder, Albadri Alhassan. "Mais le nombre croissant de violations (des règles) par les humains menace cette biodiversité", regrette-t-il.
Proclamé réserve naturelle protégée sous le condominium anglo-égyptien en 1935, le parc était alors très faiblement peuplé.
Mais depuis quelques décennies, la population des villages de Dinder et des zones attenantes a explosé, entraînant une demande croissante de terres dédiées aux cultures.
Leurs pâturages traditionnels ayant été transformés en champs, les éleveurs se sont rabattus sur le parc, une "menace immense pour la réserve", affirme Omar Mohamed, chef du centre de recherche dédié à la biodiversité de Dinder, citant la disparition des girafes parmi les nombreuses conséquences de ces intrusions.
Garder le parc "immaculé"
Les villageois affirment faire de leur mieux pour respecter les restrictions mais se désespèrent du manque de terres pour cultiver de quoi nourrir leur population.

Un troupeau de zébus près du parc national de Dinder au Soudan, le 6 avril.
Photo : AFP/VNA/CVN

"Nous pratiquons l'agriculture traditionnelle et nous empêchons nos animaux de paître en dehors du village", affirme Aboubakr Ibrahim, fermier à Mai Carato, bourgade située sur la rive ouest de la rivière Rahad qui traverse le parc.
Selon lui, certaines réglementations sont "très dures et peu pratiques" et son village, qui compte environ 2.000 habitants, ne dispose que de 5 km carrés de terres.
"Ce n'est pas assez! La réserve est grande, cela ne fera de mal à personne de nous donner plus d'espace", s'indigne-t-il.
Mais "toute expansion nuirait grandement à la réserve, perturberait sa faune et réduirait ses ressources", répond Omar Mohamed, ajoutant qu'il vaudrait mieux "déplacer ces villages dans des zones mieux desservies et mieux équipées".
Certains villageois, tenaillés par la faim, allument parfois des feux pour éloigner les abeilles et ainsi prélever du miel sauvage, pratique interdite dans le parc.
Les gardes-chasse patrouillent la réserve pour les retrouver mais "ils fuient souvent avant notre arrivée", affirme l'un d'eux à l'AFP. Les contrevenants aux règles encourent des amendes salées voire jusqu'à six mois de prison.
Malgré ces menaces pour la faune et la flore, hyènes, lions et genettes apparaissent encore, souvent la nuit, tandis que de jour, les visiteurs peuvent admirer buffles, gazelles ainsi que de nombreux oiseaux.
La réserve est restée quasiment "immaculée et a réussi à maintenir sa biodiversité (...), tout ce que nous voulons, c'est la garder telle quelle", conclut Omar Mohamed.

AFP/VNA/CVN

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