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Vérification de la température pour dépister Ebola à l'entrée en République démocratique du Congo à Goma le 16 juillet. |
"Le cumul des cas est de 3.004, dont 2.899 confirmés et 105 probables. Au total, il y a eu 2.006 décès", ont indiqué vendredi 30 août les autorités sanitaires congolaises en donnant un dernier bilan de l'épidémie déclarée le 1er août 2018.
Plus de 200.000 personnes ont été vaccinées au fil de cette dixième épidémie sur le sol congolais, de loin la plus grave. C'est la deuxième plus mortelle après celle qui a ravagé l'Afrique de l'Ouest en 2014 (Guinée, Liberia, Sierra Leone, 11.000 morts).
Un quatrième décès dans l'Ouganda voisin ravive la crainte d'une propagation de la "MVE" (maladie à virus Ebola) au-delà de la province congolaise du Nord-Kivu, où la majorité des cas ont été enregistrés.
Jusque-là, les épicentres se sont déplacés dans cette province entre les villes de Mangina, Beni et Butembo depuis la déclaration de l'épidémie.
C'est à Beni et à Mangina que le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres est attendu dimanche 1er septembre au deuxième jour de sa visite en République démocratique du Congo (RDC) qui commence samedi 31 août à Goma.
M. Guterres veut "apporter son soutien aux équipes engagées dans la riposte Ebola", indiquent les Nations unies, pour qui il s'agit d'une priorité, devant les autres aspects de ce déplacement officiel (sécurité, politique).
À Beni vendredi 30 août, la ville offrait son visage industrieux habituel, avec ses nombreux commerces autour de son boulevard principal, son ballet de motos-taxis et de camions pris d'assaut par des passagers clandestins.
Sur le terrain de la "riposte", sous la tutelle des autorités congolaises, les grosses ONG se rendent utiles là où elles le peuvent pour se justifier auprès de leurs bailleurs.
Résister aux résistances
Ces derniers mois, beaucoup ont investi dans la "sensibilisation" et "l'engagement communautaire": il s'agit de faire participer les Congolais ordinaires aux actions de prévention anti-Ebola.
Protection obligatoire pour les équipes de lutte contre Ebola à Goma dans l'Est de la République démocratique du Congo le 31 juillet. |
Il s'agit surtout de résister aux "résistances" d'une partie de la population qui nie la maladie, rejette la vaccination, refuse l'hospitalisation d'un proche présentant des symptômes suspects.
Une partie de la population "a tendance à considérer le Centre de traitement d'Ebola (CTE) davantage comme un mouroir" que comme un lieu de soin, observe le maire de Beni, Jean-Edmond Bwanakawa Masumbuko.
"Pour l'instant, la situation est bonne par rapport aux semaines passées. Mais dans certaines zones de santé, il y a beaucoup de cas de réticences communautaires. Ce sont ces zones qui notifient le plus de cas confirmés", avance un responsable d'Oxfam, Robert Bahidika Nasekwa.
"Conséquence: les +contacts+ des cas confirmés ne sont pas suivis", déplore-t-il. Un risque supplémentaire de propagation en chaîne.
"Sur 18 aires de santé que compte la ville de Beni, il n'y en a que quatre qui continuent à nous poser problème", reprend le maire de Beni, Jean-Edmond Bwanakawa Masumbuko.
À la sortie sud de Beni, le quartier de Mabolio fait partie de ces zones de résistances.
Vendredi 30 août, le chef de quartier et les membres du comité de santé parlent de la mort de "papa Gilles", 60 ans, décédé la veille au soir.
Est-il mort d'Ebola? Les prélèvements médicaux le diront. Une chose est sûre: pendant sa maladie, sa famille a "résisté" aux équipes de lutte contre Ebola qui voulaient en savoir plus dans ce quartier à risques.
"Nous sommes passés à maintes reprises. La famille ne voulait pas que l'on puisse accéder au malade", avance le chef-adjoint de quartier Justin Kasereka.
À Mabolio, six personnes se sont présentées vendredi 30 août avec "des signes apparentés à la MVE", avance un membre du "comité de santé", Volcan Kambale. "Un seul cas est parti au Centre de traitement".
La fièvre hémorragique Ebola, hautement contagieuse, provoque la mort d'entre 25 et 90% des malades, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
Il n'existe ni traitement ni vaccin commercialisé, mais plusieurs pistes sont à l'essai.
Elle se transmet par contact direct avec le sang, les secrétions corporelles (sueur, selles, etc.), par voie sexuelle et par la manipulation sans précaution de cadavres contaminés.
AFP/VNA/CVN