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Le président brésilien Jair Bolsonaro lors d'une réunion avec les gouverneurs des États amazoniens, le 27 août à Brasilia. |
Le décret, qui doit paraître jeudi 29 août au Journal officiel, suspend l'utilisation des brûlis durant les deux prochains mois sur tout le territoire national, tout en maintenant certaines exceptions, selon des sources gouvernementales citées par les médias brésiliens. Le code forestier autorise certains brûlis avec l'autorisation des organismes de contrôle.
M. Bolsonaro fait face à une pression croissante, à l'intérieur et à l'étranger, après la multiplication des incendies en Amazonie, plus grande forêt tropicale du monde.
Le nombre de feux depuis janvier dans le pays (83.329), est le plus élevé depuis 2010, selon l'INPE. Ils sont souvent provoqués par des agriculteurs ou éleveurs de bovins qui veulent plus de terres et que la politique du gouvernement actuel encourage.
Le gouvernement a déployé plus de 3.900 hommes, des centaines de véhicules et 18 avions dont deux bombardiers d'eau Hercules, selon des données du ministère de la Défense citées par les médias locaux.
Ils sont loin d'être "sous contrôle", contrairement aux affirmations du gouvernement: 1.044 nouveaux départs de feu ont été constatés mardi 27 août dans tout le Brésil, dont plus de 50% en Amazonie, a indiqué mercredi l'Institut national de recherche spatiale (INPE).
Une crise diplomatique s'est parallèlement développée entre Brasilia et Paris, qui menace de ne pas signer l'accord de libre-échange UE-Mercosur. M. Bolsonaro a alimenté mercredi la polémique avec le président français Emmanuel Macron, semant la confusion quant à l'aide internationale que le Brésil serait prêt à recevoir pour lutter contre les incendies.
Dans des déclarations belliqueuses après avoir reçu le président chilien Sebastian Piñera, invité à Biarritz (France) en marge du G7 le week-end dernier, M. Bolsonaro, qui ne s'est toujours pas rendu en Amazonie, a accusé "l'Allemagne, et particulièrement la France, d'être en train d'acheter (la) souveraineté brésilienne" avec l'offre d'aide financière du G7.
On ignorait si le Brésil, qui avait rejeté mardi 27 août l'aide de 20 millions de dollars du G7 en attendant que M. Macron "retire ses insultes" contre M. Bolsonaro, puis l'a acceptée mardi soir 27 août sous certaines conditions, l'avait effectivement de nouveau rejetée mercredi matin 28 août.
M. Bolsonaro s'en est vivement pris mercredi 28 août à M. Macron. Il "m'a traité de menteur et à deux reprises a dit que la souveraineté (brésilienne sur) l'Amazonie devait être relativisée", a-t-il dit à des journalistes. "Nous pourrons nous parler quand il se sera rétracté après ce qu'il a dit contre ma personne."
M. Macron avait accusé la semaine dernière M. Bolsonaro d'avoir "menti" sur ses engagements environnementaux. La France a été copieusement attaquée par ailleurs par le gouvernement brésilien, et M. Bolsonaro a traité de M. Macron de "colonialiste" avant de s'en prendre à son épouse Brigitte.
Mercredi 28 août, M. Bolsonaro a retiré un commentaire offensant pour Mme Macron publié sur Facebook afin d'"éviter une mauvaise interprétation", a indiqué le porte-parole du président brésilien.
"Le Brésil n'est pas à vendre"
Au grand dam de Brasilia, Emmanuel Macron s'était interrogé sur l'opportunité de conférer un statut international à la forêt amazonienne, au cas où les dirigeants de la région prendraient des décisions nuisibles pour la planète.
"Il est important de redire que l'Amazonie du Brésil est sous souveraineté brésilienne", a martelé M. Bolsonaro, dont le pays abrite 60% de la gigantesque forêt tropicale.
"Le Brésil n'est pas à vendre pour 20 millions (de dollars), ni 20 milliards", a poursuivi M. Bolsonaro, ajoutant toutefois: "le Brésil peut accepter toute aide bilatérale".
Tout en montant le ton envers les puissances européennes, M. Bolsonaro se ménage l'appui de ses voisins.
Il a accepté une proposition du Pérou et de la Colombie d'un sommet régional le 6 septembre à Leticia, ville située dans l'extrême sud de la Colombie et frontalière du Pérou et du Brésil, pour coordonner la préservation de l'Amazonie.
Et mercredi 28 août le président chilien a annoncé l'envoi de quatre avions, apportant durant sa visite son soutien au Brésil. "Il faut se souvenir que certaines années il y a eu des incendies bien pires", a-t-il souligné, reprenant des propos de Jair Bolsonaro. "Nous aimons tous l'Amazonie, les neuf pays (qui l'abritent) y exercent leur souveraineté".
La Bolivie frontalière connaît également des incendies dramatiques qui ont entraîné la suspension de la campagne électorale.
À New York, la jeune égérie pour le climat Greta Thunberg a jugé mercredi 28 août "désastreux" les incendies en Amazonie et estimé que c'était le "signe clair qu'il faut arrêter de détruire la nature".