Attentats : la France traque un ou deux fuyards et mobilise ses alliés

La France continue de traquer un ou deux auteurs en fuite des attentats les plus meurtriers de son histoire, tout en mobilisant ses alliés contre l'organisation jihadiste État islamique (EI).

>>Attentats de Paris : des indications que le passeport syrien est une manoeuvre d'EI

Les enquêteurs disposent d'une vidéo accréditant l'existence d'un neuvième assaillant lors des tueries parisiennes de vendredi soir 13 novembre, membre du commando qui a attaqué des terrasses de cafés et restaurants, ont affirmé mardi 17 novembre des sources proches de l'enquête et policière.

Dans cette équipe, pensent les enquêteurs, il y avait Brahim Abdeslam, qui s'est fait exploser dans un restaurant, et son frère Salah, en fuite et activement recherché. Selon cette vidéo, il y avait en outre un troisième homme dans ce commando à bord d'une Seat noire, qui pourrait être lui aussi en fuite à moins qu'il s'agisse d'un des deux complices présumés arrêtés samedi 14 novembre dans le quartier bruxellois de Molenbeek, plaque tournante du jihadisme, et inculpés par la justice belge pour "attentat terroriste" : Mohammed Amri, 27 ans, et Hamza Attou, 20 ans.

Des policiers autour d'une voiture qui aurait pu servir à la préparation des attentats, retrouvée le 17 novembre dans le 18e arrondissement à Paris.
Photo : AFP/VNA/CVN

La police a aussi diffusé dans la soirée un appel à témoins, avec photo, pour identifier le kamikaze du Stade de France passé par la Grèce cet automne et à côté duquel a été retrouvé un passeport syrien dont l'identité correspond à celle d'un soldat de Bachar al-Assad tué il y a plusieurs mois.

Une Clio noire immatriculée en Belgique a été retrouvée dans le nord de Paris. Elle a été louée par Salah Abdeslam, 26 ans, qui a également loué une Polo noire retrouvée devant le Bataclan, où 89 personnes ont péri.

En Belgique, où le niveau d'alerte a été relevé, un autre frère Abdeslam, Mohamed, lui a conseillé "de se rendre".

Un converti a revendiqué les attentats

Ce fuyard a côtoyé un jihadiste belge qui vivrait en Syrie, Abdelhamid Abaaoud, possible "inspirateur" du carnage. Ce membre de l'EI, 28 ans, déjà soupçonné d'avoir commandité des attentats projetés en Belgique, est recherché depuis janvier.

Autre jihadiste, français cette fois, qui intéresse les enquêteurs : Fabien Clain, 35 ans, vieux routier toulousain des filières radicales, converti à l'islam qui a revendiqué au nom de l'EI dans un enregistrement les attaques parisiennes, qui ont fait 129 morts (dont 117 ont été identifiés) et 352 blessés (dont encore 221 hospitalisés).

Plusieurs kamikazes ont déjà été identifiés, tous français : Samy Amimour (28 ans), Omar Ismaïl Mostefaï (29 ans), Bilal Hadfi (20 ans) et Brahim Abdeslam (31 ans).

Mostefaï, Amimour et Hadfi se sont rendus en Syrie. C'est probablement le cas aussi des deux frères Abdeslam et du kamikaze au passeport syrien.

Ces attentats "ont été décidés et planifiés en Syrie, préparés et organisés en Belgique, perpétrés sur notre sol avec des complicités françaises", avait dit le président François Hollande.

Schéma de l'organisation des attentats de Paris du 13 novembre.
Photo : AFP/VNA/CVN

Pour organiser la riposte militaire, le chef de l'État rencontrera Barack Obama à Washington le 24 novembre et Vladimir Poutine à Moscou le 26, dans l'espoir d'une coalition unique visant à "détruire" l'EI.

Le président russe, qui s'est déjà entretenu au téléphone mardi 17 novembre avec son homologue français, a ordonné à sa marine de "coopérer" avec la France. Le chef de l'État a aussi reçu à l'Élysée le secrétaire d'État américain John Kerry.

Paris a réclamé mardi 17 novembre l'assistance militaire des pays de l'Union européenne (UE), après une nouvelle nuit de bombardements français à Raqqa, fief de l'EI, qui ont repris dans la soirée pour le troisième jour consécutif. L'UE a fait part de son soutien "unanime".

Marseillaise d'anthologie à Wembley

Dans la nuit du 16 au 17 novembre, comme la nuit précédente, plusieurs dizaines de perquisitions, donnant lieu à dix interpellations, ont été réalisées dans le cadre de l'état d'urgence décrété en métropole après les attentats.

Le gouvernement a décidé mardi soir 17 novembre d'étendre cet état d'urgence à l'outre-mer.

Selon un sondage, 84% des Français se disent prêts à accepter davantage de contrôles et une certaine limitation de leurs libertés, pour mieux garantir leur sécurité.

Pourtant, l'ambiance n'était plus à l'union nationale mardi 17 novembre à l'Assemblée, où les questions au gouvernement, quasiment toutes consacrées aux attentats, se sont déroulées dans un climat tendu entre droite et gauche.

Selon le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, "115.000 policiers, gendarmes, militaires" sont mobilisés pour "la protection des Français". Les contrôles sont renforcés dans les aéroports.

Les attaques du 13 novembre ont visé la salle de spectacle du Bataclan, des terrasses de cafés et restaurants parisiens ainsi que les abords du Stade de France, plein à craquer pour un match amical de football France-Allemagne.

À Londres, où les Bleus affrontaient mardi soir 17 novembre l'Angleterre à Wembley, les spectateurs anglais ont entonné une émouvante "Marseillaise" dans un stade paré de bleu-blanc-rouge, transformant cette rencontre amicale remportée 2-0 par les Anglais en un instant solennel de recueillement et de souvenir.

Mais en Allemagne, à une heure du coup d'envoi, la rencontre amicale Allemagne-Pays-Bas à Hanovre a été annulée en raison d'un risque "sérieux" d'"attentat à la bombe", selon les autorités. Aucun explosif n'a été retrouvé.


AFP/VNA/CVN

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