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Au cœur des investigations : l'identification des membres des "trois équipes de terroristes", évoquées par la justice, qui s'en sont pris vendredi soir 13 novembre au Stade de France, à la salle de concert du Bataclan et à plusieurs bars et restaurants parisiens.
Les attentats, qui ont fait au moins 129 morts et 352 blessés, ont été revendiqués par l'organisation jihadiste État islamique (EI).
Photo diffusée le 15 novembre par la police nationale d'un "appel à témoins" concernant Abdeslam Salah, un suspect dans l'enquête sur les attentats de Paris. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Outre un premier kamikaze identifié dès le 14 novembre, "deux nouveaux terroristes (...) ont aujourd'hui été formellement identifiés", grâce à leurs "empreintes papillaires", a annoncé dimanche le parquet. Tous deux, résidant en Belgique, sont de nationalité française.
L'un, Bilal Hadfi, 30 ans, est un des trois kamikazes qui se sont fait sauter au Stade de France. L'autre, Brahim Abdeslam, 31 ans, s'est fait exploser seul boulevard Voltaire, sans faire de victimes.
Ce dernier fait partie d'une fratrie sur laquelle se concentrent les enquêteurs : un de ses frères, Mohamed, a été placé en garde à vue en Belgique. Les services antiterroristes sont sans nouvelle d'un troisième, Salah, qui pourrait être lui aussi un des kamikazes ou en fuite, selon des sources proches du dossier. La justice belge a émis un mandat d'arrêt international et la police française a lancé un appel à témoin à l'encontre de cet "individu dangereux".
Salah a été identifié comme ayant loué une Polo noire immatriculée en Belgique et retrouvée garée devant le Bataclan, où s'est déroulée une prise d'otage sanglante menée par trois kamikazes, avec au moins 89 morts.
Brahim a de son côté loué une Seat noire, également immatriculée en Belgique et retrouvée à Montreuil, en proche banlieue parisienne, avec à son bord trois kalachnikov, 11 chargeurs vides et 5 pleins.
Sept personnes au total ont été interpellées en Belgique, en lien avec les attentats.
Mostefaï, fiché pour radicalisation
L'identité d'un premier kamikaze a déjà été rendue publique : un Français de 29 ans, Omar Ismaïl Mostefaï, qui a participé à l'attaque du Bataclan. Né à Courcouronnes (Essonne), il était fiché pour sa radicalisation islamiste, mais n'avait "jamais été impliqué" dans un dossier terroriste, selon le procureur de Paris François Molins.
Il fréquentait la mosquée de Lucé, près de Chartres (Eure-et-Loir), selon une source proche de l'enquête. Le 15 novembre, le président de cette mosquée a assuré qu'il ne le "connaissait pas". "Il s'est radicalisé à Chartres", où la police l'a "repéré" en 2010, a dit le maire de la ville Jean-Pierre Gorges.
Les enquêteurs tentent de confirmer qu'il a bien séjourné en Syrie en 2014, selon des sources policières.
Condamné à plusieurs reprises pour des délits de droit commun, mais jamais emprisonné, il a été identifié par ses empreintes, grâce à un doigt sectionné retrouvé au Bataclan.
Sept membres de son entourage familial, avec lesquels il ne semblait plus guère avoir de liens, ont été placés en garde à vue.
Passeport syrien
Les enquêteurs ont par ailleurs trouvé, près du corps d'un des kamikazes du Stade de France, un passeport syrien, au nom d'Ahmad alMohammad, 25 ans, un migrant enregistré en Grèce, selon Athènes. Mais selon une source française, il n'est pas établi que le titulaire du passeport figurait parmi les kamikazes. Une autre source évoque l'hypothèse d'un faux passeport.
Des personnes rassemblées devant le Bataclan en hommage aux victimes des attentats, le 15 novembre à Paris. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Deux jours après les attentats, les Français prenaient peu à peu connaissance du nom de ceux qui ont été tués. "Il y a 103 corps identifiés", a annoncé dimanche matin 15 novembre le Premier ministre Manuel Valls.
La police a demandé sur son compte Twitter de ne pas diffuser d'images des scènes des attentats, "par respect pour les victimes et leurs familles", après la diffusion sur les réseaux sociaux d'une photo qui aurait été prise au Bataclan, montrant une trentaine de corps ensanglantés.
Hollande reçoit la classe politique
Manuel Valls, qui s'est rendu le 15 novembre auprès de familles de victimes et des forces de l'ordre, a défendu une "union sacrée" en France et tendu une main à l'opposition, assurant que l'exécutif serait "très attentif" à ses propositions. Main saisie par Marine Le Pen à l'issue d'une rencontre à l'Élysée, qui a toutefois demandé des "décisions fermes".
Elle a été reçue, comme les autres chefs de parti, les présidents de l'Assemblée et du Sénat, par François Hollande, qui s'exprimera le 16 novembre devant le Congrès. Premier à être reçu, Nicolas Sarkozy a demandé "des modifications drastiques de notre politique de sécurité", avec bracelets électroniques et mise en résidence surveillée pour toutes les personnes fichées comme radicalisées, ainsi qu'une "nouvelle politique de l'immigration" au niveau européen.
Sur le front extérieur, la France a procédé le 15 novembre à un bombardement massif sur le fief de l'EI à Raqqa, dans l'Est de la Syrie. Dans l'Hexagone, le gouvernement a décidé de porter à leur niveau maximum - 10.000 hommes - le nombre de militaires déployés sur le territoire.
Avant la réouverture des écoles et de la plupart des établissements culturels le 16 novembre, ainsi que la minute de silence programmée à midi, la journée de du 15 novembre, premier des trois jours de deuil national, a été placée sous le signe du recueillement. Les cathédrales ont sonné le glas, une messe a eu lieu à Notre-Dame, ainsi que des prières à la Grande synagogue de la Victoire à Paris.
Ces cérémonies, comme l'atmosphère dans Paris, réveillent le douloureux souvenir des attaques contre Charlie Hebdo et l'Hyper Cacher, qui avaient fait 17 morts en janvier.
Le 15 novembre, les alentours du Bataclan étaient toujours bouclés. Une foule nombreuse s'est recueillie devant les différents sites touchés. Quelque 3.000 personnes se sont réunies en fin de journée place de la République, malgré l'interdiction de rassemblement. En début de soirée, des rumeurs de tirs y ont provoqué un début de panique.
Les témoignages de solidarité se sont poursuivis dans le monde entier, avec manifestations ou encore monuments illuminés aux couleurs de la France.