>>Attentat de Berlin : arrestation en Allemagne d'un contact d'Anis Amri
Le ministre allemand de l'Intérieur, Thomas de Maizière, lors d'une conférence de presse le 23 décembre 2016 à Berlin |
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Dans le quotidien Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ), le ministre conservateur Thomas de Maizière a insisté sur la nécessité de renforcer les pouvoirs de l'État fédéral en matière de renseignements intérieurs, actuellement partagés par les 16 États régionaux.
Il a aussi proposé de renforcer les compétences de la police fédérale et de mettre sur pied un centre de crise chapeautant l'ensemble des services concernés par les questions sécuritaires liées aux migrants et l'antiterrorisme.
"L'État fédéral n'est pas compétent pour des catastrophes d'ampleur nationale" comme l'attentat du 19 décembre, qui a fait 12 morts, "les compétences en matière de lutte contre le terrorisme international sont éclatées", a-t-il regretté.
"Nous avons besoin de règles homogènes et d'une meilleure coordination", a-t-il souligné dans la FAZ, notamment pour la surveillance des individus classés "dangereux", à l'instar du Tunisien Anis Amri, auteur présumé de l'attaque à Berlin tué en Italie après trois jours de cavale.
"Nous avons besoin de compétences sur place, dans les États régionaux, mais aussi de plus de contrôle exercé par un État (fédéral) fort", a-t-il encore insisté mardi soir 3 janvier sur la chaîne publique ZDF.
La chancelière allemande Angela Merkel lors d'une conférence de presse à Berlin, le 23 décembre 2016. |
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Le patron du Parti social-démocrate (SPD) et vice-chancelier Sigmar Gabriel s'est lui montré critique des propositions du ministre, réclamant des mesures opérationnelles concrètes au lieu d'une "restructuration administrative" qui pourrait prendre des années.
L'attentat au camion-bélier sur un marché de Noël très fréquenté a mis au jour des failles du système existant, au point que les autorités allemandes ont été accusées de négligences et de s'être laissé berner par un militant islamiste avéré.
Au cœur de la campagne électorale
Anis Amri, qui avait fait allégeance à l'État islamique (EI), est parvenu à passer entre les mailles du filet en profitant notamment de l'éclatement des responsabilités en Allemagne. Il a aussi pu s'enfuir au nez et à la barbe des polices allemandes après l'attentat.
Bien qu'identifié de longue date comme individu susceptible de préparer un attentat, la police berlinoise avait cessé de s'intéresser à ses activités en septembre, faute d'éléments suffisants, alors que dans l'Ouest du pays on le considérait encore comme une menace.
Le maire de Berlin, Michael Mueller, la chancelière Angela Merkel, et les ministres Thomas de Maiziere et Frank-Walter Steinmeier rendent hommage aux victimes de l'attentat le 20 décembre 2016 devant le marché de Noël de Berlin. |
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Or dans un pays bouleversé par l'arrivée de plus d'un million de réfugiés depuis début 2015 et secoué par des attaques jihadistes, la sécurité devrait être au coeur de la campagne électorale en vue des législatives prévues en septembre.
Le dirigeant de l'Union chrétienne-sociale (CSU), parti frère de la CDU de la chancelière Angela Merkel, assure ainsi que la sécurité est "comme une épée de Damoclès" qui pourrait décider de l'issue du scrutin.
D'ailleurs, pour le conservateur Lorenz Caffier, le catalogue d'idées présenté par M. De Maizière "n'est lié qu'à la campagne électorale" et certaines d'entre elles ne "sont pas du tout abouties".
Autre réforme voulue par M. De Maizière : les expulsions des demandeurs d'asile déboutés, qui doivent "aller plus vite", a-t-il martelé sur ZDF.
Amri aurait dû être renvoyé dans son pays natal mais Tunis a tardé à fournir les documents nécessaires. Dans l'intervalle, et malgré les suspicions pesant contre lui, il avait été laissé en liberté.
Le ministre veut donc la mise en place de centres de rétention près des aéroports, où seront placées les personnes en voie d'expulsion pendant les semaines ou les jours précédant leur renvoi.