Asie : le pape appelle au dialogue "créatif" entre Églises et nations

Le pape Francois a recommandé dimanche à l'Église d'Asie d'être "créative" et de "dialoguer" avec les cultures asiatiques tout en préservant son "identité", et souhaité en retour l'ouverture des pays comme la Chine qui bannissent ou restreignent le culte catholique.

C'est un "petit troupeau" dans "l'immense continent", a-t-il reconnu d'emblée dans un discours réaliste mais non pessimiste, ferme mais ouvert.

Il s'adressait aux évêques des différents pays d'Asie réunis sous la présidence du cardinal de Bombay, Oswald Gracias.

Le pape François s'adresse à des évêques, le 17 août au sanctuaire du martyr inconnu de Haemi (centaine de kilomètres de Séoul).


L'Église croît régulièrement en Asie - la Corée du Sud, où 10% de la population est catholique, en est un exemple frappant avec 100.000 baptêmes par an - mais ne représente que 3,2% de la population.
François a appelé les évêques à la fois à défendre "l'identité" du christianisme, en puisant dans la vie évangélique, sans la diluer : ce respect de "l'identité" est la condition d'un "vrai dialogue" respectueux.
Hostile au prosélytisme, François a cité son prédecesseur Benoît XVI : "L'Église ne convertit pas par prosélytisme mais par attraction".
François a recommandé que l'Église sache être "diversifiée et créative dans son témoignage", parlant de "l'empathie" nécessaire pour les autres cultures. "Le défi est celui de ne pas nous limiter à écouter les paroles que les autres prononcent, mais de saisir la communication non dite de leurs expériences, de leurs espérances et aspirations. Si notre communication ne veut pas être un monologue, il doit y avoir ouverture de l'esprit et du coeur pour accepter les personnes et les cultures".
En présence de deux cardinaux chinois venus de Hong Kong, le pape a "espéré sincèrement que, dans cet esprit d'ouverture aux autres, les pays de votre continent avec lesquels le Saint-Siège n'a pas encore une relation pleine n'hésiteront pas à promouvoir un dialogue au bénéfice de tous".
"Je ne parle pas ici seulement de dialogue politique, mais de dialogue fraternel". Ces pays doivent percevoir que "ces chrétiens ne viennent pas comme des conquérants".
Cet appel s'adressait bien sûr à l'immense Chine mais aussi à la Corée du Nord, au Vietnam, à l'Afghanistan, au Bhoutan, à Brunei, au Laos, au Myanmar notamment, qui n'ont pas de relations diplomatiques avec le Vatican. Avec Hanoï, un dialogue persévérant semble sur le point d'aboutir à l'établissement de ces relations.
Critique du relativisme
Le pape a choisi de tenir ce discours, le premier discours important de son pontificat sur l'Asie, au "sanctuaire du martyr inconnu" de Haemi, en raison de la vénération qu'il voue aux "martyrs de la foi" qui ont renforcé par leur fidélité le christianisme.
Le cardinal de Manille, Luis Antonio Tagle, un des personnages les plus en vue de l'épiscopat asiatique, s'est félicité de cette insistance du pape sur le martyre : "Avec la béatification (par François de 124 martyrs du début du christianisme en Corée), j'ai été très ému de réaliser que nous avions eu des ancêtres ici qui acceptaient de payer le prix d'être chrétiens, et, si besoin, d'offrir leur vie. C'est une inspiration pour nous tous".
Le pape a appelé au retour au christanisme radical des origines, estimant que la foi est d'abord menacée par le matérialisme, l'embourgeoisement et le relativisme, qui caractérisent les pays d'Asie en forte croissance.
Il y a un "relativisme pratique, quotidien, qui, de manière presqu'imperceptible, affaiblit toute identité".
La foi dans le Christ est "l'antidote" au "cancer du désespoir" qui amène tant de jeunes Asiatiques au suicide, avait-il lancé vendredi aux Coréens.
Le pape n'a pas en revanche évoqué comme menaces les persécutions politiques comme celles existant en Corée du Nord, ou celles religieuses, qu'infligent des communautés religieuses majoritaires, hindous et musulmanes aux petites communautés chrétiennes dans divers pays.
Le pape a reparlé de la priorité que devait avoir l'accueil des exclus. Et aussi de la nécessité que l'Église ne soit pas un business, comme il l'avait reproché à l'Église coréenne : "Permettez-moi de vous poser une question : l'identité chrétienne de vos Églises se manifeste-t-elle clairement dans votre service de ceux qui se languissent aux marges de nos sociétés riches".
Dans la soirée, ce pape très populaire chez les jeunes asiatiques devait clore la Journée asiatique de la jeunesse catholique par une grande messe, à l'issue delaquelle il devait leur demander de transmettre dans leurs pays la "bonne nouvelle" de leur foi, en en payant le prix
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AFP/VNA/CVN

 

 

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