>>France: 50.000 "gilets jaunes" mobilisés dans la rue, heurts à Paris et en province
>>"Gilets jaunes": Macron dénonce une "extrême violence"
Des femmes "gilets jaunes" défilent dans les rues de Paris, le 6 janvier. |
Photo: AFP/VNA/CVN |
À Paris, Toulouse, Saint-Étienne ou Rennes, des centaines de femmes, parfois coiffées d'un bonnet phrygien, ont défilé en ciblant le chef de l'État et avec l'espoir de donner une image plus pacifique du mouvement qui fait vaciller l'exécutif depuis un mois et demi.
"Le gouvernement veut nous faire passer pour des casseurs, mais aujourd'hui nous sommes des mères, des grands-mères, nous sommes les filles, les sœurs de tous les citoyens", a déclaré à Caen Chloé Tessier, 28 ans, professeure d'équitation, après les heurts qui ont marqué la journée d'action nationale la veille.
Près de 50.000 personnes ont manifesté samedi 5 janvier à travers la France, une hausse par rapport à la semaine précédente et un succès comptable pour les "gilets jaunes" après de précédentes mobilisations en demi-teinte.
Ça "donnait une impression de 17 novembre", s'est félicitée sur Facebook une des figures du mouvement, Eric Drouet, en référence à "l'acte I" qui avait réuni 282.000 personnes dans toute la France, selon les autorités.
Mais les incidents parfois violents qui ont éclaté à Paris, Bordeaux ou Toulouse ont quelque peu éclipsé le message d'un mouvement qui ciblait initialement les prix des carburants et porte aujourd'hui des revendications plus larges comme le référendum d’initiative citoyenne (RIC).
À Paris, l'entrée du ministère du porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux a été défoncée par un engin de chantier, une caserne de gendarmerie a été dégradée à Dijon et un petit groupe de "gilets jaunes" a cassé une porte d'accès à la mairie à Rennes.
Samedi 5 janvier, un gendarme a également été violemment frappé sur une passerelle parisienne au-dessus de la Seine par un manifestant identifié comme un ex-boxeur professionnel par le Syndicat des commissaires de la police nationale (SCPN).
La Fédération française de boxe a dénoncé un acte "inacceptable et honteux" et une enquête a été ouverte pour arrêter son auteur. Au total, selon le parquet de Paris, 35 personnes ont été placées en garde à vue à Paris après l"acte VIII".
Dans la nuit de samedi 5 à dimanche 6 janvier, le péage autoroutier d'Agde (sortie 34 de l'autoroute A9) a par ailleurs été de nouveau pris pour cible et la députée de Vendée LREM Modem Patricia Gallerneau a dénoncé dimanche 6 janvier sur Facebook le "murage" de son garage par des "gilets jaunes".
"+Ça suffit+"
Le gouvernement qui avait déjà dénoncé un mouvement aux mains "d'agitateurs" a de nouveau appelé dimanche à la fin des violences, déjà condamnées par Emmanuel Macron.
"Je souhaite que tous ceux qui croient à la démocratie, à la représentation souveraine du peuple français, se rassemblent et disent +ça suffit+", a déclaré le ministre de l'Économie Bruno Le Maire, ajoutant que cette crise "coûtait cher à l'économie française".
Manifestation de "gilets jaunes" le 5 janvier au Mans. |
Photo: AFP/VNA/CVN |
"On est en train de faire du mal à l'image de la France", a renchéri le ministre de l'Éducation Jean-Michel Blanquer.
Le gouvernement et la majorité s'en sont également pris à l'attitude "irresponsable" d'une partie de l'opposition, en particulier de Jean-Luc Mélenchon.
Commentant les violences, le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger a lui a appelé dimanche 6 janvier à "arrêter d'être naïfs" face à "des gens qui veulent renverser la démocratie".
Après "l'acte VIII", le syndicat de police Alliance a de son côté réitéré dimanche 6 janvier sa demande de création d'"un fichier" de manifestants violents. "Cela fait deux ans que nous demandons plus de fermeté contre ceux qui agressent les forces de l'ordre", a déclaré son secrétaire général Frédéric Lagache.
Le gouvernement n'a pas fermé la porte à une évolution. "Une réflexion est en cours pour réfléchir aux mesures qui permettraient de mieux encadrer les manifestations", a déclaré samedi 5 janvier le secrétaire d'État à l'Intérieur Laurent Nuñez, évoquant un possible "durcissement de la législation pénale".
Blessé au visage par un tir policier de balle de défense samedi 5 janvier à Paris, Florent Marcie, un documentariste rompu aux théâtres de guerre, a lui mis en garde contre cette arme controversée. "Il y a des dérapages", a-t-il affirmé.
AFP/VNA/CVN