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Le pape François s'adresse à la foule le 6 janvier au Vatican. |
Photo: AFP/VNA/CVN |
"Depuis plusieurs jours, 49 personnes sauvées en Méditerrranée sont à bord de deux navire d'ONG, dans l'attente d'un port sûr où débarquer. J'adresse un appel pressant aux dirigeants européens afin qu'ils fassent preuve de solidarité concrète à l'égard de ces personnes", a déclaré le pape devant des milliers de fidèles rassemblés place Saint-Pierre à l'occasion de la traditionnelle prière de l'angelus.
Ces migrants bloqués à bord de deux navires d'ONG allemandes, Sea-Watch et Sea Eye, tout près des côtes maltaises, ont entamé ce weekend leur deuxième semaine en Méditerranée pour certains, troisième semaine pour d'autres, sans qu'aucune solution ne soit encore en vue.
Ce n'est pas la première fois que le pape argentin, lui-même descendant d'immigrés italiens, lance un appel aux Européens pour qu'ils ouvrent leurs frontières aux migrants. L'Italie et Malte ont toutefois confirmé dimanche 6 janvier qu'elles n'avaient aucune intention d'autoriser ces deux navires à accoster.
"En Italie, plus personne n'arrive. C'est la ligne et elle ne changera pas", affirme ainsi le ministre italien de l'Intérieur Matteo Salvini et patron de la Ligue (extrême droite), dans un entretien dimanche 6 janvier avec le quotidien Il Messaggero. "Les ports italiens sont et resteront fermés", a-t-il réitéré sur Twitter.
Un 'précédent'
Le Premier ministre maltais Joseph Muscat a de son côté expliqué ne pas vouloir créer de "précédent" en autorisant ces migrants à débarquer, dans un entretien avec Radio One à Malte. "Nous devons trouver un équilibre entre l'aspect humain et la sécurité nationale", a-t-il fait valoir.
La petite île de Malte, située au milieu de la Méditerrannée non loin des côtes libyennes et peuplée de 450.000 habitants, redoute, si elle ouvre ses ports, de devenir la principale porte d'entrée des migrants en Europe.
"C'est quelque chose qui pourrait créer un précédent et nous devons être vigilants là-dessus", a expliqué le Premier ministre.
Des migrants secourus en Méditerranée à bord du Sea Watch 3, le 5 janvier. |
Photo: AFP/VNA/CVN |
Car, si on devait accepter sans dire un mot que ces migrants débarquent, alors "les brutes gagneraient", a-t-il assuré, sans désigner personne en particulier. Les relations entre l'Italie de Salvini et l'île de Malte se sont toutefois fortement dégradées depuis que Rome a décidé de fermer ses ports aux migrants.
M. Salvini ne cesse également de réclamer à Malte qu'elle prenne ses responsabilités en ouvrant ses ports aux bateaux ayant secouru des migrants au large de la Libye, en raison de la proximité de l'île avec ce pays Nord-Africain.
M. Muscat a assuré de son côté que Malte ne se dérobait pas devant cette responsabilité après avoir accueilli ces derniers jours quelque 250 migrants, secourus par la marine maltaise, à l'intérieur de la zone maritime qui lui a été confiée en matière de sauvetages en mer.
Dans le cas des migrants secourus par les navires des ONG allemandes, M. Muscat a souligné que les opérations de secours avaient eu lieu dans la zone de responsabilité attribuée à la Libye, et que Malte n'était donc pas légalement tenue d'accepter ces 49 personnes.
Dans le reste de l'Europe, les Pays-Bas et l'Allemagne ont indiqué être prêts à accueillir ces migrants, à condition que cette opération se fasse dans un cadre européen, mais aucune décision n'a encore été prise.
En attendant un port d'accueil, le Sea-Watch 3, avec à son bord 32 migrants secourus le 22 décembre au large de la Libye, dont trois enfants, était toujours ballotté dimanche au large de Malte, tout comme le navire affrêté par l'ONG Sea Eye, avec 17 autres migrants à son bord.
AFP/VNA/CVN