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Christiana Figueres, responsable climat de l'ONU, lors d'une conférence sur le changement climatique à Bonn, le 16 mai. |
Cinq mois après la conférence de l'ONU en France, "les délégués ne sont plus sous les projecteurs, mais ils ont réalisé des progrès importants" au cours de ces dix jours à Bonn, seule réunion avant la COP22 de novembre, estimait David Waskow, du think tank World Resources Institute.
Après un démarrage poussif, pas loin de la gueule de bois que certains redoutaient, les négociateurs se sont finalement accordés sur un programme de travail, et ont aussi pu avoir de premiers échanges "positifs" sur les sujets épineux restant à trancher pour la mise en œuvre de l'accord de Paris.
"Nous avons largement dépassé les désaccords habituels", soulignait la négociatrice de l'UE Elina Bardram. "Un esprit plus positif a remplacé les manoeuvres et la mauvaise volonté qui avaient tant ralenti les réunions avant Paris", constatait Greenpeace.
Adopté par 195 pays, formellement signé à ce stade par 177 et déjà ratifié par 17, l'accord vise à contenir le réchauffement sous le seuil critique de 2 voire 1,5°C par rapport au niveau pré-industriel, en réduisant les émissions de gaz à effet de serre.
Mais ce cadre général laisse ouvertes de nombreuses questions, notamment sur la garantie des financements des pays du Nord vers le Sud et sur la transparence des actions.
Évolution des températures relevées au mois d'avril depuis 1880, écarts par rapport à la moyenne du XXe siècle. |
Les plans nationaux présentés par les États dessinent en outre un horizon à +3°, auquel hommes et écosystèmes auront du mal à s'adapter : canicules à répétition, disparition d'espèces, réduction des calottes glaciaires, etc.
D'où le consensus sur la nécessité de revoir ces ambitions. Mais comment? Là encore, le débat est ouvert.
Christiana Figueres, responsable climat de l'ONU, a donné une idée de l'ampleur de la tache : "L'accord de Paris c'est un peu +une nouvelle maison+. Maintenant, 195 membres doivent se mettre d'accord sur l'agencement et le partage des pièces, et tout ça par consensus !"
L'énergique costaricaine, qui quittera ses fonctions en juillet, se départit rarement de son optimisme. Mais dans une interview, elle confiait jeudi 26 mai sa préoccupation principale : "Parviendra-t-on à agir assez rapidement pour éviter les pires impacts ?"
Une étude liste 31 sites du patrimoine mondial de l'humanité menacés par le changement climatique. |
Comme pour rappeler que le temps presse, une étude de l'UNESCO est parue jeudi 26 mai, montrant que, de l'île de Pâques à la statue de la Liberté, le changement climatique est désormais un danger majeur pour les sites du patrimoine mondial.
"Retrouver le sentiment d'urgence" de Paris
Alors, pour maintenir la confiance et avancer, des décisions concrètes sont attendues à la COP22 de Marrakech.
"Nous devons en sortir avec des actions, qui signifient quelque chose pour les gens", a dit à Bonn l'ambassadeur marocain, Aziz Mekouar. Parmi ces actions, une feuille de route sur les financements et une action pour les forêts, notamment.
La ministre française de l'Environnement, Ségolène Royal, |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Quelque 90 pays en développement ont lancé jeudi 26 mai un appel en faveur d'un plan de soutien aux énergies renouvelables dans les pays du Sud.
"Nous avons avancé ici, mais il faut aussi retrouver le sentiment d'urgence qui nous a tant aidés à Paris", exhortait Amjad Abdulla, représentant des petites îles.
"Le changement climatique ne s'est pas arrêté juste parce que nous avons adopté un accord, en fait il empire chaque jour", relevait-il. "Notre responsabilité est d'agir pour mettre en œuvre cet accord, et notamment aider les communautés les plus vulnérables."
Les petites îles, si exposées aux dérèglements du climat, ont été parmi les premières à ratifier l'accord de Paris.
Pékin et Washington ont promis de le faire d'ici la fin 2016, et désormais une entrée en vigueur du texte est envisagée pour début 2017. celle-ci nécessite la ratification du texte par 55 pays représentant 55% des émissions mondiales.
La présidente de la COP21, la ministre française Ségolène Royal, a de nouveau exhorté, le 26 mai dans un communiqué, les pays à entreprendre leur ratification "rapidement". Elle devrait se rendre en Russie à cet effet le 30 mai.