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Une femme dans un hébergement d'urgence pour les sans-logis administré par des paroisses catholiques à Neuilly-sur-Marne, le 5 février 2013. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Au cours de l'hiver 2015, plus de 65.000 personnes ont appelé le 115 pour être hébergées.
S'il y a effectivement une légère baisse (4%) à la fois du nombre de demandes et du nombre de personnes qui le sollicitent, le "taux de non-attribution" -comprendre les SDF à qui le 115 n'a pu trouver une place d'hébergement- reste, lui, identique et très élevé (57%) d'un hiver à l'autre, relève la Fédération nationale des associations de réinsertion sociale (Fnars) en charge du baromètre.
Il ne s'agit donc pas là d'"un recul de la précarité, ni (d')une meilleure prise en charge des personnes".
"Moins d'une personne sur deux reste sans abri la nuit, on est toujours dans une situation d'échec", commente ainsi Florent Guéguen, directeur général de la Fnars.
En cause encore et toujours : le manque de places dans les structures d'accueil. D'autant que dans 80% des cas, la solution apportée ne dure qu'une nuit. Et la Fnars de s'alarmer : "à la précarité de l'offre s'ajoute donc une discontinuité de la réponse, contraignant les personnes à renouveler leur demande sans garantie d'être hébergées".
Autre point préoccupant : la proportion, en hausse, des femmes seules, parmi les sans-abri qui contactent le 115. Elles sont près de 7.500 à avoir demandé à être hébergées cet hiver, soit 11% du public. Un chiffre en hausse de 13% quand les demandes baissent chez les autres catégories (hommes seuls ou familles).
Les femmes seules sont en outre plus jeunes que la population générale qui sollicite le 115, avec 28% de 18-24 ans contre 16% au total.
"Le public traditionnel à la rue est en train d'évoluer, ce n'est plus le modèle classique de l'homme seul, isolé, vieillissant...", explique Florent Guéguen pour qui le parc d'accueil est "inadapté, conçu pour des hommes seuls. Et la mixité reste très difficile".
Stratégies de survie
Les femmes seules, public "le plus fragile", parfois déjà "victimes de violences conjuguales", doivent avoir "des centres dédiés", selon le responsable.
Par ailleurs, lorsqu'elles sont accompagnées de leurs enfants, elles sont "encore très majoritairement dirigées vers l'hôtel, une solution insatisfaisante voire contre-productive", souligne-t-il.
Conditions de vie désastreuses, pas de possibilité de se faire à manger, peu ou pas d'accompagnement social, favorisant le marché de marchands de sommeil : l'hôtel, un hébergement qui présente trop d'inconvénients, mais auquel on a de moins en moins recours, "un point satisfaisant" pour la Fnars, qui voit là un des effets du plan national visant à réduire les places hôtelières.
À Paris cependant, les attributions à l'hôtel sont en hausse de 19%, souligne la fédération.
En revanche, les demandes non plus d'hébergement mais de prestations, à savoir l'accès aux douches, aux soins, l'aide alimentaire, etc., sont, elles, en hausse (+16%), traduisant "une dégradation globale de la situation des personnes".
"Ces personnes ne demandent même plus un hébergement mais des prestations de survie", s'alarme Florent Guéguen. "Se doucher, avoir un duvet, une aide alimentaire... C'est une paupérisation des personnes à la rue, ça vient de gens dans une stratégie de survie, et ça c'est très inquiétant", conclut-il.