Antibiotiques : l'usine GSK de Mayenne met les bouchées doubles face aux pénuries

Pour faire face aux pénuries touchant certains antibiotiques majeurs, le laboratoire britannique GSK met les bouchées doubles dans son usine de la commune de Mayenne, dans l'Ouest de la France, alors que le problème a pris des proportions mondiales.

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L'usine pharmaceutique GSK à Mayenne, le 5 janvier.
Photo : AFP/VNA/CVN

Sur ce site, historiquement spécialisé dans les antibiotiques, on fabrique de l'amoxicilline, traitement largement utilisé, en particulier chez les enfants : chez ces derniers, il représente même 70% des prescriptions d'antibiotiques, par exemple pour les otites.

L'amoxicilline - qui fait partie des pénicillines - se présente sous deux formes, toutes deux préparées en Mayenne : soit la molécule seule, soit en association avec de l'acide clavulanique, destiné à favoriser l'absorption par l'organisme.

Sur les lignes de production entièrement automatisées, la poudre blanche remplit des flacons de verre à un rythme pouvant atteindre 120 flacons par minute. Le médicament, qui est aussi produit sous d'autres formes, en comprimés, gélules ou sachets, est ensuite conditionné et transféré vers 110 pays à travers le monde, tandis que 28% de la production reste en France.

L'usine, dont la cadence de production avait reculé au plus fort de la pandémie, fonctionne de nouveau à plein régime, au maximum de ses capacités. Les 370 salariés se relaient jour et nuit, cinq jours sur sept. Car la demande a bondi depuis que la pandémie a reculé. Selon les données du Gers (groupement pour l'élaboration et la réalisation de statistiques de l'industrie pharmaceutique), 45 millions de boîtes d'amoxicilline ont été vendues en 2020 en France, contre 63 millions dispensées de janvier à novembre 2022.

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Un employé avec un paquet de comprimés d'Augmentin à l'usine pharmaceutique GSK à Mayenne, le 5 janvier.
Photo : AFP/VNA/CVN

Le problème de pénurie est planétaire. Car les affections hivernales, qui avaient fortement diminué avec les confinements, sont de retour, avec une ampleur qui n'avait pas été prévue par les laboratoires.

La France, l'Espagne, l'Australie, les Etats-Unis ont tiré la sonnette d'alarme depuis quelques semaines déjà, en particulier pour les formes pédiatriques. Et les tensions pourraient durer, a averti le ministre de la Santé François Braun, jeudi, selon qui il faudra encore "deux mois pour être vraiment tranquille et avoir nos stocks reconstitués".

Concrètement, pour GSK, cela signifie doubler la production sur deux ans, et passer de 45 millions de boîtes produites en 2021 à un objectif de 87 millions de boîtes en 2023. "Nous sommes passés de 1,1 million de boîtes fabriquées par semaine à deux millions chaque semaine, depuis septembre", témoigne Christophe Wadoux, le directeur de l'usine de Mayenne.

Pour cela, il a fallu embaucher près de quarante personnes l'an dernier, et les recrutements ne sont pas terminés : "On devrait atteindre 440 employés en tout sur le site à fin 2023", dit-il.

"Le recrutement est notre priorité numéro un, sachant que nous sommes dans un bassin de plein emploi", ajoute le directeur du site de Mayenne. Ce manque de main d'oeuvre est la raison pour laquelle l'usine n'est pas passée à une production le week-end. Car il faut de quatre à six mois pour former un responsable d'une ligne de production, précise M. Wadoux, qui prévoit que la fabrication d'amoxicilline va rester durablement supérieure à l'avant pandémie.

De son côté, l'Agence nationale de sécurité du médicament française a autorisé il y a quelques jours la fabrication d'amoxicilline directement par certains pharmaciens, tandis que d'autres laboratoires investissent pour produire davantage. Sandoz, la division médicaments génériques du suisse Novartis, a ainsi mis en œuvre des actions ponctuelles sur son site de Kundl en Autriche, notamment l'embauche de personnel supplémentaire, en sus d'investissements additionnels.

"Le sens de l'urgence a été donné par la situation en France et dans le monde", commente M. Wadoux, qui dit ses équipes mobilisées par une situation qui les "touche".

AFP/VNA/CVN

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