Des chercheurs thaïlandais et américains avaient récemment annoncé que la combinaison de 2 vaccins, vieux de plus de 10 ans et inefficaces individuellement, réduisait de 31,2% les risques d'infection par le virus du sida.
L'essai avait été réalisé en Thaïlande sur une population de plus de 16.000 personnes à risque moyen ou faible, dont la moitié avait reçu le vaccin, et l'autre un placebo. Quelque 125 personnes ont été infectées, dont 51 parmi les personnes vaccinées et 74 chez celles ayant reçu le placebo.
C'était la première fois qu'un vaccin donnait des résultats favorables. L'épidémie du sida a causé plus de 25 millions de morts et infecte à ce jour plus de 33 millions de personnes (7.400 de plus chaque jour).
Les résultats détaillés de ces essais ont été présentés pour la première fois à la communauté scientifique mardi, lors de la conférence internationale "Aids vaccine 2009", organisée par l'Agence nationale de recherches sur le sida (ANRS) et la Global Hiv Vaccine Enterprise.
Les chercheurs ont expliqué que le chiffre -parfois contesté dans la communauté scientifique- de 31,2% se basait sur "l'intention de traiter modifiée", c'est-à-dire sur toutes les personnes entrées dans le traitement, y compris celles qui s'infectent avant d'avoir reçu la totalité des injections de vaccin.
Ce chiffre a été considéré comme parfaitement "robuste" par les scientifiques réunis à Paris.
Les chercheurs ont admis qu'il s'agissait de résultats "modestes", même s'ils étaient "statistiquement significatifs". Ils ont indiqué aussi que l'efficacité du vaccin décroissait au fil du temps. Quelle serait son efficacité à long terme? "Je ne sais pas", a dit le colonel Nelson Michael, du programme militaire américain de recherche sur le virus, co-sponsor de l'étude avec le gouvernement thaïlandais.
En outre, ce vaccin a été mis au point pour répondre au type de virus circulant en Thaïlande et on ignore s'il pourrait être utilisé ailleurs sur des populations à haut risque, par exemple en Afrique.
Enfin les chercheurs ont rappelé que le vaccin n'offrait pas de réponse immunitaire très forte et ne réduisait pas le taux d'infection des personnes infectées.
"Ce n'est définitivement pas une percée pour la santé publique", a souligné le colonel Michael, pour qui le vaccin est loin d'"être au coin de la rue". Mais "c'est une percée pour la recherche".
"C'est comme si votre fillette faisait ses premiers pas. Elle n'est pas près d'être une championne de marathon, mais au moins cela prouve qu'elle sait marcher", a-t-il lancé.
"Jusqu'au 24 septembre on était dans le noir, là il y a des signes, la porte est ouverte", a noté le Pr Yves Lévy, directeur scientifique du programme vaccins de l'ANRS.
AFP/VNA/CVN