Anti-Grippe A : le Tamiflu n'est pas la panacée pour les enfants

Des médecins britanniques ont mis en garde contre l'usage routinier de médicaments anti-grippe comme le Tamiflu chez les enfants estimant que cela risquait de faire plus de mal que de bien.

Chez certains enfants, le Tamiflu peut ainsi causer des vomissements qui peuvent conduire à une déshydratation et des complications, soulignent les auteurs d'une étude publiée en ligne lundi par le British Medical Journal (BMJ).

L'étude sur 1.766 enfants de 12 ans ou moins ne porte pas sur l'actuelle épidémie de grippe A (H1N1), mais suggère néanmoins que le Tamiflu a peu ou pas d'effets sur les crises d'asthmes ou l'exacerbation de ses symptômes, sur l'augmentation des otites et le recours aux antibiotiques.

Pour le Dr Carl Henegan, médecin de famille et expert du John Radcliffe Hospital à Oxford (Royaume-Uni), un des auteurs de l'étude, la politique britannique de distribution du Tamiflu face à une maladie relativement bénigne est une "stratégie inappropriée".

Dans la plupart des cas de la nouvelle grippe, du simple paracétamol suffit, selon les médecins.

Les effets néfastes d'une prescription systématique - telle que celle pratiquée en ce moment en Grande-Bretagne- l'emportent sur les bienfaits comme la réduction d'un jour et demi de la durée des symptômes, et la réduction de la transmission de la grippe de 8%, d'après lui.

Le Tamiflu peut être obtenu sans ordonnance et sans consulter un médecin dans ce pays.

Les auteurs évoquent aussi les risques d'apparition de résistances au traitement.

La grippe en général occasionne nausées et troubles digestifs, a plaidé la firme pharmaceutique Roche, productrice du Tamiflu. "Des études cliniques auprès d'enfants traités par Tamiflu ont démontré des effets secondaires comme la nausée, mais ceux-ci sont modérés et il est très rare qu'il faille interrompre pour cette raison un traitement avec le Tamiflu", a indiqué une porte-parole.

L'étude préconise donc un usage plus prudent des antiviraux dans les circonstances actuelles.

Le virus 2009 n'est pas aussi mortel que celui de la grippe aviaire (H5N1) et le public oublie souvent que la grippe saisonnière ordinaire occasionne chaque année dans le monde jusqu'à 500.000 morts.

La publication de l'étude intervient un peu plus d'une semaine après que l'agence sanitaire britannique, la Health Protection Agency (HPA), ait rapporté que plus de la moitié des 248 jeunes élèves ayant eu préventivement du Tamiflu, après qu'un de leurs camarades eut contracté la grippe A (H1N1), ont souffert d'effets secondaires tels nausées, insomnies et cauchemars.

De sévères symptômes d'ordre psychiatrique - hallucinations, comportement anormal et 12 décès ont été rapportés chez des enfants japonais de moins de 16 ans traités par Tamiflu il y a près de 10 ans.

La fièvre elle-même peut être à l'origine de tels troubles, relevait alors à ce sujet l'agence française du médicament (Afssaps).

En France, le ministère de la Santé vient de mettre à disposition des médecins des recommandations de prescriptions du Tamiflu - curatif et prophylactique - essentiellement centrées sur les personnes à risques et les formes graves d'emblée.

Les enfants sont les principaux propagateurs de la grippe. La vaccination reste la meilleure stratégie pour enrayer cette propagation, mais les antiviraux sont souvent prescrits en Grande-Bretagne ou ailleurs, notamment faute de vaccins, comme c'est le cas pour la grippe A (H1N1), relèvent les auteurs britanniques.

AFP/VNA/CVN

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