Angela Merkel menacée par la droite populiste sur ses terres

Un an après la décision d'Angela Merkel d'ouvrir l'Allemagne aux réfugiés, le Mecklembourg-Poméranie occidentale (Nord-Est) renouvelle dimanche 4 septembre son Parlement régional, un scrutin qui pourrait voir les populistes de l'AfD doubler le parti de la chancelière.

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La chancelière allemande Angela Merkel à côté du ministre de l'Intérieur de Mecklembourg-Poméranie occidentale, Lorenz Caffier (droite), et du candidat de la CDU, Christian Democratic, lors d'un meeting de campagne à Bad Doberan (Est), le 3 septembre 2016
Photo : AFP/VNA/CVN

La problématique de l'intégration du million de demandeurs d'asile arrivés l'an dernier a monopolisé la campagne électorale dans cet État-région de l'ex-RDA communiste, offrant un terrain fertile aux populistes anti-immigration de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD), partis pour réunir entre un cinquième et un quart des voix selon les derniers sondages. Vers 16h00 GMT, les premières projections de résultats doivent être publiées.

Au plus bas dans les sondages - seulement 44% lui font confiance pour un quatrième mandat, selon une enquête publiée samedi 3 septembre -, la chancelière, qui est aussi députée de la région, pourrait voir son propre parti, la CDU, dépassé par l'AfD à l'occasion de ce scrutin qui fait figure, avec celui de Berlin le 18 septembre, de répétition générale à un an des législatives.

Même si seuls quelques milliers de réfugiés sont installés dans le Mecklembourg, "la politique migratoire a provoqué un grand sentiment d'insécurité chez les gens", explique à l'AFP Frieder Weinhold, candidat CDU à Wismar, ville de 42.000 âmes sur la Baltique.

"On leur dit +Nous allons réussir+ mais ce qu'ils veulent savoir, c'est +Comment va-t-on y arriver+?", souligne-t-il en référence au credo "Wir schaffen das" martelé par Angela Merkel.

"Je vote AfD. La raison principale, c'est la question des demandeurs d'asile", confirme un retraité de Ludwig, qui veut rester anonyme. "Pour eux, il y a de l'argent, pas pour les retraites (...) Ca me met en colère".

"Gifle" pour les grands partis

"Je m'attends à un score de jusqu'à 30% pour les mouvements identitaires AfD et (le parti néo-nazi, ndlr) NPD, 25% pour le premier et 5% pour le second", prévient Hajo Funke, professeur de sciences politiques à l'Université libre de Berlin, qualifiant l'AfD de "lame de fond".

Quant aux deux principaux partis, le Parti social-démocrate (SPD) et la CDU, en coalition dans ce Land ainsi qu'au niveau fédéral, M. Funke leur promet une "gifle". Un sondage publié mercredi 31 août leur donne des scores respectifs de 28% et 20%, contre 35,6% et 23% en 2011.

En cause, selon M. Funke, la "déception des électeurs" envers le gouvernement régional sortant et sa politique d'austérité, que les bons résultats économiques (chômage à 9% en 2016 contre 18% en 2005) n'ont pas réussi à contrebalancer.

Au-delà de la question des réfugiés, l'AfD tire sa force "de la difficulté qu'ont le SPD et la CDU à se différencier", reconnaît M. Weinhold. "Beaucoup de gens ne se sentent plus représentés", ajoute-t-il. Un rejet des élites sur lequel les populistes surfent.

Désemparés par le succès croissant des populistes qui ont déjà obtenu des scores importants lors de régionales au printemps, certains responsables politiques musclent leur discours et critiquent la politique migratoire de la chancelière, pourtant quasi-unanimement soutenue l'automne dernier.

Cette politique a "provoqué une scission dans notre société", peste le chef du gouvernement régional sortant, Erwin Sellering (SPD). "Le climat en Allemagne a massivement changé", s'alarme-t-il en raison de la "tâche énorme" que représente l'intégration des réfugiés.

Merkel, droit dans ses bottes

Face aux critiques, Angela Merkel reste fidèle à son credo : si c'était à refaire, elle reconduirait la même politique d'ouverture aux migrants, a-t-elle assuré samedi au quotidien Bild.

Même si, depuis les deux attaques commises fin juillet par des demandeurs d'asile et revendiquées par l'organisation État islamique, elle a donné une connotation plus sécuritaire à sa politique.

Dans les derniers jours de la campagne, la chancelière a multiplié les interventions dans les médias, appelant les électeurs à se détourner des populistes : "Je veux encourager les gens à aller voter (...) pour des partis qui présentent des solutions aux problèmes. L'AfD, pour moi, n'en fait pas partie".

Thomas Grosch, infirmier en gériatrie de 33 ans, a bien reçu le message : "Je vote CDU, c'est le parti le plus raisonnable. La question des réfugiés ne joue pas de rôle déterminant" dans la région.

AFP/VNA/CVN

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