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Le commissaire européen au Marché intérieur, Thierry Breton, à Bruxelles le 16 mars. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"L'Europe prend son destin en main. En maîtrisant les semi-conducteurs les plus avancés, l'UE deviendra une puissance industrielle sur les marchés du futur", s'est félicité le commissaire européen au Marché intérieur Thierry Breton, saluant ce texte connu sous le nom de "Chips Act".
L'idée est de "rééquilibrer et de sécuriser nos chaînes d'approvisionnement", a-t-il insisté.
L'objectif affiché est d'atteindre 20% du marché mondial en 2030, soit deux fois plus qu'aujourd'hui : l'UE devra pour cela quadrupler sa production.
Pour y parvenir, le texte prévoit de mobiliser 43 milliards d'euros d'investissements publics et privés dans le développement de centres de production. Des fonds européens existants seront mis à contribution, tandis que les règles de l'UE en matière d'aides d'État seront assouplies.
L'Europe a vu sa part de marché chuter ces dernières décennies à moins de 10% de la production mondiale, tandis que s'aggravait sa dépendance à l'égard des producteurs asiatiques qui dominent le marché mondial : Taïwan (Chine) (où sont produites 90% des puces les plus avancées dans le monde), Corée du Sud, et de plus en plus Chine.
Or, la pandémie de COVID-19, en paralysant les chaînes d'approvisionnement en Asie, a entraîné d'importantes pénuries de puces au point de mettre en difficulté l'industrie automobile européenne -un électrochoc pour le continent.
L'UE mobilisera également 3,3 milliards d'euros pour la recherche et le développement, précise l'accord.
Un système de surveillance des pénuries sera établi pour permettre à la Commission d'agir en temps de crise, en priorisant les approvisionnements disponibles ou en réalisant d'éventuels achats communs.
"Base manufacturière solide"
Les semi-conducteurs sont incontournables dans de nombreux objets du quotidien (smartphones, électroménager, autos...) mais aussi dans les centres de stockage de données, au cœur de l'économie numérique en plein boom, et ils sont essentiels aux technologies vertes cruciales pour décarboner l'économie.
L'accord de mardi 18 avril "ouvre la voie à une industrie des puces compétitive (en Europe), alimentera une industrie des technologies propres fabriquées en Europe, et renforcera notre résilience et notre souveraineté numérique", s'est félicitée la présidente de la Commission Ursula von der Leyen.
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, lors d'une sesssion plénière du Parlement européen, à Strasbourg, le 18 avril. |
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"Il n'y aura pas de transition verte ou numérique sans une base manufacturière solide", a renchéri M. Breton.
D'ores et déjà, le franco-italien STMicroelectronics ainsi que les américains GlobalFoundries et Intel ont dévoilé des projets de méga-usines de semi-conducteurs en France et en Allemagne : ils pourront désormais solliciter des subventions publiques.
L'Europe accuse un retard vis-à-vis de l'Asie, où l'essentiel de la production de puces s'effectue, à Taïwan avec le géant mondial du secteur TSMC, mais aussi en Corée du Sud, avec des leaders comme Samsung et SK Hynix.
Mais également vis-à-vis des États-Unis, maîtres dans le design des puces avec des acteurs comme Intel, Micron, Nvydia et AMD.
L'UE était par ailleurs sous forte pression face à l'accélération d'autres pays : les États-Unis ont adopté en août 2022 un plan à 52 milliards d'USD (47 milliards d'euros) pour relocaliser la fabrication de puces électroniques sur leur sol, tandis que Japon, Corée du Sud et Chine annoncent des investissements colossaux, et que Taïwan entend maintenir son avance.
Le texte s'inscrit dans la volonté de l'Europe de réduire sa vulnérabilité aux chocs géopolitiques, à la suite de la crise en Ukraine qui a cruellement mis en lumière la dépendance des Vingt-Sept au gaz russe.
Bruxelles a proposé mi-mars un autre texte visant à sécuriser les approvisionnements en matières premières critiques indispensables à l'industrie européenne et notamment aux technologies vertes (batteries, éoliennes, solaire...), du lithium au cobalt en passant par le nickel ou les terres rares.
AFP/VNA/CVN