À Washington, les food trucks migrent vers les zones résidentielles pour survivre

L'épidémie du coronavirus a vidé le centre-ville de Washington, et les food trucks qui nourrissaient les quartiers d'affaires ont disparu. Pour survivre, les camions de plats à emporter vont désormais chercher les clients là où ils sont confinés.

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Brian Potter, employé du food truck Dirty South Deli, le 24 avril à Washington
Photo : AFP/VNA/CVN

À Brookland, un quartier résidentiel du nord-est de la capitale américaine, Jason Tipton a garé son camion bleu "Dirty South Deli" (DSD) dans une rue calme bordée de petites maisons mitoyennes. Il a beaucoup de pré-commandes, sans compter les clients qui viennent à l'improviste. Au bout d'une heure, la moitié de sa carte de sandwichs est en rupture de stock. "C'est une bonne surprise, on a eu une grosse journée", dit-il en souriant sous son masque.

À la mi-mars, les grandes entreprises ont mis en place le télétravail, les écoles et musées de Washington ont fermé, les concerts et événements sportifs ont été annulés. Pour cette micro-entreprise de quatre salariés, la flexibilité a été la clé pour survivre. Grâce à Twitter, aux publicités sur les réseaux sociaux de voisinage et au bouche-à-oreille, "DSD" s'est retrouvé une clientèle et change d'itinéraire chaque jour. Les clients aussi sont satisfaits.

"On aime bien cuisiner, mais la diversité des restaurants de la ville nous manque alors on se fait une petite folie", dit Elise Blake, une professeure de musique de 37 ans qui habite de l'autre côté de la rue.

"Livrés à nous-mêmes"

Pour son compagnon, David Murray, "c'est malin de la part de ces camions d'aller vers les gens qui ne peuvent plus se rendre au centre-ville". Lui aussi musicien, au sein de l'Orchestre symphonique national, et confiné depuis la mi-mars, il veut "aider les petites entreprises" à surmonter la crise. "On a gagné assez aujourd'hui pour être à l'équilibre" dit Jason Tipton, mais l'avenir reste sombre.

"On est livrés à nous-mêmes et il faut gagner de l'argent", dit-il, affirmant ne pas avoir "d'alternative si on ferme". Il n'a pas fait de demande d'aide fédérale pour les PME et ignore si son dossier de prêt auprès de la municipalité sera accepté. Plus au sud, dans le quartier branché de H Street, Kadeem Todd et Denville Myrie ont installé leur camion "JerkatNite" devant le restaurant qu'ils étaient en train de monter lorsque le coronavirus a commencé sa propagation.

Kareem Todd (gauche) et Denville Myrie (droite) devant leur food truck Jerk@Nite, le 24 avril à Washington.

Ils ont débuté en 2012, en vendant leurs plats bios jamaïcains - leur pays d'origine - sur le campus de l'Université Howard. Puis ils ont placé leurs deux food trucks dans le quartier d'affaires proche de la Maison Blanche. Il y a huit mois, ils ont décidé de s'installer dans un établissement "en dur". "La maladie du COVID-19 a tout changé, on a vécu deux semaines d'arrêt total", raconte Kareem Todd.

Rouler au hasard

Grâce à leur compte Instagram et au bouche-à-oreille, les clients ont commencé à revenir, explique l'homme de 28 ans. Le camion garé devant le restaurant fait de la vente à emporter, le second fait deux tournées par semaine, sur le campus universitaire et dans un complexe d'appartements en banlieue.

"On survit avec les applications de livraisons à domicile, mais on ne pourra pas tenir longtemps", soupire Kareem Todd, qui a dû se séparer de la moitié de ses 13 salariés. La société étudie les possibilités d'aides fédérale et locale, mais sans grand espoir. "On essaye de s'en sortir par nous-mêmes, on ne peut pas attendre que quelqu'un nous sauve", dit Kareem Todd.

Selon Zack Graybill, président de l'Association des food trucks de la région de Washington, la moitié de sa centaine de membres font désormais des tournées dans les zones résidentielles. Co-responsable de "DC Slices", basé dans le comté voisin d'Arlington, en Virginie et spécialisé dans les pizzas, il explique avoir "roulé au hasard, sans savoir si on allait gagner 10 ou 500 dollars" avant de trouver ses marques début avril.

Mais la survie a un prix. Deux de ses quatre camions ne tournent plus, et le personnel est passé de 15 à trois. Au sein de l'association, 15% des membres ont interrompu leurs opérations. Si Zack Graybill espère que la crise sera passée en juin, il ne veut pas être trop optimiste. "L'important c'est de se concentrer sur le présent", dit-il.


AFP/VNA/CVN

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