À New York, les musiciens ambulants ont le blues

Ils peuvent tout interpréter, mais aujourd'hui les musiciens ambulants qui peuplent le métro de New York jouent tous le blues de la récession.

Des dizaines, sans doute des centaines de musiciens, sont postés le long des couloirs ou sur les quais du lugubre métro de la ville, jouant des castagnettes mexicaines ou du tympanon chinois, interprétant des airs d'opéra ou du "country". Mais ils disent avoir de plus en plus de mal à s'en sortir et à attirer l'attention des passagers pressés.

"J'ai joué toute la journée et voilà", dit le trompettiste Ron Michaels, 55 ans, qui montre une collecte de moins de 20 dollars en pièces et billets au fond d'une vieille boîte de café. Il est pourtant posté à Times Square, où des centaines de milliers de personnes transitent chaque jour. "La crise nous touche aussi", dit-il.

Calebe Arruda, guitariste et violoniste d'origine brésilienne qui joue à Grand Central, pense que les voyageurs éprouvent tous la même angoisse, qui bloque le désir de consommation. "Si vous partez de chez vous aujourd'hui et donnez 25 cents à tous ceux que vous voyez, vous allez finir par dépenser plus de 5 dollars. Et les gens y pensent à 2 fois maintenant", dit ce musicien à la voix douce, âgé de 49 ans.

Rares il y a 2 décennies, les musiciens du métro sont aujourd'hui une centaine officiellement sélectionnés par la "Metropolitan Transport Authority", l'organisme qui gère le réseau, et on peut voir un nombre sans cesse croissant de clandestins sans permis.

"Il y a plus de musiciens que jamais, alors la concurrence est rude", dit Sean McCaul, qui tente de calmer la frénésie des voyageurs des heures de pointe avec son vibraphone.

Luke Ryan, un vétéran de la musique souterraine, est lui aussi pessimiste. "Je réussissais à en vivre, maintenant je le fais seulement parce que j'aime ça", dit cet interprète de ballades traditionnelles. Au fil de ses années de pratique, il a découvert que les riches sont loin d'être les plus généreux quand il s'agit de déposer un billet dans l'étui de sa guitare, sur lequel on peut lire "stimulus économique". "Les gens qui ont de l'argent n'en donnent pas. Ils n'ont aucune compassion", dit-il. "Les vrais travailleurs, les immigrants : ce sont eux qui mettent un billet ou une pièce", souligne-t-il.

Beaucoup disent le faire plus par amour que pour l'argent. "On fait du spectacle gratuit. Si ceux qui nous écoutent donnent, ils devraient le faire avec leur coeur", dit Gerard Giddiens, 50 ans, membre d'un quatuor qui chante des airs des années 50 et 60 à la station de la 77e rue.

Technicien informatique, Angel Diaz, 48 ans, a laissé passer 4 rames pour pouvoir profiter des chanteurs. "C'est de l'art, et les gens qui apprécient laissent un peu d'argent. Ils nous chantent la musique des jours anciens, nous rappellent comment c'était avant que ça tourne mal!" dit-il en déposant un dollar dans une sacoche avant de sauter dans son train.

AFP/VNA/CVN

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