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Vue artistique fournie par l'ESA le 21 juin 2024 montrant une naine brune orbitant près de son étoile hôte. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Plus grosses que des planètes mais plus petites que des étoiles, les naines brunes sont difficiles à repérer du fait de leur faible luminosité. Elles sont d'autant moins visibles quand elles se trouvent près d'une étoile mille fois plus brillante.
Beaucoup ont pu être observées parce qu'elles se "baladaient seules, comme des objets isolés, donc on n'était pas ébloui par l'étoile", explique à l'AFP Sylvestre Lacour, chercheur CNRS, l'un des auteurs de l'étude parue cette semaine dans Astronomy & Astrophysics.
Mais pour la première fois, des naines brunes ont été trouvées orbitant tout près de leurs étoiles hôtes, à des distances équivalentes à celle séparant la Terre du Soleil.
Les astronomes sont partis du dernier catalogue de la sonde spatiale européenne Gaia, qui dresse une carte des étoiles dans la Voie lactée, avec leur position. Certaines présentaient "un mouvement orbital bien particulier, nous laissant penser qu'une naine brune pouvait tourner autour", raconte l'astrophysicien.
Huit "candidates" à cibler sont sélectionnées parmi des milliers de systèmes stellaires. Grâce à ces indications, l'instrument Gravity du Très grand télescope (le VLTI) de l'Observatoire européen austral (ESO) au Chili, est allé "regarder à l'endroit prédit", développe auprès de l'AFP Carine Babusiaux, chercheuse à l'Université de Grenoble Alpes, également autrice de l'étude.
Jouant son rôle de loupe, l'interféromètre a mesuré avec précision les objets pré-identifiés par Gaia. Les scientifiques ont ainsi pu analyser leur luminosité et leur masse, et en déduire l'existence de naines brunes pour cinq des huit candidates.
Ces "compagnons cachés" des étoiles, situés à moins de 200 années-lumière de la Terre, font entre 60 et 80 fois la masse de Jupiter.
La découverte permettra de mieux comprendre ce que sont les naines brunes, des corps célestes qu'on pourrait comparer à des "étoiles avortées".
Les scientifiques cherchent notamment à savoir si ces objets "naissent comme des étoiles, par un nuage de gaz qui se comprime, ou comme des planètes, en périphérie d'un disque d'accrétion autour d'une étoile", dit Sylvestre Lacour.
Contrairement à une étoile, la naine brune ne brûle pas d'hydrogène en son cœur. Elle est donc beaucoup moins brillante (mille fois moins dans le cas de cette étude), mais elle émet tout de même un flux lumineux dont les planètes sont dépourvues.
L'étape d'après sera la détection d'exoplanètes, grâce à la combinaison des télescopes Gaia et Gravity qui pourrait permettre leur observation directe, espèrent les chercheurs.
AFP/VNA/CVN