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Des véhicules garés devant une concession automobile Vauxhall dans le nord de Londres, le 4 juin. |
Nick Locke, responsable d'une concession Vauxhall dans le Nord de Londres, ne cache pas son soulagement de pouvoir renouer le contact avec ses clients et son personnel, qui était en chômage partiel.
"Rouvrir a eu quelque chose de rafraîchissant", explique-t-il, au milieu de voitures flambant neuves de cette marque parmi les plus populaires auprès des Britanniques. "Nous avons été plus occupés que ce nous pensions" ces derniers jours, que ce soit dans la vente ou les services après-vente, se félicite-t-il, même si la concession a réduit le nombre de commerciaux pour l'instant.
Quelques clients se renseignent, d'autres examinent de près le modèle d'une Astra d'un bleu brillant, signe d'un début de retour à la normale mais avec des mesures sanitaires strictes.
Des masques et du gel hydroalcoolique sont disposés à l'entrée, des vitres ont été installés devant les bureaux des commerciaux et la distanciation est la règle. "Il faudra probablement quatre à six mois pour revenir à ce qu'on a connu avant la pandémie", confie M. Locke.
Le marché automobile britannique a quasiment été réduit à néant en avril et en mai, avec des plongeons autour de 90% des ventes sur un an, un choc jamais observé depuis des générations.
Impact dévastateur
Le confinement a eu un "impact dévastateur sur le marché" et "la réouverture cette semaine des concessionnaires est un moment clé pour le secteur et les milliers de gens qu'il emploie", veut croire Mike Hawes, directeur général de la SMMT, l'association des professionnelle de l'automobile.
L'année 2020 dans son ensemble sera catastrophique pour le secteur, la SMMT prévoyant une production inférieure à un million de véhicules, soit moins qu'en 2009, l'année où l'industrie avait pris de plein fouet la crise financière. Le manque à gagner est évalué à 400.000 voitures sur l'année, soit 12,5 milliards de livres.
Des clients et un vendeur masqués dans une concession automobile de Vauxhall dans le nord de Londres, le 4 juin. |
Vauxhall s'estime bien placé puisqu'il fabrique des modèles bon marché, qui pourraient séduire des clients dont le pouvoir d'achat aura souffert de la pandémie.
Le marché dans son ensemble espère que des Britanniques feront le choix d'acheter un véhicule pour se rendre au travail, compte tenu des risques sanitaires potentiels à prendre les transports en commun. Il s'attend toutefois à une concurrence plus rude désormais, notamment de la part des plateformes en ligne, avec possiblement une guerre des prix comme souvent après les crises, surtout dans les zones populaires comme celle où sa concession se trouve.
Mais les professionnels aimeraient surtout un coup de pouce des pouvoirs publics, au-delà des mesures d'urgence déjà mises en place pour amortir le choc économique.
Selon le quotidien The Guardian, le secteur discute avec le gouvernement d'une possible prime à la casse d'un montant total de 1,5 milliard de livres pour des voitures à essence ou diesel, en alignant les aides sur celles proposées pour les véhicules plus propres.
De telles mesures s'inscriraient toutefois en faux avec l'objectif affiché par Londres d'atteindre la neutralité carbone en 2050. Dans le même temps, les entreprises du secteur ont déjà bénéficié de nombreuses mesures de la part du gouvernement comme le chômage partiel ou des prêts.
Les constructeurs japonais Nissan et Toyota ont par exemple reçu des prêts, de respectivement 600 millions et 365 millions de livres, de la part des pouvoirs publics, selon des chiffres dévoilés jeudi par la Banque d'Angleterre.
La pandémie, elle, fait déjà des dégâts profonds sur l'ensemble du secteur, qui va devoir s'adapter à une demande plus faible. La chaîne de concessionnaires Lookers vient d'annoncer 1.500 suppressions d'emplois et la fermeture de 12 magasins, tandis que le fabricant des voitures de luxe Aston Martin va licencier 500 personnes.