À la COP23, une allocution américaine attendue

Une représentante des États-Unis devait s'adresser jeudi 16 novembre à la conférence climat de l'ONU à Bonn, où les négociateurs tentent d'avancer dans leurs tractations en dépit du retrait américain de l'accord de Paris.

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À la COP23, les délégués de près de 200 États travaillent à la mise en place des règles d'application de l'accord de Paris.

Judith Garber, secrétaire d'État adjointe aux Affaires scientifiques et environnementales, s'exprimera jeudi dans l'après-midi, veille de clôture de cette COP23.

"La position de l'administration sur l'accord de Paris reste inchangée", a souligné le département d'État dans un communiqué sur sa venue : "les États-Unis ont l'intention de se retirer de l'accord, à moins que le président puisse identifier des termes plus favorables aux entreprises, travailleurs et contribuables américains".

La formule reste inchangée depuis l'annonce de retrait faite en juin par Donald Trump, et Washington n'a jamais identifié quels seraient ces "termes".

Deuxième émetteur de gaz à effet de serre au monde, et premier émetteur historique, les États-Unis ne pourront se retirer formellement de l'accord avant novembre 2020.

Mais en attendant, le gouvernement a déjà annulé le "plan pour une énergie propre" de Barack Obama qui visait à réduire les émissions des centrales thermiques, ainsi que les engagements financiers au Fonds vert de l'ONU pour soutenir les pays en développement.

Données sur les variations récentes d'indicateurs du dérèglement climatique
Photo : AFP/VNA/CVN

L'accord de Paris adopté en décembre 2015 vise à garder le monde sous 2°C de réchauffement par rapport au niveau d'avant la Révolution industrielle.

Depuis l'ouverture de la COP23, présidée par les îles Fidji, les délégués de près de 200 États travaillent à la mise en place des règles d'application de l'accord : par exemple, comment suivre les engagements nationaux.

Irritation

Les pays en développement et émergents en particulier ont exprimé leur mécontentement, accusant les pays développés d'engagements insuffisants sur les questions de financements ou de réductions d'émissions.

La délégation de négociateurs américains notamment a pu susciter l'irritation parmi ces pays.

"Sur la question des financements ils ont une ligne plutôt dure et ils ont commencé à susciter de la colère", explique l'Américain Alden Meyer, observateur de longue date de ces négociations climat qui se tiennent à huis clos.

Pays qui ont signé, ratifié ou qui sont hors de l'accord de Paris pour le climat, en fonction de leur poids dans les émissions mondiales de gaz à effet de serre
Photo : AFP/VNA/CVN

"Ce sera très intéressant de voir quel seront à la fois le contenu et le ton (de l'intervention américaine jeudi), et quelle réaction elle reçoit", dit-il.

Mme Garber s'exprimera aussi trois jours après l'organisation à Bonn par la Maison Blanche d'une présentation sur l'utilité des énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz). L'initiative a été froidement accueillie à la COP, et l'événement perturbé en chanson par des manifestants.

"Elle réitèrera probablement la décision de Trump de se retirer, ou elle marchandera", estime Naomi Ages, de Greenpeace USA. "À Bonn, nous avons vu l'administration américaine promouvoir les énergies fossiles, alors qu'est-ce que Mme Garber peut ajouter ?"

Mercredi 15 novembre, le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a mis en garde contre la poursuite des investissements dans les énergies fossiles qui promettent "un avenir insoutenable".

"Les marchés doivent être réorientés loin de ce qui est contre-productif", a-t-il déclaré à la tribune lors de l'ouverture de la séquence ministérielle de la COP.

Plus de 150 ministres et responsables gouvernementaux au total doivent se succéder mercredi 15 novembre et jeudi 16 novembre.

Le président français Emmanuel Macron a appelé mercredi 15 novembre l'Europe à compenser le manque de financements du Groupe d'experts du climat de l'ONU (Giec), après le retrait américain.

La chancelière allemande Angela Merkel a réaffirmé l'engagement climatique de l'Allemagne, tout en admettant ses difficultés à résoudre la question du recours allemand au charbon, au grand dam des ONG.

Mais un petit Fidjien leur aura presque volé la vedette, Timoci Naulusala, 12 ans, venu raconter à la tribune la dévastation de son village par un cyclone.

"Mesdames et messieurs, que pouvez-vous faire ? Ne pensons plus seulement économie, mais aussi environnement", a-t-il plaidé.

AFP/VNA/CVN

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