À Jérusalem, Blinken tentera de ramener le calme à Gaza

Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken doit s'entretenir mercredi 1er mai à Jérusalem avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à l'heure où Washington exhorte le Hamas à accepter "sans plus tarder" une trêve à Gaza mais aussi Israël à renoncer à son offensive à Rafah.

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Après une réunion lundi 29 avril au Caire avec des représentants de l'Égypte et du Qatar, une délégation du Hamas a regagné Doha afin d'étudier la nouvelle proposition de trêve et devrait donner sa réponse "aussi vite que possible", selon une source proche du mouvement.

Le secrétaire d'État américain Antony Blinken (droite) est accueilli par l'ambassadeur américain en Israël, Jacob Lew, à son arrivée à l'aéroport Ben Gourion, le 30 avril 2024. 
Photo : AFP/VNA/CVN

Les pays médiateurs (Égypte, Qatar, États-Unis) attendent avec impatience cette réponse du mouvement islamiste palestinien sur une proposition de trêve de 40 jours, associée à une libération d'otages retenus à Gaza depuis le début du conflit en échange de prisonniers palestiniens détenus par Israël.

Cette proposition fait suite à des mois de blocage dans les négociations indirectes. Une trêve d'une semaine avait permis fin novembre la libération de 105 otages, dont 80 Israéliens et binationaux échangés contre 240 Palestiniens détenus par Israël.

Après avoir qualifié la nouvelle proposition "d'extraordinairement généreuse de la part d'Israël", Antony Blinken a pressé mardi 30 mars le Hamas de l'accepter "sans plus tarder". "Plus de retards, plus d'excuses. C'est maintenant qu'il faut agir", a-t-il insisté alors qu'aux États-Unis, les manifestations pro-palestiniennes appelant à un cessez-le-feu se multiplient sur les campus avec la police de New York qui est d'ailleurs intervenue dans la nuit à l'université Columbia.

Le Hamas réclame un cessez-le-feu "permanent" avant tout accord sur la libération des otages, ce qu'Israël a toujours refusé jusqu'à présent en affirmant vouloir mener une offensive terrestre à Rafah (Sud), ville considérée comme le dernier bastion local du Hamas et où s'entassent actuellement un million et demi de Palestiniens, en majorité déplacés par le conflit.

"L'idée d'arrêter le conflit avant d'avoir atteint tous nos objectifs est hors de question. Nous allons entrer dans Rafah et y éliminer les bataillons du Hamas, avec ou sans accord (de trêve) afin d'obtenir une victoire totale", a répété mardi 30 avril M. Netanyahu.

Ce dernier doit s'entretenir mercredi 1er mai à 10h45 (07h45 GMT) à son bureau de Jérusalem avec M. Blinken, qui a multiplié au cours des dernières semaines, comme le président Joe Biden, les déclarations hostiles à une opération terrestre à Rafah.

Le chef de la diplomatie française, Stéphane Séjourné, qui a plaidé pour un cessez-le-feu lors de sa rencontre mardi 30 avril avec M. Netanyahu, est attendu mercredi 1er mai au Caire, ont confirmé les autorités égyptiennes aussi opposées à une opération à Rafah, ville jouxtant leur frontière.

"La vérité est qu'une opération terrestre à Rafah sera tout simplement une tragédie sans nom. Aucun plan humanitaire ne peut contrer cela. Le reste n'est que détail", a mis en garde mardi soir 30 avril le chef des Affaires humanitaires de l'ONU, Martin Griffiths.

"Une opération à grande échelle à Rafah mènerait à une catastrophe humanitaire", a renchéri sur X le patron de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) Tedros Adhanom Ghebreyesus, appelant "toutes les parties à œuvrer en faveur d'un cessez-le-feu".

Port artificiel et Erez

Dans Nousseirat, dans le centre de la bande de Gaza, le 29 avril 2024. 
Photo : AFP/VNA/CVN

Après le froid de l'hiver, les familles déplacées à Rafah subissent à présent la chaleur qui monte, et se trouvent menacées, sans eau courante, par la propagation des maladies et la famine.

L'aide internationale, strictement contrôlée par les autorités israéliennes, arrive au compte-gouttes principalement depuis l'Égypte via Rafah, mais reste très insuffisante face aux immenses besoins des 2,4 millions de Gazaouis.

Les États-Unis font pression sur Israël pour qu'il facilite l'entrée de l'aide par la route et ont commencé à construire un port flottant face au littoral de Gaza, destiné à accueillir des cargaisons arrivées par bateau depuis Chypre. La structure sera prête jeudi 2 mai, selon le président chypriote Nikos Christodoulides.

M. Blinken s'est félicité de l'ouverture mardi 30 avril d'une voie terrestre "directe" entre la Jordanie et la bande de Gaza via le point de passage d'Erez, récemment ouvert par Israël suite à des pressions américaines.

"Il s'agit d'un progrès réel et important, mais il reste encore beaucoup à faire", a dit M. Blinken qui, avant Israël, s'est rendu en Jordanie et en Arabie saoudite dans le cadre de sa septième mission au Moyen-Orient depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas le 7 octobre.

Ce jour-là des commandos du mouvement islamiste infiltrés depuis Gaza ont mené une attaque inédite dans le Sud d'Israël, entraînant la mort de 1.170 personnes, essentiellement des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

Plus de 250 personnes ont été enlevées et 129 restent captives à Gaza, dont 34 sont mortes selon des responsables israéliens.

En représailles, Israël a juré d'anéantir le Hamas qu'il considère comme une organisation terroriste, de même que les États-Unis et l'Union européenne, et lancé une offensive qui a fait jusqu'à présent 34.535 morts, majoritairement des civils, selon le ministère de la Santé du mouvement islamiste au pouvoir à Gaza depuis 2007.

Mandats de la CPI ?

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu (gauche) salue le président américain Joe Biden à son arrivée à l'aéroport Ben Gourion de Tel Aviv, le 18 octobre 2023. 
Photo : AFP/VNA/CVN

Or selon le New York Times, Benjamin Netanyahu pourrait figurer parmi les personnes inculpées par la Cour pénale internationale (CPI) pour la conduite de ce conflit qui suscite par ailleurs une vague de manifestations et de sit-in sur les campus de grandes universités nord-américaines.

"Des institutions internationales comme la CPI ont été mises en place après l'Holocauste contre le peuple juif pour prévenir de telles horreurs, pour empêcher des génocides futurs. Et là, la CPI tente de placer Israël dans le box" des accusés, a déclaré mardi soir 30 avril M. Netanyahu y voyant un possible "scandale aux proportions historiques".

D'après le quotidien américain, des responsables du Hamas pourraient aussi être accusés par le tribunal de La Haye.

AFP/VNA/CVN

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