À Genève, atmosphère électrique pour l'industrie automobile

L'atmosphère s'annonce lourde cette semaine au salon automobile de Genève, où les constructeurs présenteront de nombreux projets de véhicules électriques, fruits d'investissements massifs, dans un contexte assombri par les guerres commerciales et la peur d'un Brexit "dur".

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Des hôtesses sur le stand du constructeur français Citroën pendant une journée presse avant le salon international de l'auto de Genève le 6 mars 2018.
Photo: AFP/VNA/CVN

Après des années de croissance et de profits record, la conjoncture s'est brutalement retournée depuis l'été 2018 sous l'effet d'une baisse inattendue du marché chinois, de loin le premier mondial avec près d'une immatriculation sur trois.

À trois semaines de la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, programmée en principe pour le 29 mars, les constructeurs, réunis à partir de mardi au centre Palexpo de Genève, rediront leur hantise d'un éventuel divorce sans accord négocié, synonyme de cataclysme pour leur industrie.

Plus de 660.000 visiteurs sont attendus pour contempler les plus de 900 voitures exposées du 7 au 17 mars.

Déjà affectés par le conflit commercial entre la Chine et les États-Unis, les groupes automobiles redoutent aussi de nouvelles barrières douanières qui pourraient être imposées par Washington contre les importations européennes.

C'est dans cet environnement incertain que les constructeurs s'engagent à marche forcée dans l'électrification des véhicules, contraints de réduire rapidement leurs émissions de CO2 pour respecter les plafonds imposés par l'Union européenne à partir de 2020, et encore durcis à l'horizon 2030.

Après avoir déjà souffert en 2018, "les profits des constructeurs et équipementiers seront minces en 2019. On peut déjà s'attendre à des avertissements sur résultats, des réductions de production et des coupes dans les effectifs", estime Ferdinand Dudenhöffer, directeur du Center Automotive Research (CAR) basé en Allemagne.

Après un recul de 1% l'an dernier, il prévoit à nouveau une baisse de 2% du marché automobile cette année, à 81,9 millions de voitures particulières, soit 3 millions de moins qu'en 2017. Résultat: des usines qui tournent parfois à vide, avec des surcapacités de production estimées à "plus de 5 millions d'unités".

Risque de lourdes amendes

Une vue générale du salon de l'auto de Genève lors d'une journée presse en 2018, tandis que le salon se tiendra cette année du 7 au 17 mars.
Photo: AFP/VNA/CVN

"Les belles années qu'on a connues depuis dix ans sont derrière nous", confirme Flavien Neuvy, directeur de l'Observatoire Cetelem de l'automobile.

Selon lui, les groupes auto risquent de lourdes amendes en Europe dès l'an prochain, car l'objectif de 95 grammes de CO2 par véhicule en moyenne sur leur gamme semble "quasi impossible à tenir". Une étude récente du cabinet de conseil BCG a estimé leur coût potentiel entre 500 millions et un milliard d'euros par constructeur.

"Il va vraiment falloir vendre beaucoup de voitures électriques pour limiter la casse", alors que les ventes de diesel ne cessent de reculer au profit de motorisations essence plus émettrices de CO2, estime M. Neuvy.

D'autant plus que l'attirance des automobilistes pour les SUV (4x4 de loisir) ne se dément pas. Ces véhicules, plus lourds et polluants, représentent désormais plus d'une vente sur trois.

Les modèles exposés à Genève reflèteront ces préoccupations, avec de nombreux concepts électriques proches des véhicules de série. Citroën et Honda présenteront ainsi leur vision des futures citadines propulsées par des batteries.

Un visiteur regarde un modèle Volvo Car Group pendant les journées presse du salon international de l'automobile à Genève le 7 mars 2018.
Photo: AFP/VNA/CVN

Du côté des marques de prestige, Aston Martin, Audi et Mercedes montreront de nouveaux concepts de SUV électriques. Ils doivent au plus vite rivaliser avec le constructeur californien Tesla, absent des stands à Genève mais présents dans tous les esprits au moment où débarque en Europe sa berline Model 3, best-seller des véhicules premium aux États-Unis en fin d'année dernière.

Les dernières générations des deux citadines françaises Renault Clio et Peugeot 208 font aussi leur première apparition.

Meilleure vente en France et numéro deux du marché européen derrière la Golf de Volkswagen, la nouvelle Clio s'avère cruciale pour la marque au losange. La 208 de son côté se décline pour la première fois en version électrique.

Genève est traditionnellement le terrain de prédilection des bolides de luxe. Bentley y présentera cette année sa Bentayga Speed, qui revendique le titre de SUV de série le plus rapide du monde (306 km/h). Dans le registre du prestige, les nouveaux cabriolets Huracan Evo Spyder de Lamborghini et Porsche 911 devraient attirer les regards, tout comme la Ferrari F8 Tributo et son moteur à 720 chevaux.


AFP/VNA/CVN

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