Renouer avec l’esprit traditionnel des fêtes villageoises

Lors d’une récente rencontre avec la presse, le Docteur Nguyên Van Huy, directeur adjoint du Centre de la préservation et de la valorisation des patrimoines, a proposé des solutions pour endiguer les débordements et les mauvais comportements dans les fêtes culturelles.

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À l’heure d’un pays de plus en plus intégré dans un réseau mondial, un certain nombre de traditions culturelles risquent de disparaître. Dans ce contexte, les fêtes folkloriques favorisent la solidarité au sein de la communauté vietnamienne et la préservation des valeurs culturelles transmises de génération en génération. Mais aujourd’hui, le caractère solennel des fêtes est remis en cause.

Récemment, les journaux ont publié nombre d’images, de vidéo-clips et d’articles sur l’envers du décor des fêtes printanières. Par exemple, la pagode Huong (pagode des Parfums) a été souillée par des déchets jetés par les touristes. De nombreuses personnes profitent des jeux folkloriques pour gagner frauduleusement de l’argent ou augmenter de façon excessive les prix.

Plusieurs fêtes traditionnelles qui attirent des milliers de visiteurs, provoquent des embouteillages. Sans parler de la violence : des pèlerins se bousculent et se battent pour obtenir un objet de culte sacré. Des phénomènes régulièrement observés depuis quelques temps. Constatant ce problème, le Docteur Nguyên Van Huy, directeur adjoint du Centre de la préservation et de la valorisation des patrimoines et membre du Conseil national des patrimoines culturels, a donné son avis sur l’organisation des fêtes et proposé des pistes pour la suite.

Comment évaluez-vous l’enver-gure de ces débordements sur le total de 8.000 fêtes organisées chaque année ?

Ce haro concerne seulement quelques fêtes. En effet, j’ai participé à de nombreuses fêtes locales qui ont été paisibles, et c’est pourquoi il ne faut pas généraliser. Je trouve que la culture festive joue un rôle important dans la vie culturelle des ruraux. Récemment, j’ai visité la fête du village de Luu Xa, dans le district de Chuong My, Hanoi. Cette activité culturelle conserve la caractéristique paisible des fêtes traditionnelles.

Au Vietnam, environ 8.000 fêtes traditionnelles sont organisées chaque année.

Que pensez-vous des activités cultuelles disproportionnées organisées en marge des fêtes villageoises ?

Beaucoup de localités ont organisé des cérémonies de culte de manière déraisonnable, avec pour objectif d’attirer un maximum de visiteurs. Beaucoup de pèlerins se rendent dans les fêtes, les temples, les pagodes pour solliciter la richesse en oubliant la valeur authentique des monuments historiques et des patrimoines culturels. Il me semble qu’aujourd’hui, au lieu de faire des efforts, les hommes préfèrent pratiquer des cultes dédiés aux divinités en espérant attirer le succès dans leur vie. Je pense que ces croyances dépassent l’entendement.

Lors de certaines fêtes, dont celle au temple Trân, on assiste encore à des scènes de violence. Quelles sont pour vous les mesures à prendre ?

Pour assurer la sécurité et l’ordre public lors des fêtes, il faut punir sévèrement les personnes qui perturbent les activités culturelles de la communauté. L’organisation des fêtes doit respecter la richesse des traditions sans oublier d’observer la loi. Cette dernière doit traiter tous les comportements déplorables.

D’autre part, les localités doivent attacher une importance particulière à la manière de préparer ces fêtes. Je peux citer en exemple la fête traditionnelle du tire à la corde du bourg de Huong Canh, dans la province de Vinh Phuc (Nord). Cette dernière a été d’ailleurs reconnue comme faisant partie du patrimoine culturel mondial. De par sa singularité, les autorités locales ont construit un stade où se déroulent les compétitions. Il est à noter que les habitants participant à la fête respectent l’ordre public. Une autre mesure qui pourrait être prise pour assurer la sécurité : faire la queue pour visiter les sites historiques sous la surveillance de policiers.

D’après vous, devrait-on enlever la distribution des sceaux au temple Trân ?

Des pèlerins se bousculent au temple Trân à Nam Dinh.

La cérémonie de l’ouverture des sceaux du temple Trân suivie par la distribution des sceaux est un événement culturel annuel de quelques villages, notamment dans les provinces de Nam Dinh et de Thai Binh (Nord). Sous la dynastie Trân (1225-1400), l’ouverture des sceaux était un rite de début d’année marquant le commencement du travail de l’appareil administratif.

Aujourd’hui, on a tendance à exagérer la portée de cette tradition, considérée comme une cérémonie nationale. Le nombre de visiteurs est largement supérieur à celui des tampons prévus, provoquant dès lors des bousculades. Un comportement déplorable, qui affecte l’image solennelle de ce rite.

D’après moi, les autorités doivent préserver cette cérémonie en se souciant de la manière de l’organiser. Cette année, plus de 2.000 policiers ont été mobilisés pour assurer la sécurité et l’ordre public lors la fête du temple Trân dans la province de Nam Dinh.


Van Toan-Ngoc Yên/CVN

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