Des mesures pour protéger le grenier à riz du pays

La sécheresse et la salinisation s’aggravent dans le delta du Mékong, reconnu depuis longtemps comme le grenier à riz du Vietnam. Estimations et recommandations de quelques spécialistes pour protéger cette région des dangers qu’elle encourt actuellement.

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Dix-huit millions de personnes directement menacées

Nguyên Phong Quang, vice-directeur du Comité de pilotage du Nam Bô occidental

Surnommé le grenier à riz du Vietnam, le delta du Mékong assure actuellement 55,5% de la production de paddy, 70% des fruits et 69% des produits aquatiques du pays. La sécheresse et la salinisation deviennent un gros problème non seulement pour cette région, mais aussi pour l’ensemble du pays, car ils menacent la sécurité alimentaire nationale. C’est pour cette raison que les villes et provinces de la région collaborent étroitement avec les ministères concernés afin d’appliquer des mesures de lutte urgentes.

Dans l’immédiat, toute la région se mobilise à la construction et à la consolidation des barrages pour endiguer les remontées d’eau de mer au sein des zones rizicoles importantes, comme le quadrilatère de Long Xuyên et la Plaine des Joncs. Sur un plus long terme, je pense que le gouvernement devra travailler avec les pays voisins en vue de définir des mesures homogènes pour garantir les ressources d’eau douce du Mékong, ainsi que pour mettre en place des actions de lutte contre la sécheresse et la salinisation à un niveau régional.

Il nous faut nous lancer activement dans le combat
Cao Duc Phat, ministre de l’Agriculture et du Développement rural

Avec la sécheresse et la salinisation qui s’aggravent depuis la fin de 2015, le ministère de l’Agriculture et du Développement rural (MADR) a pris un train de mesures. Nous avons annoncé et actualisé l’évolution de ces phénomènes dans chaque localité, des villages aux provinces. En même temps, nous avons demandé aux villes et provinces d’accélérer le renforcement des ouvrages hydrauliques et de construire de nouveaux lacs en tant que réservoirs d’eau douce. En particulier, le MADR a demandé aux autorités locales d’accorder des aides financières aux agriculteurs les plus frappés par ces phénomènes. Dans l’immédiat, un hectare de rizière détruit à 70% donne lieu à attribution d’une aide de deux millions de dôngs, et les rizières ravagées entre 30% et 70%, il faut compter un million de dôngs/ha.

Le débit d’eau en amont du Mékong est très faible
Hoàng Duc Cuong, directeur du Centre national de prévisions météorologiques et hydrologiques

Selon les prévisions, la sécheresse et la salinisation s’aggraveront de plus en plus dans le delta du Mékong. Pendant cette saison sèche, c’est-à-dire de décembre 2015 à avril 2016, le débit en amont du delta du Mékong est de 20% à 50% inférieur à la moyenne des précédentes années. Par ailleurs, le niveau d’eau dans les bras principaux du Mékong reste toujours bas en raison des marées. La remontée des eaux salées dans les embouchures du Sud est forte, d’une plus grande intensité qu’auparavant. Dans les fleuves Tiên et Hâu, deux des principaux bras du Mékong, la salinité devrait atteindre 4 g pour un litre d’eau, et ce jusque dans des zones comprises entre 50 et 70 km à l’intérieur des terres. Et cette salinité continuera de s’intensifier, et ce jusqu’au début de mai prochain.

Recherche sur des variétés de riz adaptées à la salinité
Nguyên Thuy Kiêu Tiên, directrice adjointe de l’Institut du riz du delta du Mékong

Depuis 2005, l’Institut du riz du delta du Mékong réalise des programmes de croisement et d’hybridation de nouvelles variétés de riz tolérant davantage la salinité, la sécheresse et les inondations. Ces nouvelles variétés qui commencent à être cultivées dans la région s’avèrent bien s’adapter aux sols du delta, mais leurs capacités de résistance aux nouvelles conditions de ces derniers sont encore insatisfaisantes. Nous continuons donc nos recherches afin de pouvoir obtenir des variétés de riz capables de s’adapter à des terres d’une salinité atteignant 4%, ou de résister à des périodes d’inondation de près de 14 jours, tout en conservant un rendement élevé. Simultanément, nous nous lançons dans la recherche des nouvelles techniques culturales plus appropriées aux conditions résultant du changement climatique.

Nécessité de protéger les ressources d’eau douce
Lê Anh Tuân, de l’Institut des études sur le changement climatique, Université de Cân Tho

La protection des ressources d’eau douce est maintenant essentielle. Les questions de pollution de l’environnement, de salinisation et de détérioration des terres arables bouleversent la vie de la population du delta du Mékong. En effet, beaucoup de gens ont dû abandonner leur village pour aller trouver un emploi dans les grandes villes, ce qui entraîne un manque de travailleurs agricoles dans cette région importante puisqu’elle est le grenier à riz du pays. Si l’État ne prend pas à temps des mesures pour régler cette problématique, il sera difficile de s’assurer d’un développement socio-économique durable de la région. Il est essentiel d’instituer une collaboration étroite entre les décideurs de politiques, les scientifiques et les gestionnaires locaux dans la définition d’une stratégie de développement socio-économique de la région.

Linh Thao/CVN

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