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Les femmes Thai sont bien embêtées pour enfiler leur casque avec leur gros chignon sur la tête.

Il était temps ! Les femmes de l’ethnie Thai vont enfin avoir un casque à leur mesure. Vivant essentiellement dans le Tây Bac (région Nord-Ouest), les femmes de cette ethnie disposent toute d’une longue chevelure enroulée en chignon au sommet de la tête. Ce trait culturel, qui vient se greffer à la tenue, permet de les distinguer au premier coup d’œil.

Une question de sécurité

Autrefois, ce chignon ne posait aucun problème, puisque de «motorbike», il n’y avait point. Mais aujourd’hui, la donne a changé. Ces petits deux-roues sont partout et le port du casque est obligatoire, pour des raisons de sécurité évidentes. Cependant, il suffit de se balader sur les routes de la région pour constater que les femmes Thai portent le casque (quand elles le portent) par dessus le chignon, l’attache étant «bricolée» pour pouvoir tenir (cf. photo). En cas d’accident, si le chignon de la personne ne risque aucun traumatisme, le crâne en revanche...

Consciente de ce problème, la compagnie des casques et des produits plastiques HI, dans la province de Hung Yên (Nord), s’est lancée dans l’étude d’un modèle spécialement conçu pour elles. Lors de la Journée de sensibilisation sur la sécurité routière pour les ethnies minoritaires du Tây Bac organisée le 30 octobre dans la province de Son La, cette société a distribué gratuitement une trentaine de ces exemplaires à des femmes Thai de six provinces : Lai Châu, Son La, Yên Bai, Diên Biên, Hoà Binh et Lào Cai.

Ce casque ressemble à un modèle lambda, à ceci près qu’il possède une proéminence de 8 - 10 cm à son sommet étudiée pour contenir le chignon des femmes. Nguyên Tiên Dung, directeur général de la compagnie HI, informe qu’il est parti en mission sur le terrain une semaine dans plusieurs districts des provinces de Lai Châu et de Lào Cai, accompagné de ses ingénieurs. «Nous avons remarqué que les femmes Thai enroulaient des chignons de différentes tailles au dessus de leur tête, de 8 cm à 10 cm de haut. À notre retour, nous nous sommes lancés dans les travaux de conception. Il nous a fallu un mois pour en arriver là», raconte le responsable. D’après lui, le plastique utilisé pour la fabrication du casque, importé directement de République de Corée, fait qu’il ne devrait y avoir aucun problème d’homologation niveau sécurité. «Nous avons réalisé des crash-tests. On a laissé un poids de 3 kg tomber d’une hauteur de 2,83 mètres directement sur le casque. Il n’a subi aucun dommage», affirme-t-il.

Expérimentation grandeur nature

Ces premiers exemplaires distribués par la compagnie HI seront testés par les femmes Thai de ces six provinces pendant deux mois qui, à cette issue, feront part de leurs conclusions. Lo Thi Cuong, enseignante du Centre de l’éducation et de la formation continue de la ville de Son La (province de Son La), a immédiatement essayé son casque rouge à bosse. Et les premières impressions sont plus que bonnes : «Auparavant, je perdais un temps fou à essayer d’enfiler mon casque avec mon chignon. J’ai bien rallongé l’attache, mais le casque tenait mal. Avec ce modèle, c’est terminé ! Je suis sûre que les femmes Thai vont, comme moi, adorer ce modèle. Il est magnifique !» dit-elle, dithyrambique.

Le problème a été résolu avec ce modèle spécial muni d’une protubérance à son sommet.

Témoin de l’opération, Khuât Viêt Hùng, vice-président du Comité national de la sécurité routière, abonde également dans ce sens : «Toutes les femmes Thai qui ont essayé ce casque m’ont donné un avis positif. En plus de convenir à toutes les tailles de chignons, il est à peine plus lourd qu’un modèle standard».

La compagnie HI attend désormais les résultats des évaluations en termes de qualité et de sécurité du Département général des standards et des mesures de la qualité relevant du ministère des Sciences et des Technologies, afin de pouvoir fabriquer ce modèle en série. Le Comité national de la sécurité routière a demandé aux bureaux en charge de la sécurité routière de ces six provinces de collecter les avis des porteuses sur ce modèle spécial. Une fois la licence de production obtenue, ce casque sera commercialisé environ 350.000 dôngs, précise la compagnie HI.

Ce modèle représente une vraie avancée au niveau de la sécurité routière pour ces femmes. En effet, selon les chiffres officiels, 10.122 accidents de la circulation se sont produits sur les routes de la région Nord-Ouest entre 2010 et 2015, faisant 4.968 morts et 10.906 blessés.

Malgré les campagnes de sensibilisation de l’État sur la nécessité du port du casque à moto, de nombreux habitants issus des ethnies minoritaires roulent encore sans casque, avec les risques que cela implique...