Washington maintient ses taxes punitives contre l'UE en dépit d'une concession d'Airbus

Les États-Unis ont maintenu leurs taxes punitives contre des produits européens en dépit d'un geste d'Airbus qui se dit désormais en conformité avec les règles de l'Organisation mondiale du commerce, une décision américaine face à laquelle l'UE doit "se préparer à riposter fermement", selon le ministre français de l'Économie, Bruno Le Maire.

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Le président américain Donald Trump s'exprime lors d'un point presse le 12 août à Washington.
Photo : AFP/VNA/CVN

Il s'agit du dernier épisode en date de la dispute entre les États-Unis et l'UE autour d'un différend commercial datant d'octobre 2004 à propos des aides publiques aux avionneurs européen Airbus et américain Boeing.

L'Organisation mondiale du commerce (OMC) a autorisé l'an dernier Washington à imposer des taxes sur près de 7,5 milliards d'USD (6,3 milliards d'euros) de biens et services européens importés chaque année, la sanction la plus lourde jamais imposée par l'OMC.

Depuis, Washington inflige des droits de douane punitifs sur certaines importations de l'Union européenne comme le vin, le fromage et les olives, à hauteur de 25%. Des taxes douanières de 10% sur les avions Airbus ont été relevées en mars à 15%.

Interrogé sur la chaîne Fox Business sur le maintien de taxes malgré les gestes d'Airbus, le président américain a répondu jeudi 13 août : "Eh bien, nous en avons gagné le droit lors d'un procès parce qu'ils ont triché".

"L'Union européenne est presque aussi terrible que la Chine", a ajouté Donald Trump avant d'accuser les pays européens de "profiter" des États-Unis en ne payant par leur dû à l'OTAN.

Mercredi 12 août, Washington a maintenu à 7,5 milliards d'USD le montant des biens et services concernés, avec des taux inchangés de 15% pour l'aéronautique et 25% pour le reste, notamment des vins français, allemands, espagnols et des whiskies britanniques.

Le logo de l'avionneur Airbus.
Photo : AFP/VNA/CVN

La liste des marchandises concernées a été toutefois modifiée, avec le retrait au 1er septembre de certains produits de Grèce et du Royaume-Uni et l'ajout pour un montant équivalent de produits venus de France et d'Allemagne.

"Airbus s'est mis en conformité totale pour préparer la voie à ce règlement de contentieux", a réagi le ministre français de l'Économie, Bruno Le Maire.

L'avionneur européen a indiqué qu'il "regrette profondément" la décision américaine, après s'être entendu fin juillet avec les gouvernements espagnol et français pour payer des intérêts plus élevés sur les avances remboursables consenties par Paris et Madrid lors du lancement du programme d'avion long-courrier A350.

La Commission européenne a réservé un accueil prudent à "la décision américaine de ne pas exacerber le différend" aéronautique en cours. Selon elle, "le ralentissement économique en cours, en particulier son impact sur les secteurs du transport aérien et de l'aéronautique, donnent une urgence particulière à la résolution de ce différend".

"Nouveau processus" 

Le commissaire européen au Commerce, Phil Hogan (droite), et le ministre français de l'Économie, Bruno Le Maire, le 7 janvier à Paris.
Photo : AFP/VNA/CVN

M. Le Maire a précisé avoir "demandé au commissaire européen Phil Hogan il y a quelques jours d'accélérer le règlement de ce conflit pour qu'il n'y ait plus aucune sanction contre les produits français aéronautiques et viticoles".

La Fédération des exportateurs de vins et spiritueux de France (FEVS) a regretté dans un communiqué le maintien des droits de douane américains "qui continue de pénaliser fortement les exportateurs", au moment où "nous sommes tous extrêmement fragilisés par la crise économique et sanitaire".

"Vu l'état de blocage dans lequel se trouve l'OMC, une solution à ce conflit ne pourra être que bilatérale et négociée", a estimé pour sa part un professionnel de la viticulture française qui a requis l'anonymat. "En attendant, les États-Unis continent de taper sur les vins français, espagnols, allemands et les whiskies écossais d'une manière très violente", a-t-il regretté.

L'Association du whisky écossais s'est aussi dite "profondément déçue" que Washington ne lève pas la taxe frappant cette boisson, ajoutant que "les exportations vers les EÉats-Unis sont en baisse de 30% depuis que la taxe est en place", entraînant des pertes de 300 millions de livres (332 millions d'euros) pour la filière.

Mais Washington a estimé mercredi 12 août insuffisantes les actions entreprises par l'UE, tout en se montrant ouvert à la recherche d'une solution.

"L'UE et les pays membres n'ont pas engagé les actions nécessaires pour se mettre en conformité avec les décisions de l'OMC", a déclaré le représentant américain au Commerce, Robert Lighthizer, en affirmant aussi vouloir "entamer un nouveau processus avec l'UE pour tenter d'obtenir un accord".

Ce contentieux qui dure depuis 16 ans est le conflit commercial le plus long et le plus compliqué traité par l'OMC.

AFP/VNA/CVN

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