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Un F-18 Hornet américain décolle du porte-avion USS Harry S. Truman, le 6 juin 2016 en Mer Méditerranée. |
"Cela a été fait pour protéger les forces de la coalition" anti-jihadiste, a précisé vendredi 19 août le capitaine Jeff Davis, porte-parole du Pentagone, à propos de l'envoi jeudi des avions, qui marque une nouvelle escalade dans le conflit syrien."Nous avons clairement montré que les appareils américains défendraient les troupes au sol si elles étaient menacées", a ajouté M. Davis.
Il n'y a toutefois pas eu d'affrontements directs puisque le temps que les avions américains arrivent sur zone près de la ville de Hassaké, les appareils syriens étaient déjà partis. Les avions de la coalition mènent à présent davantage de patrouilles dans cette région.
Lors d'une de ces patrouilles vendredi 19 août, "deux avions syriens SU-24 ont tenté de transiter par cette zone, et ont croisé des avions de la coalition. La présence de ces avions a incité les avions syriens à quitter la zone sans incident", a rapporté vendredi soir août, un responsable de la défense américaine. "Les appareils de la coalition n'ont pas ouvert le feu". Les frappes de jeudi avaient été menées par des bombardiers syriens SU-24 et pris pour cible des forces kurdes qui s'entraînaient sous la supervision de conseillers spéciaux américains, selon le Pentagone.
C'était la première fois depuis le début du conflit en Syrie en mars 2011 que l'armée de l'air syrienne frappait des positions kurdes. "C'est très inhabituel, nous n'avions jamais vu le régime mener ce type d'actions contre les forces kurdes auparavant", a souligné Jeff Davis.
"Nous considérons ces situations qui mettent en danger la coalition comme très sérieuses et nous avons tout à fait le droit de nous défendre". Ces avertissements ne semblent guère avoir été entendus car les avions du régime syrien ont de nouveau frappé vendredi des secteurs tenus par les forces kurdes à Hassaké.
"Il n'y a pas de forces spéciales américaines dans la ville, mais elles sont présentes dans les bases américaines situées à environ six kilomètres au Nord", a précisé à l'AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Celui-ci a d'ailleurs confirmé "l'arrivée de renforts dans ces bases vendredi, de soldats arrivant de Syrie et de l'étranger, accompagnés par des hélicoptères militaires".
Les deux-tiers d'Hassaké sont contrôlés par les Kurdes et le reste par le régime de Bachar al-Assad. De violents combats opposent depuis mercredi les forces prorégime à la police kurde (Assayech) après des accusations mutuelles d'arrestations, faisant 39 morts, selon l'OSDH.
"Un message aux Kurdes"
Des civils kurdes fuient la menace des bombardements à Hassaké, dans le Nord-Est de la Syrie, le 18 août 2016. |
Par ailleurs, les forces kurdes ont enlevé des dizaines de miliciens pro-régime et selon l'OSDH, des milliers d'habitants ont quitté la ville, théâtre de combats et où le pain manque et l'électricité est coupée. Après deux semaines de tensions à Hassaké, les Kurdes avaient réclamé la dissolution des Forces de défense nationale (FDN, milices prorégime) dans la ville mixte arabe et kurde. Jeudi 18 août, une source gouvernementale locale a affirmé à l'AFP que les bombardements syriens étaient "un message aux Kurdes pour qu'ils cessent de faire ce genre de revendications".
Dans un communiqué, l'armée syrienne a accusé vendredi 19 août les forces kurdes d'avoir "encerclé" Hassaké et d'avoir bombardé la ville à l'artillerie "causant des victimes civiles et militaires".
"Malgré toutes les tentatives pour (...) rétablir la stabilité dans la ville, les Assayech n'ont pas coopéré et ont continué leur crimes pour prendre le contrôle de Hassaké", poursuit l'armée.
Cela a nécessité "une réponse appropriée de la part de l'armée syrienne qui a ciblé l'origine des tirs et les positions des auteurs de ces crimes". Les Kurdes de Syrie (15% de la population) ont auto-proclamé en mars une "région fédérale" et rêvent de relier les régions sous leur contrôle dans le nord du pays.
Les combattants kurdes sont devenus, notamment aux yeux de Washington, la force la plus efficace contre les jihadistes du groupe État islamique. Avant la guerre, Hassaké comptait 300.000 habitants, moitié Arabes moitié Kurdes. Depuis, la ville a accueilli 114.000 déplacés, en majorité une population arabe venue de la province voisine de Deir Ezzor.