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Les courtiers de Wall Street ont été surpris par la montée des tensions entre la Chine et les États-Unis. |
L'indice vedette de Wall Street, le Dow Jones Industrial Average (-2,38% à 25.324,99 points), et l'indice S&P 500 (-2,41% à 2.811,87 points), représentant les 500 plus grandes entreprises de la cote américaine, ont enregistré leur plus fort repli depuis le 3 janvier. L'indice Nasdaq, à forte coloration technologique, a chuté de 3,41% pour finir à 7.647,02 points, sa pire journée depuis décembre. "Quand les investisseurs peuvent quantifier un risque, alors les mouvements sont contenus. Mais quand aucune perspective réelle ne se dessine, alors la peur prend le dessus", a commenté Sam Stovall, du cabinet CFRA.
Or les soubresauts des négociations sino-américaines tiennent les investisseurs en haleine depuis que Donald Trump a, dans un tweet le 5 mai, menacé la Chine de sanctions commerciales supplémentaires. De quoi brusquement refroidir l'enthousiasme de nombreux courtiers, qui s'attendaient à ce que la rencontre entre émissaires chinois et américains à Washington jeudi et vendredi soit la dernière avant un sommet entre le président américain et son homologue chinois.
Les négociateurs se sont finalement quittés sans accord et le ton est monté durant le week-end pour culminer avec l'annonce lundi par Pékin de l'augmentation, à partir du 1er juin, de droits de douane sur des produits américains représentant 60 milliards de dollars d'importations annuelles, en représailles aux nouvelles taxes imposées vendredi 10 mai par Washington. "Qui peut maintenant dire les compromis qu'il va falloir atteindre pour parvenir à un accord? Les investisseurs n'en savent rien et retirent leur argent de la table", avance Sam Stovall.
Ils sont d'autant plus prudents que l'anticipation d'un accord commercial entre les États-Unis et la Chine est, avec l'hypothèse d'une banque centrale américaine plus accommodante et d'une croissance continue aux États-Unis, un des éléments majeurs ayant fait grimper les indices de Wall Street depuis le début de l'année. Ne pas savoir avec certitude si un accord commercial sera finalement scellé pourrait affecter la confiance des entreprises et des consommateurs et, au-delà, freiner la croissance. Pour Alan Skrainka de Cornserstone Wealth Management toutefois, les courtiers de Wall Street ont sans doute "sur-réagi" lundi 13 mai.
"Les investisseurs doivent prendre un peu de recul et reconnaître que les États-Unis n'exportent que 120 milliards de dollars de biens en Chine et que 25% de taxes à l'importation sur les 539 millions de dollars de biens chinois importés aux États-Unis (la pire des menaces jusqu'à présent brandies, NDLR) ne représenteraient que 135 milliards de dollars", a-t-il avancé. "Dans une économie de 21.000 milliards de dollars, c'est de l'ordre de l'épaisseur du trait". Des groupes américains dont une part importante de l'activité dépend de la Chine ont en tout cas été particulièrement chahutés lundi 13 mai, à l'instar du géant de l'informatique Apple (-5,81%), du fabricant d'engins de chantiers Caterpillar (-4,60%) ou du constructeur aéronautique Boeing (-4,88%).
Les investisseurs ont aussi été ébranlés lundi 13 mai par la sortie de route d'Uber, qui a plongé de 10,75% pour son deuxième jour en Bourse après avoir déjà perdu 7,6% vendredi à l'issue de sa première séance. Son grand rival Lyft a également été pris pour cible, perdant 5,75% après avoir déjà abandonné 7,4% vendredi 10 mai.
Ces contre-performances ravivent les inquiétudes sur le modèle économique de ces groupes et, plus généralement, sur la solidité financière des start-up ayant récemment fait leur entrée à Wall Street ou s'y préparant. Sur le marché obligataire, le taux sur la dette à 10 ans des États-Unis baissait à 2,401%, contre 2,467% vendredi soir 10 mai, signe de l'attrait des investisseurs pour les actifs jugés plus sûrs que les actions.
AFP/VNA/CVN