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Les six grandes banques américaines - JPMorgan Chase, Bank of America Merrill Lynch, Citigroup, Wells Fargo, Goldman Sachs et Morgan Stanley - déploient différentes recettes pour améliorer le quotidien de leurs jeunes recrues, soucieuses de marier réussite professionnelle et vie privée.
Début novembre, Goldman Sachs a promis qu'il en était fini des tâches ingrates comme remplir des tableaux Excel. La mobilité devient systématique avec une rotation au bout des deux premières années, tandis que les promotions vont être accélérées. Un "analyste" pourrait passer "collaborateur" au bout de deux ans au lieu de trois jusqu'ici.
Wall Street change sa culture et adoucit ses mœurs pour garder ses talents. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
La rémunération (salaire et bonus) des jeunes recrues sera augmentée de 21% à 85.000 dollars par an contre 70.000 auparavant.
À Wall Street, au bas de la pyramide on retrouve l'analyste d'été, un emploi rémunéré environ 15.000 dollars pour dix semaines, à raison de 70 heures hebdomadaires. Il peut se solder par un poste d'analyste, ensuite collaborateur, vice-président, directeur, associé et dirigeant.
Jour et nuit
Pour gravir ces échelons, les banquiers, qui conseillent entreprises et investisseurs, ne comptent pas les heures car ils sont payés à la commission et au terme de l'opération. Pour se distinguer, les jeunes recrues, souvent âgées de 21 à 30 ans, travaillent souvent nuit et jour ainsi que les jours fériés.
La charge de travail est d'autant augmentée que les fusions-acquisitions battent actuellement leur plein et que les banques suppriment des emplois pour faire des économies nécessaires au renforcement de leurs fonds propres.
Mais la crise financière, les scandales à répétition et des suicides de jeunes banquiers ont sonné l'alarme.
"Si vous négligez (votre esprit, votre santé) vous allez détruire vos relations personnelles. Vous allez détruire votre vie", a mis en garde en juin Jamie Dimon, le PDG de JPMorgan, qui a mis en place un week-end protégé par mois pour les banquiers juniors c'est-à-dire pas de travail ni le samedi ni le dimanche.
Le siège social de Goldman Sachs à New York. |
Aucune banque ne figure dans le classement des 50 entreprises où il fait bon travailler en 2015 aux États-Unis et au Royaume-Uni établi par le site Glassdoor.com. À l'inverse, Google, Facebook et Apple y sont.
"La finance est en concurrence avec la technologie qui séduit les meilleurs talents avec sa culture", explique Alan Johnson du cabinet Johnson & Associates.
"Nous sommes conscients que les jeunes gens qui commencent leurs carrières dans la banque d'affaires ou la finance recherchent d'autres types d'environnement de travail que celui des banquiers entrés dans l'industrie il y a 5, 10 ou 15 ans", concède Jessica Ong, une porte-parole de Wells Fargo.
La banque californienne a mis en place un "temps libre protégé" depuis un an pour forcer ses jeunes banquiers à sortir de leurs dossiers. En interne, des sortes de "tuteurs" ont été créés pour écouter, encourager et mettre en valeur les jeunes banquiers.
Après le décès en 2013, suite à une crise d'épilepsie, de Moritz Erhardt, un jeune banquier de 21 ans ayant travaillé 72 heures d'affilée sans repos, Bank of America Merrill Lynch oblige ses jeunes recrues à prendre au moins quatre jours par mois de repos et des congés, indique John Yiannacopoulos, un porte-parole.
Chez Citigroup, les jeunes talents doivent épuiser leurs vacances et ne peuvent le week-end que consulter leurs courriels "au cas où une affaire importante survenait".
Morgan Stanley surveille qu'un jour est chômé le vendredi est bien respecté, selon une source interne, même si les quatre autres jours de la semaine peuvent se révéler très chargés.
Le 16 avril 2015, deux heures avant de sauter d'un immeuble, Sarvshreshth Gupta, un jeune banquier de 22 ans travaillant dans l'antenne de San Francisco de Goldman Sachs faisait ainsi état de son ras-le-bol : "C'est trop. Je n'ai pas dormi depuis deux jours, ai un rendez-vous avec un client demain matin, dois terminer ma présentation, mon vice-président (VP) est contrarié", relate son père dans une lettre mise en ligne par le site https://Wallstreetoasis.com.
Wall Street, dont les dérives ont été croquées dans plusieurs films, fait toutefois toujours autant rêver. Goldman Sachs a reçu 267.000 candidatures en 2014 pour son programme d'initiation de deux ans et n'a retenu que 3% des aspirants.