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Le Pdg de Volkswagen, Matthias Mueller, à l'issue d'une réunion du conseil de surveillance à Wolfsburg en Allemagne, le 20 novembre 2015. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Nous sommes conscients que nous avons profondément déçu nos clients, les organismes gouvernementaux et le grand public ici aux États-Unis", a déclaré à Detroit (Nord) Matthias Müller au cours d'une réception organisée dans le cadre du salon automobile qui s'ouvre officiellement le 11 janvier.
"Je suis sincèrement désolé. Je m'excuse pour ce qui a mal tourné chez Volkswagen", a déclaré M. Müller, lors de sa première visite sur le sol américain depuis qu'il a pris les commandes de VW en urgence en septembre. "Nous sommes entièrement déterminés à réparer les choses", a-t-il promis.
Costume gris sur une chemise bleue claire et cravate à pois, le dirigeant, qui s'exprimait en anglais, a annoncé une refonte en profondeur de la culture interne de Volkswagen et promis un plan stratégique de relance à "l'été".
Alors qu'il doit rencontrer le 13 janvier, à sa demande, la chef de l'agence environnementale américaine de l'Environnement (EPA) Gina McCarthy, Matthias Müller a assuré que les "concepts et solutions" de remise aux normes des 600.000 voitures équipées d'un logiciel truqueur pour déjouer les normes antipollution américaines allaient être "présentés dès qu'ils seront approuvés par les autorités".
M. Müller a confirmé que le groupe envisageait de racheter plus de 100.000 des véhicules visés à leurs propriétaires. "Cela fait partie des solutions dont nous voulons discuter avec Madame McCarthy mercredi (13 janvier)", a-t-il dit.
Un peu plus tôt, une source anonyme proche du dossier avait affirmé que cette option était sur la table et que VW envisageait aussi de proposer un véhicule neuf en échange de leur voiture aux propriétaires concernés.
Une solution technique aurait également été trouvée pour les autres voitures, avance cette source.
De telles annonces seraient de nature à apaiser la frustration des autorités américaines envers le fabricant des Golf, Polo et Passat, selon les analystes.
"Il est nécessaire qu'il (Volkswagen) trouve un compromis" avec les autorités américaines, avance Eric Lyman, du site spécialisé dans l'automobile TrueCar.
L'Autorité de la qualité de l'Air de Californie (CARB) doit rendre son avis sur les solutions soumises par Volkswagen le 14 janvier.
900 millions d'investissements
Aucun rendez-vous n'est prévu avec des responsables du département de la Justice, qui a décidé de poursuivre le groupe et ses marques haut de gamme Porsche et Audi.
Une rangée de Volkswagen Beatle en vente à Woodbridge, en Virginie (États-Unis), le 29 septembre 2015. |
Le ministère leur réclame au moins 20 milliards de dollars, soit jusqu'à 37.500 dollars pour chaque véhicule affecté et au moins 2.750 dollars par logiciel installé.
Un autre front judiciaire s'est ouvert dans une quarantaine d'États dont New York et le Connecticut (Nord-Est), qui dénoncent le manque de coopération du constructeur allemand dans leurs enquêtes, ce qu'a récusé Matthias Müller.
"Notre patience a des limites", a pourtant tonné le 8 janvier le ministre de la Justice de l'État de New York, Eric Schneiderman, qui accuse le deuxième constructeur mondial de se réfugier derrière la loi allemande sur la vie privée pour refuser de remettre à la justice des courriels et autres communications de ses dirigeants. Ces documents sont pourtant nécessaires, selon M. Schneiderman, pour déterminer les responsabilités individuelles.
Une enquête interne a montré que le "dieselgate" était dû à "un enchaînement d'erreurs" commises par le "management intermédiaire", a indiqué Volkswagen qui assure coopérer "étroitement avec les autorités américaines".
Le groupe allemand a reconnu au total avoir installé des logiciels truqueurs dans 11 millions de voitures dans le monde, un scandale qui a fait fondre sa capitalisation boursière et conduit au départ de son ex-patron Martin Winterkorn.
Les ventes mondiales de la maison mère de VW, Porsche, Audi et de cinq autres marques de voitures (Bentley, Bugatti, Lamborghini, Seat et Skoda) ont baissé l'an dernier pour la première fois depuis 2012 (- 2% à 9,93 millions unités), lui coûtant la couronne de premier constructeur mondial que conserve le japonais Toyota.
Malgré ses déboires américains, le constructeur a réaffirmé que les États-Unis étaient un marché "clé".
Joignant le geste à la parole, il a annoncé un investissement de 900 millions de dollars sur la production d'un 4 X 4 de ville (SUV) de moyenne de gamme qui permettrait de créer 2.000 emplois sur le sol américain.
AFP/VNA/CVN