Les marchés débutent 2016 du mauvais pied

L'angoisse d'un atterrissage brutal de l'économie chinoise et les tensions géopolitiques au Moyen-Orient ont cueilli à froid les marchés mondiaux qui ont débuté 2016 du mauvais pied.

>>Wall Street espère que 2016 commencera mieux que 2015 n'a fini

Un investisseur observe les mouvements boursiers sur un écran à Fuyang, dans l'Est de la Chine, le 4 janvier
Photo : AFP/VNA/CVN

Après un long week-end d'interruption sur la majorité des places financières, les marchés asiatiques ont donné le ton de la nouvelle année en s'enfonçant immédiatement, sous le coup d'indicateurs chinois soulignant une nouvelle fois la fragilité de la deuxième économie mondiale mais également de la crise entre l'Iran et l'Arabie saoudite.

Les plus touchées ont été logiquement les places chinoises qui ont en outre fait les frais d'un nouveau mécanisme mis en place après le krach de l'été qui a entraîné leur fermeture automatique et prématurée après un effondrement de 7%.

Ce dispositif, entré en vigueur lundi 4 janvier, prévoit que lorsque l'indice CSI300, qui agglomère les performances des 300 principales entreprises cotées à Shanghai et Shenzhen, perd ou gagne 7%, les échanges sont suspendus pour le reste de la séance afin d'éviter des "risques systémiques", c'est-à-dire un effet de panique.

Tokyo a pour sa part terminé en baisse de 3,06% avant que l'onde de choc ne se propage aux marchés européens qui ont tous terminé en sévère repli.

À la clôture, Paris a perdu 2,47%, Francfort 4,28% et Londres 2,39%.

À Wall Street, les dégâts ont été moindres, le Dow Jones limitant ses pertes en clôture à 1,58% et le Nasdaq, qui concentre les valeurs technologiques, à 2,08%. L'indice plus large S&P500 a reculé de 1,53%. Toronto a surnagé avec une perte de seulement 0,64% grâce aux valeurs minières poussées par la hausse de l’or.

"Si l'activité du jour sur les marchés chinois donne un avant-goût de 2016, nous risquons de connaître une année accidentée", résume Brenda Kelly de London Capital Group.

"La Chine gâche le début d’année", soulignent pour leur part les économistes du Crédit Mutuel CIC en estimant que cette "déconvenue" pourrait également être liée à l'expiration prochaine de mesures prises par Pékin pour enrayer la chute des marchés en 2015.

"Malgré les mesures de soutien prises par le gouvernement, l’industrie reste à la peine du fait d’une demande mondiale moins soutenue et du ralentissement des investissements en Chine. Toutefois, le coeur du sujet demeure la capacité de l’économie à changer de moteur de croissance avec un rôle plus important de la consommation privée et du secteur des services", analysent-ils.

Les années se suivent et se ressemblent

Dans ce contexte, une grande partie des investisseurs préféraient jouer la sécurité et se portaient sur le marché obligataire, traditionnel refuge en cas de tempête, ce qui se traduisait par une nette détente des taux d'emprunt. Celui à 10 ans de l'Allemagne, le fameux Bund, référence du marché, a reculé à la clôture à 0,566% contre 0,629% mercredi dernier à la clôture sur le marché secondaire, où s'échange la dette déjà émise. Le rendement de l'obligation américaine à dix ans reculait lui à 2,235% contre 2,269% jeudi dernier 31 décembre 2015.

Du côté des changes, l'euro baissait un peu face au dollar. Vers 21h30 GMT, l'euro valait 1,0831 dollar contre 1,0855 jeudi 31 décembre 2015 vers 22h00 GMT.

Toutes ces questions interviennent en outre "alors que les doutes sur la croissance mondiale seront au cœur des préoccupations des investisseurs durant les premiers mois de l’année", relèvent les économistes du Crédit Mutuel CIC.

Sans parler, poursuivent-ils, des "tensions entre l’Arabie saoudite et l'Iran (qui) devraient inciter les deux pays à ne pas limiter leur production afin de capter le maximum de ressources financières", dans un contexte de grande "faiblesse des prix du pétrole".

Les vives tensions entre l'Iran chiite et ses voisins arabes sunnites ont franchi un nouveau seuil lundi, l'Arabie saoudite et ses alliés rompant ou réduisant leurs relations diplomatiques avec Téhéran après une crise déclenchée par l'exécution d'un dignitaire chiite. Mais cela n'a pas réussi à faire repartir le pétrole à la hausse compte tenu d'une offre toujours surabondante sur le marché mondial.

AFP/VNA/CVN

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