Vo Van Rang, le dernier relieur de livres anciens à Hô Chi Minh-Ville

Au milieu des changements vertigineux de la mégapole du Sud, vivent des hommes calmes comme les artisans de l’ancien Saigon qui font perdurer les vieux métiers nobles. Parmi eux, le dernier relieur de livres anciens Vo Van Rang, qui cherche à conserver la flamme pour la lecture, notamment chez les jeunes bibliophiles.

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Vo Van Rang dans son atelier à à Hô Chi Minh-Ville.

Dans une petite ruelle du 3e arrondissement à Hô Chi Minh-Ville, la vie est comme séparée de l’excitation ordinaire de la plus grande ville du pays. Ici, il n’y a pas de bruit. La tranquillité réside dans chaque maison, dans chaque activité, et dans chaque geste des habitants.

Vo Van Rang, le dernier relieur de livres anciens dans le mégapole du Sud, habite dans ce quartier depuis plusieurs décennies. Tous les jours, il reçoit des vieux livres dégradés et les restaure autant que possible.

Né en 1960, Vo Van Rang a commencé à travailler dans l’imprimerie de sa famille à ses 15 ans. En 1978, il a intégré l’imprimerie d’une coopérative, chargé de restaurer les livres abîmés.

Lorsqu’il était jeune, un accident lui a déplacé une vertèbre. Depuis, il ne peut pas beaucoup se déplacer et reste presque toute la journée autour de sa table pour faire et refaire les reliures. Vo Van Rang étudie aussi les papiers et les techniques d’imprimerie d’autrefois, afin de maîtriser son travail.

Un métier menacé de disparaître

Ciseaux, colle, fil et aiguilles, ainsi qu’une vieille machine de coupe-papier vendue par son ancien employeur, ce sont des outils qui accompagnent le vieux Vo Van Rang depuis tant d’années. Chaque semaine, il reçoit environ une dizaine d’articles, envoyés par les amoureux de livres de tout Hô Chi Minh-Ville, et parfois, des régions alentours.

"Mes clients sont majoritairement des personnes âgées : ils voudraient restaurer leurs livres favoris, comme cadeaux pour les descendants. Il y a aussi des collectionneurs, ainsi que des vendeurs de livres et des chefs des librairies, qui voudraient restaurer les classiques d’auparavant."

Ses clients apprécient la minutie de chaque livre réparé par ses mains habiles. Ils le surnomment "le docteur des livres".

Outils de Vo Van Rang.

Cependant, si la reliure s’est faite une belle réputation dans les années 1980 et 1990, l’évolution des technologies des décennies suivantes a permis à tout le monde de trouver d’autres moyens de "lire". Jusqu’à aujourd’hui, Vo Van Rang n’a encore trouvé aucun apprenti qui voudrait reprendre cet artisanat. Il est l’unique personne qui vit de ce métier à Hô Chi Minh-Ville.

"Les jeunes d’aujourd’hui lisent moins de livres. Ils ont la télé et ils peuvent lire sur internet, sur leurs téléphones… Ce n’est pas du tout triste, puisqu’il faut soutenir les évolutions de la société, et la lecture doit s’adapter aux progrès technologiques."

Ces derniers temps, plusieurs bibliophiles se retrouvent chez Vo Van Rang pour connaître les méthodes de conservation ainsi que les techniques de réparation des livres. Bien que ce métier soit toujours peu rémunéré, ces conversations lui permettent de vivre de sa passion.

"J’adore discuter avec les jeunes lecteurs. Ils sont énergiques et ont beaucoup d’idées à partager. J’espère que ces jeunes citoyens gardent toujours la flamme pour la lecture !"

Tranquillement, Vo Van Rang poursuit la reliure de livres afin d’apporter la joie à nombre de lecteurs à Hô Chi Minh-Ville. Un travail noble qui est en train de disparaître au milieu de la vie agitée de la mégapole du Sud.

Texte et photos : Dang Duong/CVN

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