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Le peintre Vo Tân Thành. |
Vo Tân Thành, actuellement 67 ans et illustrateur de métier, a consacré plus de 20 années à collaborer avec les enquêteurs du ministère de la Police, notamment les Services de la police de Hô Chi Minh-Ville et de plusieurs provinces du Sud. Ses portraits-robots de criminels recherchés, réalisés manuellement, ont aidé la police à identifier nombre de hors-la-loi et à résoudre des enquêtes difficiles. Au total, plus de 50 enquêtes ont été classées grâce à son talent.
Vo Tân Thành vit à Biên Hoà, dans la province de Dông Nai (Sud). Sur les murs du salon de sa petite maison sont accrochés des dizaines de satisfecit du ministère de la Police aux côtés de toiles. «Je suis diplômé des beaux-arts. En 1998, j’ai commencé à collaborer avec l’Institut des sciences criminelles du Sud (ministère de la Police) pour l’aider à dessiner les portraits-robots des criminels recherchés, notamment dans les enquêtes où les criminels ne laissent physiquement aucune information», raconte-t-il.
Un premier portrait confondant
Parlant des contributions du portraitiste dans les enquêtes, le général Pham Van Do, ancien responsable du Bureau d’investigation de la Police provinciale de Dông Nai, se rappelle les premières années durant lesquelles Vo Tân Thành a commencé à collaborer avec son organisme. «Entre 1998 et 1999, à Dông Nai, il y avait très souvent des vols et des violences sexuelles commises par un homme sur la Nationale 51. Mais la police était confrontée à un problème de taille : le criminel agissait de nuit, de sorte qu’aucune victime ne pouvait reconnaître clairement son visage. Nous avons lancé le dossier DB-99, et l’Institut des sciences criminelles du Sud a invité Vo Tân Thành à nous aider».
Le portrait-robot de Vo Van Chinh (gauche) réalisé par Vo Tân Thành et son portrait photographié. |
En septembre 1999, grâce au portrait-robot fourni par Vo Tân Thành, la police de Dông Nai a arrêté Vo Van Chinh, un homme aux traits à 90% similaires à celui dessiné par Vo Tân Thành. Le suspect a reconnu tous ses crimes. L’artiste confirme que ce dossier DB99 fut sa première expérience dans le dessin des portraits de criminels.
Il raconte : «On m’a envoyé rencontrer les victimes pour les écouter décrire les détails. Moi, j’avais en mains mon crayon et une feuille de papier. Puis, je leur ai posé des questions : +Quelle était la forme du visage ?+. +Plutôt ovale ?+.+Comme ceci ?+. +Ses joues sont plus rondes ?+. +D’accord, j’élargis un peu le visage. Cela vous semble correct ?+. +Bien, passons maintenant au menton !+. Et ainsi de suite». Au fur et à mesure des échanges, les traits du visage se modifiaient pour prendre ceux du criminel recherché. Et d’ajouter : «Je me rappelle comme si c’était hier qu’en montrant mon dessin au suspect Vo Van Chinh, il a crié à la police : +Quand et comment m’avez-vous photographié ?+.
La traque de Dung l’Oiseau bleu
Le portrait du meurtrier Nguyên Chi Dung (alias Dung l’Oiseau bleu) est un autre succès à mettre au crédit de Vo Tân Thành. Selon ses dires, il y a 16 ans, dans les provinces du Nam Bô oriental, Dung l’Oiseau bleu semait la terreur partout en dirigeant une bande de gangsters masqués et armés. Cette bande perpétrait des attaques la nuit sur les routes interprovinciales.
«Cette bande de fous-furieux était équipée de fusils. J’ai été mobilisé pour aider les enquêteurs du Service de la police provinciale de Dông Nai dans cette affaire. Avec la brigade anti-criminalité, j’ai été envoyé dans les provinces de Bà Ria-Vung Tàu, Binh Phuoc, Phu Yên, Binh Duong pour rencontrer les victimes et écouter leurs descriptions sur le chef de criminels».
Dung l’Oiseau bleu (gauche) dessiné par Vo Tân Thành et «l'original». |
Photo : TT/CVN |
En octobre 2001, l’esquisse de Vo Tân Thành a permis à la police d’arrêter Dung l’Oiseau bleu. Les 13 membres de ce gang ont ensuite été interpelés les uns après les autres. Dung l’Oiseau bleu a avoué être coupable de plus de 80 vols à main armée et de violences sexuelles. Outre ce spectaculaire coup de filet, M. Thành a aidé l’Institut des sciences criminelles du Sud à mettre la main sur Trân Van Diêm, coupable de meurtres et d’une série d’attaques armées à Hô Chi Minh-Ville, Bà Ria-Vung Tàu, Quang Ngai et Hai Phong. Ce meurtrier a été condamné en 2016 pour avoir tué quatre personnes en 2014.
En ouvrant son recueil de portraits de criminel, le portraitiste partage : «Esquisser le portrait-robot d’un criminel est bien sûr difficile. Mais le plus dur est de parvenir à minimiser la moindre erreur pour éviter une fausse identification qui peut entraîner l’arrestation d’un innocent. Cela demande une rigueur de travail de tous les instants».
Maintenant, grâce aux progrès de l’informatique, la police n’utilise plus la technique de portrait-robot à la main. Vo Tân Thành a ainsi plus de temps pour ses toiles. Ce qui ne l’empêche d’être appelé de temps à autre lorsque certaines enquêtes sont au point mort, son expérience pouvant encore faire la différence.
Linh Thao/CVN