>>Les maisons sont fleuries, ça sent le printemps !
>>L’abricotier, la fleur du Têt dans le Sud
Un jardin de bonsaïs à Triêu Khuc |
Situé en banlieue sud de Hanoï, le village de Triêu Khuc est connu non seulement pour ses anciens monuments célèbres comme la porte d’entrée du village, les puits, les temples, la pagode Van Huong, mais aussi pour ses arbres centenaires.
En évoquant ce village, on pense immédiatement aux chapeaux coniques, à son métier de tissage et notamment à la culture des arbres d’ornement. Plus qu’un métier pour gagner sa vie, la culture des bonsaïs est un loisir des villageois. Leurs œuvres sont souvent appréciées lors des concours spécialisés.
Une source de revenus stable
''Autre fois, ce métier se développait bien à Triêu Khuc, toutes les familles possédaient des arbres d’ornement. Maintenant, les jardins sont plus petits et il ne reste que 30 familles qui continuent de confectionner des bonsaïs. Mais leurs arbres sont appréciés lors des concours professionnels'', partage tout sourire, Nguyên Huu Vy, président du Comité populaire de la commune de Tân Triêu.
Le cultivateur Nguyên Gia Hiên a d’ailleurs gagné la médaille d’or du 1er Festival des bonsaïs organisé à Hô Chi Minh-Ville en 2006 grâce à son Ficus benjamina centenaire à deux troncs en forme de couple. Il s’agit d’un des arbres les plus connus du village. Chacun des troncs contient neuf branches. Le style à double tronc est courant dans la nature, mais n’est pas si fréquent dans l’art du bonsaï. Les deux troncs partagent un seul système racinaire. L’un des deux troncs prédomine, en termes de longueur ou d’épaisseur. Ce style exprime la piété familiale.
''Un homme d’affaires m’a fait même une offre de 10 milliards de dôngs pour ce bonsaï mais j’ai refusé net ! Cet arbre est l’héritage de ma famille'', raconte Gia Hiên. Actuellement, il cultive des dizaines d’arbres de ce genre. Il faut attendre plus de dix ans pour commencer à créer leur forme. ''L’art du bonsaï nécessite beaucoup de patience'', confie-t-il.
D’après Huu Vy, ce métier traditionnel apporte aux villageois une source de revenus stable. Certains des arbres ne mesurent que 20 cm mais leur prix peut grimper à plusieurs centaines de millions de dôngs grâce à leur forme originale. La valeur d’un beau jardin de bonsaï peut aller jusqu’à des milliards de dôngs. Le cas de Gia Hiên n’est qu’un des exemples. Le banian de Vu Van Châu, âgé de plus de 130 ans, est un des arbres précieux de Triêu Khuc. Ce végétal, baptisé Dang Làng, est estimé à plus de 3 milliards de dôngs.
N’importe quel végétal peut devenir un bonsaï
Un banian de plus de 130 ans de l’horticulteur Vu Van Châu. |
L’art du bonsaï consiste à reproduire en réduction et dans la forme la plus harmonieuse possible, la silhouette d’un arbre de taille normale. Ces arbres en pot, plat de préférence, qui ne peut contenir une grande quantité de terre - demandent donc des soins constants et une attention toute particulière doit leur être prêtée pour garder leur forme.
Les arbres, les fleurs, les mousses et les pierres, dans un pot ou sur un plateau, expriment la beauté et la grandeur des paysages naturels. Les jardiniers ont à cœur de créer des scènes rivalisant avec la nature, en taillant soigneusement les branches et en ayant parfois recours à du fil de fer pour sculpter la matière vivante. N’importe quel végétal peut harmonieusement pousser dans un pot et devenir un bonsaï. Amour, sens des responsabilités, bonheur de la création, patience, délicatesse, communication... Voilà quelques-unes des qualités requises pour pouvoir garder un bonsaï.
Le banian est une variété de plante idéale à la confection de magnifiques bonsaïs exotiques. En grandissant, le banian produit des branches aériennes suspendues, qui forment de véritables racines lorsqu’elles touchent le sol. L’étendue de ses racines peut créer une forêt à elle-seule. En tant que plante d’intérieur, le banian aime les sols bien drainés et modérément humides. Il ne faut pas trop les arroser aux risques de les faner. ''Le banian nécessite beaucoup plus de soins que les autres arbres. Van Châu a dû étudier plusieurs livres pour pouvoir trouver les meilleures techniques de soin. Il a consacré une dizaine d’années pour créer sa forme'', informe un cultivateur.
Selon Gia Hiên, un beau bonsaï doit réunir trois critères : l’ancienneté, une forme originale et la beauté. Pendant des centaines d’années, les cultivateurs de Triêu Khuc ont su respecter ces normes méticuleusement. En admirant un bonsaï, on peut ainsi mieux connaître la personnalité de son ''créateur''. Pour les amoureux de la nature, le bonsaï est une façon, surtout pour un citadin, de garder un contact profond avec la vie de la terre, rythmée aux cycles des saisons.
Chaque année, à l’arrivée du printemps, les villageois organisent la fête des bonsaïs. ''Nous voulons maintenir et valoriser ce métier traditionnel et nourrir l’amour de la nature chez la jeune génération'', explique Bùi Duy Thang, président du club des bonsaïs de Triêu Khuc.
Le mot "bonsaï" (souvent mal orthographié "bonzaï" ou "banzaï") est un mot japonais qui signifie littéralement "planté dans un pot". Cette forme d’art est issue d’une ancienne pratique d’horticulture chinoise, dont une partie a été sous l’influence du bouddhisme zen japonais.