Hanoï cherche à rendre ses transports publics efficaces et durables

Ces dernières années, le réseau de bus de Hanoï n’a cessé d’être amélioré. Mais en dehors des infrastructures, il est primordial d’améliorer la qualité des services pour que les citadins apprécient ce moyen de locomotion.

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Sur le trajet Kim Ma - Yên Nghia, les bus à haut niveau de service (Bus Rapid Transit) sont larges et confortables.
Photo : Huy Hùng/VNA/CVN

Avec le boom socio-économique, l’urbanisation rapide et l’arrivée de nombreux travailleurs des provinces voisines, le nombre de motos à Hanoï a augmenté de manière vertigineuse, à un rythme beaucoup plus rapide que le développement des infrastructures de communication.

Ces dernières années, si le réseau de transports en commun a connu des changements positifs - avec parallèlement une diminution des embouteillages et des accidents de la circulation -, il ne répond qu’à 10% des besoins de déplacement des habitants de la ville. C’est pourquoi, les deux-roues et la voiture demeurent les moyens de transport principaux.

Sur de nombreuses lignes de bus, en raison des bouchons, le temps de transport dépasse toujours celui fixé.

Des embouteillages et des retards

"Sur le trajet Kim Ma - Yên Nghia, les bus à haut niveau de service (Bus Rapid Transit, BRT) sont larges et confortables. Mais aux heures de pointe (de 06h00 à 09h00 et de 16h00 à 19h30), ils accusent des retards importants par rapports aux horaires prévus", déplore Ngô Minh Phu, élève du lycée Trung Van.

"Je prends toujours les BRT qui sont pratiques et très bon marché. Mais les infrastructures de communication sont encore insuffisantes", estime Nguyên Manh Tiên, ancien professeur à l’Institut de la sécurité populaire. "Certains abribus sont mal entretenus. De plus, pour s’y rendre, on doit parfois traverser des axes très fréquentés, potentiellement dangereux notamment pour les personnes âgées. Les organismes concernés doivent prendre des mesures pour y remédier", propose-t-il.

Sur une autre ligne de bus, de Linh Dàm (arrondissement de Hoàng Mai) à l’hôpital Vietnam-Cuba (37, rue Hai Bà Trung), il faut compter normalement 39 minutes, un temps qui passe à 55 minutes aux heures de pointe. "C’est pratique pour ceux qui travaillent dans l’arrondissement de Hoàn Kiêm. Mais on doit partir au bureau plus tôt ou en dehors des heures de pointe. Car sur cette ligne, il y a beaucoup d’intersections".

Sur la ligne Bo Hô - Câu Giây, le bus 09, qui va du lac de l’Épée restituée au pont Công Moc (arrondissement de Dông Da), met théoriquement 30 minutes, mais de 45 à 60 minutes aux heures de pointe, en raison de certaines rues étroites comme Khâm Thiên, Nguyên Luong Bang…

"On prend le bus si l’on est pas pressé", affirme Dô Phuong Thao, qui travaille dans l’arrondissement de Hoàn Kiêm. En dehors des retards aux heures de pointe, le réseau doit faire face aussi au manque de lignes reliant les nouveaux centres urbains.

Pour limiter le nombre de véhicules individuels, la meilleure solution est de développer le réseau de transports en commun.
Photo : Huy Hùng/VNA/CVN

Afin de limiter le nombre de véhicules individuels, la meilleure solution est de développer le réseau de transports en commun avec des politiques prioritaires. À Hanoï, de nombreux projets de transports en commun sont déployés et le réseau de bus fonctionne plutôt bien. Cependant, cela demeure insuffisant pour une population de plus de 7,5 millions d’habitants.

D’après Nguyên Trong Thông, président de l’Association des transports en commun : "Il faut réévaluer le réseau de transports publics, le bus en particulier, avant de proposer des politiques prioritaires en sa faveur. Notamment, il est primordial qu’il y ait l’unanimité quant à la façon de gérer et de développer ce réseau".

De nombreux experts estiment qu’il faut réserver la priorité aux transports en commun sur le périphérique n°3 (long de 65 km).

Améliorer la qualité des services

Selon Takagi Michimasa, haut conseiller japonais et ancien chef du projet Amélioration des transports en commun de Hanoï : "Afin de limiter les voitures et deux-roues à Hanoï, il faut fournir un service de remplacement. Il faudra aussi réfléchir à l’élaboration d’un itinéraire de limitation des véhicules individuels". Dans le monde, certaines villes ont déjà appliqué de nouvelles mesures très efficaces pour diminuer le nombre de véhicules individuels : frais de péage pour l’intra-muros (à Londres), limitation des parkings ou augmentation du prix de stationnement (Grenoble, Lyon), limitation des zones d’accès des véhicules individuels (Singapour), etc.

D’après l’architecte Pham Thanh Tùng, chef de cabinet de l’Association des architectes vietnamiens, il faut attirer les habitants vers les bus par diverses mesures incitatives. Car bien que les bus couvrent 80% des arrondissements et districts, le taux d’habitants les utilisant reste bas. "Les embouteillages aux heures de pointe sont une des explications de cette désaffection", souligne M. Tùng.

D’après lui, il est important d’opérer un fort changement pour que, progressivement, de nouvelles habitudes naissent, comme par exemple prendre le bus pour aller au travail, à l’école mais également sur les lieux de loisirs. Il faudra aussi élargir le réseau des lignes, augmenter le nombre de trajets et le temps de service journalier, assurer les horaires, développer des couloirs de bus… Autant de mesures sur lesquelles la ville est en train de travailler.


Huong Linh/CVN

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