Violences en Afrique du Sud : une tentative de déstabiliser l'État

Les émeutes et pillages, qui ont récemment secoué l'Afrique du Sud et fait plus de 200 morts, ont été "planifiés et coordonnés" dans l'objectif de provoquer "une insurrection" et déstabiliser le pays, a accusé vendredi 16 juillet le président sud-africain Cyril Ramaphosa.

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Le président sud-africain Cyril Ramaphosa visite un supermarché dévasté dans le centre de Durban, le 16 juillet 2021.
Photo : AFP/VNA/CVN

Pendant plusieurs jours, la région côtière du Kwazulu-Natal (KZN, Est) et la capitale économique Johannesburg ont été prises dans un tourbillon de vols et de violences. Les premiers incidents, pneus brûlés et routes bloquées, ont éclaté la semaine dernière en pays zoulou, au lendemain de l'incarcération de l'ex-président Jacob Zuma, condamné pour outrage à la justice, dans cette région qui est son bastion.

Les violences se sont ensuite étendues, sur fond de crise économique et de chômage endémique : entrepôts, usines et centres commerciaux ont été méthodiquement pris d'assaut par des pillards. Au total, 212 personnes ont trouvé la mort, dont 180 en pays zoulou.

"Ceux qui sont derrière ces actes ont cherché à provoquer une insurrection populaire", a déclaré M. Ramaphosa dans un discours retransmis à la télévision vendredi soir 16 juillet. Affirmant qu'il était désormais clair qu'il s'agissait d'"une attaque délibérée, coordonnée et bien planifiée", il a ajouté que l'objectif des instigateurs était de "paralyser l'économie, provoquer une instabilité sociale et affaiblir gravement" l'État. "Ils ont cherché à manipuler les pauvres et les personnes vulnérables pour leurs propres intérêts", a-t-il ajouté, sans préciser davantage ses accusations.

Vendredi 16 juillet, la situation est toutefois revenue à la quasi normale à Johannesburg, aucun incident n'étant à signaler au cours des dernières 24 heures, selon les autorités.

Admettant que le gouvernement était "mal préparé à une opération orchestrée de violence, destruction et sabotage de cette nature", M. Ramaphosa, qui s'est rendu plus tôt dans la journée dans le KZN, a assuré que "tout sera fait pour traduire ces personnes devant la justice".

La police enquête sur 12 personnes soupçonnées d'être derrière le déchaînement de violences, l'une d'entre elle a déjà été placée derrière les barreaux. Au total, plus de 2.500 personnes ont été arrêtées à ce jour.

Les experts en sécurité s'accordent à dire que la police et les services de renseignement ont failli à prévenir les récents événements. Les autorités ont été "prises au dépourvu", a déclaré le spécialiste en sécurité de l'Institute for Security Studies (ISS), Gareth Newham.

Pas de panique

Des soldats sud-africains en patrouille dans le township d'Alexandra, à Johannesburg, le 15 juillet 2021.
Photo : AFP/VNA/CVN

Depuis quelques jours, des craintes de pénuries de carburant et de nourriture se sont emparées de certains habitants. À Durban, sur l'océan Indien, de longues queues ont continué à se former devant les supermarchés. "Il n'y a pas de pénurie de nourriture ou de marchandise dans la plupart des régions du pays", a assuré Cyril Ramaphosa, appelant à ne pas aggraver la situation en multipliant les achats de précaution.

Le président a également mis en garde contre ceux qui seraient tentés de faire justice eux-même.

Ces derniers jours, des groupes de résidents parfois armés se sont organisés en patrouilles, pour protéger leurs quartiers, menant à de violents dérapages.

À Phoenix, près de Durban, où au moins 20 personnes ont été tuées depuis le début de la semaine sur fond de tensions raciales, des hommes munis de machettes et fusils montent la garde à l'entrée du township, se réchauffant à la chaleur des braseros. "Vous pillez ? Alors on tire", a lancé un homme masqué.

"Nous devons nous garder du +vigilantisme+ et de tout ce qui pourrait attiser davantage les tensions", a averti Cyril Ramaphosa, appelant à s'appuyer sur les forces de sécurité.

Pour l'instant, 10.000 soldats sont déployés pour tenter de ramener le calme, au total 25.000 viendront épauler la police.

Selon un premier état des lieux officiel, plus de 160 centres commerciaux ont été attaqués, 11 entrepôts, 8 usines et 161 commerces d'alcool. Par ailleurs, des responsables de santé tout comme l'OMS s'inquiètent que les récents mouvements de foule ne provoquent un pic des contaminations de COVID-19, en pleine troisième vague en Afrique.

À Johannesburg, beaucoup ont continué à déblayer, nettoyer les gravats. Mais les dégâts sont considérables et peu de commerçants étaient assurés.

AFP/VNA/CVN

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