VIH/sida : les risques de diffusion toujours présents

Vingt ans déjà depuis la découverte du premier séropositif vietnamien... Bien que le taux de personnes touchées par le VIH demeure inférieur à 0,3% de la population nationale, celles-ci subissent toujours des discriminations. La mission de limiter la diffusion du sida exige d'importants efforts de la part de l'ensemble de la société. Echange avec le Docteur Nguyên Thanh Long, directeur du Département de prévention et de lutte contre le VIH/sida, à l'occasion de la Journée modiale contre le VIH/sida (1er décembre).

* Quelle situation pouvez-vous dresser quant à l'évolution au Vietnam du VIH/sida ?

Le premier cas a été découvert à Hô Chi Minh-Ville en décembre 1990, et depuis, le virus s'est largement diffusé. Selon les statistiques de fin septembre 2010, le pays recense 180.312 porteurs du VIH, dont 42.339 actifs, c'est-à-dire atteints du sida, et ceux qui en sont décédés s'élèvent à 48.368 personnes. Ils sont malheureusement trop nombreux, même si le taux de contamination, estimé actuellement à 0,28% de la population nationale, est inférieur à la barre des 0,3% fixée par la Stratégie nationale de prévention et de lutte contre le VIH/sida pour fin 2010, le pays étant effectivement parvenu à maîtriser la diffusion du virus.

Une maîtrise difficile car les facteurs de progression du VIH est particulièrement complexe, et à présent, la totalité des provinces et villes recensent des séropositifs, ou plus précisément 97,8% des districts et 74% des communes. En 2010, la contamination par le VIH a tendance à augmenter, et surtout présenter de nouvelles caractéristiques. Si au début, la majorité des contaminations concernait des hommes, ces derniers temps, 30% des nouveaux séropositifs sont des femmes. De même au niveau des causes, la contamination par transmission sanguine demeure élevée en 2010 avec 49% des cas, tandis que celle par voie sexuelle a augmenté année sur année, de 12% en 2004 à 27% en 2008 puis à 38% en 2010... Et dans les provinces du Centre et du Nam Bô occidental, ce dernier taux atteint entre 50% et 70%.

* Que sont pour vous les plus grands défis dans la prévention et la lutte contre le VIH/sida ?

Même si les résultats sont encourageants, d'importants problèmes demeurent... Certaines localités ne facilitent pas suffisamment les interventions propres à la prévention des contaminations telles que, par exemple, la distribution de seringues et de préservatifs.

Autre grand problème, cette fois sur le plan social : vingt ans après le premier porteur, les séropositifs subissent toujours des discriminations. Les enfants sont refusés par les écoles, certains séropositifs sont abandonnés par leur famille et/ou leur communauté.

La prévention de la contamination chez les hommes homosexuels ne répond pas aux critères en la matière, et l'accès aux antirétroviraux (ARV) ainsi qu'aux soins dans les centres d'éducation ou de travail social et dans les prisons demeure limité.

Par ailleurs, le personnel - médical comme social - spécialisé dans la lutte contre le VIH est trop modeste, ce qui limite la généralisation des modèles de lutte dans les localités. Les programmes de prévention ne comprennent pas assez de conditions privilégiées pour encourager et retenir des fonctionnaires de qualité.

* Alors quelles actions à mener en ce domaine ?

Nous poursuivrons notre fort engagement politique afin d'encourager la modification des comportements, ce qui implique d'informer et de sensibiliser davantage la population sur ce virus. Il s'agit de facteurs essentiels, non seulement pour limiter la diffusion du VIH, mais aussi pour supprimer toute discrimination des séropositifs et des malades. Nous continuerons bien sûr d'améliorer l'accès aux traitements par ARV et celui aux soins médicaux, ce qui suppose également de développer les cures de désintoxication par la méthadone dans les prisons, les centres de réhabilitation ainsi que dans l'ensemble de la société. Enfin, point non moins important, nous élaborerons une stratégie de développement des ressources humaines permettant d'encourager les professionnels et de former du personnel supplémentaire, ce à tous niveaux. Les capacités de prévention comme de lutte seront renforcées dans les provinces, sans oublier l'augmentation du budget local en la matière. La coopération internationale dans la lutte contre le VIH/sida sera accélérée.

Thê Linh/CVN

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