L'ambassadeur d’Algérie à Hanoi, Chérif Chikhi. Photo : ADA/CVN |
L’Algérie et le Vietnam célébreront, le 28 octobre 2012, le 50e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre les deux pays. Au cours de ce demi-siècle, les relations bilatérales ont connu un développement soutenu et continuellement sous tendu par l’amitié indéfectible tissée durant les périodes âpres des guerres d’indépendance. Nos deux pays ont, chacun de son côté, reconquit la souveraineté par les armes et au prix de lourds sacrifices. Ce destin commun avait tôt attisé un rapprochement étroit entre militants Algériens et Vietnamiens.
Ces souvenirs indélébiles ressuscitent, à différentes occasions, en particulier lors des rencontres entre dirigeants Algériens et Vietnamiens assurément nombreuses depuis 1962. Tel a été le cas, par exemple, lors de la visite à Hanoi, du président Abdelaziz Bouteflika en l’an 2000 et de celle, effectuée à Alger, en 2010, par le chef d’État vietnamien à l’époque, Nguyên Minh Triêt.
Il existe dans nos deux capitales des symboles qui reflètent l’amitié et la solidarité entre nos deux pays et nos deux peuples. On relève, ainsi, dans la banlieue d’Alger une avenue qui porte le nom du Président Hô Chi Minh. À Hanoi, on trouve une école, construite avec un financement algérien, qui arbore les noms de nos deux États.
En outre, l’institution, depuis longtemps, d’Associations d’amitié, des deux côtés, est une autre illustration de notre volonté commune de pérenniser nos liens historiques et de promouvoir constamment notre coopération économique.
Visites des dirigeants des deux pays
L’Algérie et le Vietnam œuvrent, perpétuellement, au renforcement des relations de coopération bilatérale dans le but de les hisser au niveau des liens politiques et toujours au bénéfice mutuel de nos deux peuples. Un cadre juridique riche et varié a été mis en place depuis l’établissement de nos relations diplomatiques. Au cours seulement de la visite du président Nguyên Minh Triêt à Alger, huit accords ont été signés. Deux autres seront conclus à l’occasion de la réunion de la 9e session de la Commission mixte tenue, également dans la même capitale, Alger, en février 2011, et un autre à l’occasion de la visite à Hanoi du ministre algérien de la Poste et des Technologies de l’information et de la Communication en septembre 2011.
Un aperçu du littoral algérien. |
Au cours des dernières années, plusieurs réunions ont regroupé des ministres algériens et vietnamiens qui ont examiné l’évolution d’activités bilatérales et convenu du lancement de projets de coopération et d’échange d’expériences dans divers secteurs, tels l’agriculture, la construction, l’industrie, l’énergie et l’aquaculture. Nos relations commerciales restent relativement modestes, mais nos deux pays disposent de ressources importantes et susceptibles d’accroître nos échanges. Ce constat a, du reste, été relevé lors de la visioconférence d’affaires Algérie-Vietnam tenue le 26 juin 2012, à l’initiative du ministère vietnamien du Commerce et de l’Industrie.
À cette occasion, j’avais souligné que nos deux pays recelaient de potentiels économiques considérables qui pourraient être judicieusement exploités pour la mise en place de partenariats féconds. J’avais aussi rappelé que la Sonatrach et Petrovietnam avaient ouvert la voie dans ce cadre. Ces deux grandes compagnies sont liées, depuis 2002, par un contrat d’exploration, d’exploitation et de production de pétrole dans la région de Tindouf, au Sud de l’Algérie. Elles se sont, aussi, associées dans le cadre d’un contrat de type EPC (Engineering, Procurement and Construction) portant sur l’installation de raffineries de pétrole, de pipe-lines d’expédition de pétrole et de gaz ainsi que d’une base industrielle à Touggourt, conclu avec le consortium japonais JGC Corporation en août 2011.
On notera que Sonatrach est la plus grande compagnie d’hydrocarbures en Afrique et la 12e dans le monde. En outre, elle figure au 5e rang mondial des compagnies exportatrices de gaz naturel et au 4e et 3e rangs pour ce qui concerne, respectivement, le gaz naturel liquéfié (GNL) et la gaz de pétrole liquéfié (GPL). Elle opère, aussi, dans différentes parties de la planète.
Réalisations remarquables de l’Algérie
L’Algérie et le Vietnam sont, en outre, engagés, chacun de leur côté, dans des programmes de développement importants. Pour ce qui concerne mon pays, je rappelle qu’il a mis en œuvre un plan quinquennal 2010-2014 doté d’un financement remarquable (286 milliards de dollars américains). Le renforcement des capacités de développement national est un des principaux objectifs de ce programme.
S’agissant des tendances macro-économiques algériennes, elles se révèlent toujours positives de l’avis même des institutions multilatérales comme le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale et en dépit de la crise économique et financière mondiale. Ainsi, l’Algérie dispose de réserves de change qui excéderont 205 milliards de dollars en 2012, selon le FMI. Ce montant place l’Algérie au premier rang en Afrique.
La croissance du PIB hors hydrocarbures a atteint une moyenne de 6%. L’inflation a, certes, connu une augmentation cette année, mais le projet de loi de finances pour 2013 prévoit sa maîtrise autour de 4%. L’excédent commercial s’est élevé à 27 milliards de dollars en 2011, en hausse de 62,4% par rapport à 2010. Cette tendance haussière a été maintenue durant les huit premiers mois de 2012, avec un excédent de 19,7 milliards de dollars soit 4,6 milliards de dollars de plus que pendant la même période en 2011.
Le chômage est en tendance dégressive, passant de 30% en 1999 à 10% aujourd’hui, mais il demeure une question à laquelle le gouvernement est toujours attentif. Ainsi, les efforts sont toujours en cours pour la création de trois millions d’emplois entre 2010 et 2014.
L’Algérie a, récemment, décidé de participer à l’emprunt lancé par le FMI avec l’achat de cinq milliards de dollars américains de titres libellés en droits de tirages spéciaux (DTS). Elle contribue, de ce fait, aux efforts consentis par la communauté internationale pour endiguer l’impact de la crise économique et financière mondiale. La directrice générale du FMI, Mme Christine Lagarde, a salué cette décision.
J’ai eu à observer, lors d’autres rencontres avec les médias vietnamiens, que l’Algérie est consciente de la gravité de la crise mondiale et demeure, de ce fait, attentive à tous les développements économiques et financiers au niveau international.
L’Algérie est connue pour être un pays grand producteur d’hydrocarbures. Son gaz est, notamment, exporté à travers deux pipe-lines, le premier vers l’Italie et le second vers le Portugal et l’Espagne, tous deux passant par la mer méditerranée. Quant au gaz naturel liquéfié (GNL), il est exporté essentiellement aux États-Unis d’Amérique. Le brut algérien est d’une qualité recherchée car léger et jouissant d’une faible teneur en souffre. Il est vendu, surtout, à des pays d’Europe, compte tenu de la proximité géographique de ce continent (le Sud de l’Espagne est à 200 km à peine des côtes algériennes).
Vietnam et Algérie ont de larges potentiels de coopération dans le secteur pétrolier. |
L’Algérie œuvre, cependant, à la diversification de son économie. Il s’agit là, du reste, d’un autre objectif fondamental du plan quinquennal que j’ai précédemment évoqué.
Le développement d’infrastructures modernes est aussi une des priorités de notre développement. L’autoroute Est-Ouest qui s’étale de notre frontière avec la Tunisie à notre frontière avec le Maroc, le long de la mer méditerranée, sur une distance supérieure à 1.200 km sera bientôt achevée. Je rappelle que des travailleurs vietnamiens exercent au niveau de certains chantiers relevant de cet ouvrage gigantesque. En outre, notre capitale est l’une des très rares en Afrique à être dotée d’un métro et d’un tramway. Une autre ville à l’Ouest du pays, Oran, bénéficiera également d’un métro dans un proche avenir.
On notera que les réalisations dans ce domaine ont toujours été importantes eu égard à la superficie de l’Algérie qui est le plus grand pays de notre continent. Une route appelée transsaharienne reliant le Nord et le Sud de l’Algérie (près de 3.000 km) existe depuis plusieurs années. Elle fait, aussi, partie du réseau routier prévu pour relier les pays africains entre eux.
J’ai évoqué des richesses algériennes mais il convient aussi de noter que les dépenses de l’État sont considérables non seulement en raison de l’importance des activités économiques mais également des transferts sociaux. En Algérie, faut-il le rappeler, l’enseignement est totalement gratuit du cycle primaire aux études universitaires et post universitaires. Mieux, les étudiants perçoivent des bourses d’études. En outre, la médecine est gratuite dans les hôpitaux publics et des aides à certaines catégories de la population sont octroyées dans le cadre de programmes divers, comme l’accès au logement.
Renforcement du processus démocratique
On peut aisément imaginer l’importance des dépenses de l’État surtout lorsqu’on sait que les Algériens scolarisés représentent prés du quart de la population totale.
Au plan politique, l’Algérie œuvre constamment au renforcement du processus démocratique. J’ai eu l’occasion de rappeler qu’après les élections législatives du 10 mai dernier, le Parlement algérien compte parmi les premiers au monde qui ont le plus grand nombre de femmes députées. L’évocation de cette institution parlementaire algérienne éveille en moi les relations entre nos deux Assemblées nationales. Le président de l’Assemblée populaire nationale algérienne est venu au Vietnam en février 2010. Ces relations ont, en outre, connu un autre développement, en 2011, avec la création du Groupe d’amitié Vietnam-Algérie au sein du Parlement vietnamien.
Un autre évènement est attendu en Algérie le 29 novembre prochain. Il s’agit des élections locales, c’est-à-dire du renouvellement, par les urnes, des Assemblées populaires communales et de Wilaya (Départements).
Pour conclure, je souligne que la commémoration du 50e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre nos deux pays intervient aussi l’Année de célébration du cinquantenaire de l’indépendance de l’Algérie.
Chérif Chikhi,
Ambassadeur d’Algérie à Hanoi