La valorisation rationnelle du dông vietnamien par rapport au dollar américain apporterait des effets positifs en comparaison à la dévaluation de la monnaie locale dans l'actuel contexte.
Si la monnaie locale subissait un fort rehaussement de sa valeur, les besoins en devises seraient renforcés et les pressions sur la dévaluation du dông vietnamien seraient de plus en plus importantes. Cela dit, une hausse modérée contribuerait à intensifier les investissements à l'étranger des entreprises vietnamiennes, et à aider les entreprises à augmenter leurs biens calculés en dông vietnamien. L'élévation du dông serait une réponse adaptée aux politiques de limitation de la dollarisation, qui est considérée comme une cause de la faible efficacité des outils financiers et monétaires.
Par ailleurs, le rehaussement de la valeur de la monnaie locale permettrait de pratiquer la directive visant à utiliser uniquement le dông vietnamien sur le territoire du pays. Sur le plan des exportations, une fois que le dông vietnamien est réévalué, le prix d'importation des marchandises étrangères au Vietnam baissera. D'où une baisse considérable de la dette extérieure, contribuant à soulager le budget d'État et les contributions des habitants. Une élévation bien calculée et rationnelle de la valeur de la monnaie nationale ne créerait pas d'ondes de choc en comparaison à une dévaluation.
Pourtant, cette opération ne pourra se faire que si le gouvernement garantit un fonds de devises suffisant pour intervenir en cas de nécessité. Elle nécessite également un mécanisme de management adéquat pour maintenir le taux de change à l'ampleur fixée selon le délai prévu. En effet, le gouvernement a commencé à pratiquer une politique d'élévation de la valeur de la monnaie nationale via le lancement de l'enveloppe de stimulation économique en avril dernier, d'une valeur de 8 milliards de dollars. Cette enveloppe a permis de limiter les effets négatifs du ralentissement économique national et de créer une base stable pour le dông vietnamien par rapport aux autres devises.
À quelle hauteur devrait-on revaloriser le dông ? Si le taux "réel" de change entre le dông vietnamien et le dollar américain était de 22.000 dôngs le dollar, le taux "officiellement affiché" se maintiendrait à 18.500 dôngs le dollar. Ce qui constituerait une valorisation rationnelle du dông par rapport au billet vert. Ainsi, un surplus de demandes en devises apparaîtrait, d'où l'utilisation d'une réserve importante de ces devises pour régulariser. En effet, le Vietnam possède environ 20 milliards de dollars de réserves, selon les estimations du Fonds monétaire international (FMI).
La valorisation du dông sera faisable si le pays utilise efficacement les diverses sources de capitaux : fonds envoyés par les Vietnamiens d'outre-mer, investissement direct étranger, aide publique au développement... Sans oublier les échanges commerciaux bilatéraux avec les partenaires étrangers. Par exemple, pour les débouchés, traditionnels et stables comme États-Unis, Union européenne et Japon, le maintien d'un taux de change faible est encouragé pour exploiter au maximum les atouts que représente la main-d'œuvre bon marché et profiter des expériences étrangères dans la gestion. Pour les nouveaux créneaux dont l'Afrique, l'augmentation du taux de change est suggérée comme une solution pour pénétrer et élargir le champ d'action au sein de ces marchés.
En annonçant le taux de change officiel, la Banque d'État devrait mettre l'accent sur la valorisation du dông vietnamien. Ce taux directeur est appelé à orienter le marché parallèle. Selon la Banque d'État, la balance entre l'offre et la demande en devises sur le marché s'est graduellement équilibrée. Depuis la fin du mois de mars, le marché des devises, pour l'essentiel le dollar américain, se réchauffe. Les banques affichent toujours un taux de change au plafond autorisé, dont le prix d'achat est égal à celui de vente. Le taux des prêts en dollar a ainsi baissé de 0,3-0,5%, oscillant actuellement entre 4% et 6% par an. Tout cela contribue à augmenter la compétitivité des exportations vietnamiennes, à maîtriser les excédents d'importation, à attirer l'investissement direct étranger, à stabiliser la balance de paiement international, tout en gérant mieux la dette extérieure.
Ngân Huong/CVN