* Docteur Dang Hùng Vo, ancien vice-ministre des Ressources naturelles et de l'Environnement
De nombreux foyers paysans peuvent se regrouper pour créer par eux-mêmes une coopérative. Celle-ci est fondée volontairement et non obligatoirement. Ainsi, les parcelles de terres agricoles des membres des coopératives, auparavant isolées, seront désormais reliées pour former des fermes dont les propriétaires partageront ensemble les bénéfices. Dans un village ou une commune du milieu rural, les fermes peuvent se créer selon une lignée familiale, des Nguyên, des Lê ou des Trinh, etc. Outre l'intérêt économique, les propriétaires issus d'une même lignée familiale peuvent facilement s'entraider en cas de difficultés.
Les fermes devraient être gérées selon des méthodes industrielles. Une ferme serait considérée comme une unité économique dans laquelle la production agricole serait combinée avec l'industrie de transformation. Les fermes peuvent exporter directement des produits agricoles. La distribution des produits agricoles n'aurait pas recours uniquement aux intermédiaires (commerçants en gros) mais pourrait se faire directement par les associations de fermiers qui seront créées, ce qui poussera le développement des fermes.
* Nguyên Quôc Cuong, président de l'Association vietnamienne des paysans
On peut introduire le tourisme écologique parmi les activités possibles des fermes. Plusieurs vergers à Hô Chi Minh-Ville ont réussi avec ce modèle. À remarquer que le tourisme écologique ne sera qu'une activité secondaire, l'objectif principal sera toujours la production agricole. Pour rassembler les terres agricoles afin qu'elles atteignent une superficie plus vaste, sans avoir à les transférer ou les mettre en location, les paysans peuvent utiliser leurs terres sous forme d'un apport de fonds. Par exemple, chaque paysan, propriétaire de 3 ou 4 parcelles, cherchera à se mettre en partenariat avec les autres pour former une ferme. Les bénéfices rapportés seront partagés entre eux. Néanmoins, les propriétaires de fermes devront connaître la production, les techniques culturales et d'écoulement des produits, et devront être de bons gestionnaires. Sinon les fermes risqueront de subir des pertes. Donc, la formation professionnelle pour les paysans, d'après moi, s'avère très nécessaire. Elle devra se faire de manière efficace tout en évitant les activités formelles.
* Nguyên Công Tan, ancien vice-Premier ministre
À mon avis, les paysans vietnamiens devront être bien formés. Les Pays-Bas, qui ont une superficie et une population équivalentes à celles de notre delta du Mékong, possèdent néanmoins une agriculture à la tête du monde avec les fermes d'une superficie moyenne chacune de 10 ha. Le facteur décisif de leur réussite, c'est qu'ils ont un contingent de paysans qualifiés. Leurs agriculteurs sont compétents et possèdent des connaissances tant en agriculture que sur le commerce. Ils apprennent leur métier dès l'enseignement général et suivent ensuite des formations universitaires. Ils bénéficient d'une éducation profonde sur la culture maraîchère, la floriculture, la culture des céréales et, en même temps, acquièrent des connaissances sur l'administration, le management au service de la gestion des fermes et le commerce ultérieur. En outre, les Pays-Bas ont une infrastructure moderne pour l'agriculture qui est tout à fait compétitive sans subventions étatiques. L'État ne joue que le rôle d'investisseur dans les infrastructures de l'hydraulique, de la communication, etc.
* La Van Ly, chef du Département de l'économie coopérative et du développement rural (ministère de l'Agriculture et du Développement rural)
La réglementation sur la durée d'utilisation des terres arables, jugée trop courte (au maximum de 20 ans pour les cultures), décourage parfois les agriculteurs à investir ou à développer une production à long terme. De plus, l'actuelle politique de limitation des superficies maximales des terres agricoles (4 ha dans le delta du fleuve Rouge et 6 ha dans celui du Mékong pour une exploitation agricole) ne favorise pas encore le rassemblement des terres pour développer l'économie fermière et une agriculture moderne.
* Vu Quang Canh, chef adjoint chargé des activités des coopératives et du développement rural (Service de l'agriculture et du développement rural de la province d'An Giang)
Il faudrait porter à 5 ha la limitation des superficies maximales des terres agricoles et ou celles consacrées à l'aquaculture, pour encourager les paysans à développer la production fermière. En outre, l'État devrait décerner le droit d'utilisation des terres à long terme aux agriculteurs, sans limite de durée d'utilisation, pour rassurer les paysans dans la production. Cette année, de nombreux paysans dans la province d'An Giang (delta du Mékong) rencontrent des difficultés pour crédits bancaires, car leur certificat de droit à l'utilisation des terres agricoles, d'une durée de 20 ans, est arrivé à échéance. Une autre question, il faudrait également augmenter les indemnisations des paysans qui ont eu plus que 30% de leurs terres expropriéés pour les projets d'investissement.
Linh Thao/CVN